64 PAUL BERNARD

LES DEUX PILIERS SCULPTÉS DE LA PORTE DE ZEUS ET D'HÉRA A THASOS

(Planches I à III)

La récente publication par Mr Gh. Picard du fascicule VIII des Études Thasiennes, Les Portes sculptées à images divines, a été pour lui l'occasion de reprendre l'étude du pilier sculpté qui sert de parastade à l'une des entrées occidentales de la ville, celle qu'en raison du relief figuré sur ce pilier on appelle traditionnellement la « porte de Zeus » (op. cit., p. 149-176). Vu pour la première fois en 1864 par E. Miller (1), ce relief très mutilé — un personnage tenant un sceptre assis près d'une figure féminine ailée debout et qui s'apprête à s'éloigner — avait fait l'objet, en 1900, d'une étude de Gustave Mendel, qui proposait d'y reconnaître une Déméter trônant, accostée d'une compagne divine, Niké, Iris ou Hébé et datait l'œuvre, à cause de certains archaïsmes, aux alentours de 470 av. J.-G. (2). Lorsqu'en 1911, Mr Gh. Picard inaugura dans l'île de Thasos les fouilles de l'École française, l'un de ses premiers objectifs fut de dégager complètement le pilier que ses prédécesseurs n'avaient vu qu'émergeant à demi du sol et d'explorer l'aménagement architectural de la porte. Dès 1912 il communiquait le résultat de cette enquête et les conclusions auxquelles l'avait conduit l'examen du relief (3)^ Contrairement à G. Mendel, il jugeait de sexe masculin le personnage assis et, grâce à l'aigle juché à l'apex du fronton du naïskos servant de cadre à la scène, l'identifiait comme un Zeus représenté près d'Iris, messagère des Dieux. Il corrigeait également la date proposée par G. Mendel. Interprétant les archaïsmes relevés par ce dernier non plus comme des survivances involontaires de la tradition ancienne dans un style de transition, mais comme les maniérismes concertés d'un artiste plus tardif travaillant dans une manière archaïsante, il fixait la date de l'œuvre à la fin du ve siècle, plus précisément en 411 av. J.-G. lorsque le parti oligarchique à Thasos, rompant avec Athènes, fit remettre en état le rempart de la ville démantelé après le siège victorieux de Gimon en 463. Ces vues furent quasi