PAUSANIAS ET L’ASCLÉPIEION D’ARGOS
Mes propositions des CRAI (1985), p. 172-174, sur l’itinéraire argien de Pausanias, ont provoqué, BCH 110, p. 764, une note signée d’A. Pariente, M. Piérart et J. -P. Thalmann, mais rédigée par M. Piérart, qui rejette l’ensemble sans discussion. Ce rappel à l’orthodoxie, non dépourvu d’humour («bien que nous manquions de preuves, nous serions enclins à penser que... »), mais dépourvu d’arguments nouveaux, n’appelle donc pas le dialogue. Il nous servira en revanche de prétexte à une nouvelle et rapide mise au point sur les derniers progrès de l’interprétation du «bâtiment A » et sur les conséquences qu’ils entraînent quant à la lecture de Pausanias.
1 . — Pausanias entre l'Aphrodision et le centre de l'agora : l'état des hypothèses.
J’avais proposé de reconnaître dans les thermes A un Sérapieion-Asclépieion de ± 100 de n.è., devenu avant le milieu du IIe s., un simple Asclépieion et je me préoccupais de déterminer si cette hypothèse était compatible avec la partie du texte de Pausanias (II, 21, 1-4) concernant cette zone. Le point de départ du Périégète, l’Aphrodision, est connu (F. Croissant, BCH 97, p. 485-489). Le point d’arrivée, quel que soit l’édifice que l’on reconnaît comme mémorial de Pyrrhus, l’est également : c’est le centre de l’agora. Entre les deux, outre quelques tombeaux, Pausanias signale : un temple d’Asclépios, un sanctuaire d’Artémis, un lieu dénommé Delta et un sanc¬ tuaire d’Athéna Salpinx. Il est donc naturel de considérer que cet auteur est descendu de l’Aphrodision vers l’angle N.-O. de l’agora, devant lequel s’érige notre Asclépieion (fig. 1, trajet I).
En faveur du trajet vers l’angle S.-E., M. Piérart et J. -P. Thalmann, BCH 102, p. 789-790, n. 3, arguaient 1) de la découverte, au S. de l’agora, d’une inscription mentionnant Pallas ; 2) de l’angle formé par deux voies antiques, bordées l’une d’une exèdre (n° 5), l’autre de murs de terrasse (dont le n° 2) et du portique méridional de l’agora (non encore reporté sur les plans), le tout suggérant l’existence, au S. de l’agora, d’un espace triangulaire, identifiable comme le «Delta ». C’était, avant la localisation probable de l’Asclépieion, une hypothèse plausible, encore qu’elle ne précisât point quel serait le troisième côté du triangle et qu’elle négligeât d’autres indices.
A l’argument reposant sur l’inscription de Pallas, j’objectais en effet la présence, au N.-O. de l’agora : d’un ex-voto à Asclépios, d’une statue artémisiaque et d’une statue d’Athéna, soit trois éléments répondant aux trois sanctuaires indiqués par
