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Levinas et le jeu des langues. La Russie à Auteuil

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Année 2002 100-1-2 pp. 65-79
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Lévinas et le jeu des langues

La Russie à Auteuil

Comme tous les grands philosophes, Emmanuel Lévinas est écrivain tout autant que penseur, en ce sens qu'il possède un langage bien à lui et qu'il est créateur d'un style. De même qu'un écrivain ou un poète digne de ce nom nous révèle un monde créé par son langage, irréductible à son sujet, et nous ouvre des perspectives jusqu'alors inconnues, de même, à mesure qu'il poursuit sa quête du sens, E. Lévinas nous fait découvrir des horizons étrangers, une langue irréductible à sa thèse, qui prend forme à mesure que la pensée s'articule. On dirait que ce passage de Merleau-Ponty a été écrit exprès pour lui: «L'homme qui écrit ne se contente pas de continuer la langue (...). Il détruit, si l'on veut, la langue commune, mais en la réalisant. La langue donnée, qui le pénètre de part en part et dessine déjà une figure générale de ses pensées les plus secrètes, n'est pas devant lui comme une ennemie, elle est tout entière prête pour convertir en acquisition tout ce que lui, écrivain, signifie de nouveau. C'est comme si elle avait été faite pour lui, et lui pour elle, comme si la tâche de parler à laquelle il a été voué en apprenant la langue était lui-même à plus juste titre que le battement de son cœur, comme si la langue instituée appelait à l'existence, avec lui, l'un de ses possibles.»1

En parlant d'un «Lévinas russe», je n'ai pas l'intention d'évoquer ses origines pour rappeler le bien connu: l'importance primordiale, dans la vie de chacun, du pays natal, de l'enfance et de l'éducation reçue. Pour en résumer la portée dans le cas présent, il suffira de souligner que, sa vie durant, il incarna ce qu'on appelle «l'intelligentsia» russe. Cette «couche sociale», comme on dit, ou plutôt ce phénomène, est unique au monde car il relève de l'évolution particulière de la société russe au xixe siècle et n'existe, depuis cette époque et jusqu'à nos jours, qu'en Russie. Le mot «intelligentsia» désigne un ensemble de traits caractéristiques infiniment plus riche que ce qu'on entend par les «intellectuels» de

Merleau-Ponty, Signes, Gallimard, 1960, p. 99.

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