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GRANDEUR ET DECADENCE DE LA CONCLUSION THEOLOGIQUE L'histoire des dogmes connaît de nombreux cas d'éclipsés partielles de telle ou telle vérité révélée. Le mot fameux de saint Jérôme, même s'il est quelque peu exagéré, se réfère à l'une de ces périodes d'obscurcissement : «Ingenuit totus orbis, et arianum se esse miratus est». Plus près de nous, l'attitude de grandsDocteurs des XIIe et XIIIesiècles vis-àvis de la doctrine de GImmaculée-Conception de Marie est trop connue pour qu'il soit besoin d'insister. Je pourrais multiplier les exemples, mais il est plus utile d'en tirer la conclusion, en rappelant la parole de l'Ecclésiaste (i, 9) : «Ce qui a été, c'est ce qui sera; ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera». Si la connaissance du passé est une lumière projetée sur le présent et sur l'avenir, si l'histoire est maîtresse de prudence, le théologien ne peut pas ne pas tenir compte de ces éclipses partielles et temporaires de la foi. Il se gardera avec soin de deux excès: il ne sera ni le novateur qui estime qu'on n'a rien compris avant lui, ni le routinier qui considère comme doctrine de foi, ou du moins comme doctrine traditionelle, l'opinion dominante de son temps, ce que «tout-le-monde» dit et répète. La statistique n'a pas encore pris place parmi les nombreuses sciences qui arborent, avec plus ou moins de raison, le titre de «théologiques». Et il faut s'en féliciter, car le jour où les problèmes théologiques seront résolus exclusivement à la majorité des voix, la théologie aura vécu. Que nul ne s'étonne donc si je prends la liberté de signaler ce qui me paraît être une éclipse partielle de la tradition théologique sur un point lourd de conséquences et que deux récentes définitions dogmatiques rendent actuel. Le peu de valeur que l'on reconnaît aujourd'hui à la conclusion théologique dépasse d'ailleurs ces questions d'actualité, car nous sommes ici en présence de l'une des principales manifestations de la décadence de la théologie scolastique. L'argument de raison n'est plus entendu. Il n'agit plus sur l'esprit de nos contemporains. Pour prouver, il faut donner des textes. La théologie spéculative est supplantée par la théologie positive. L'histoire recherchée pour elle-même, comme une fin, 126 La Conclusion Théologique127 envahit tous les domaines du savoir humain, y compris la théologie. C'est à croire que les théologiens ne pourront plus désormais que répéter ce que l'antiquité leur a transmis, sans possibilité de discernement. Si cette attitude n'est pas le scepticisme, elle y conduit directement: «Que sais-je?». Le plus grave c'est qu'elle trouve un appui et une justification dans les théories qui ont cours sur la conclusion théologique, même dans des milieux connus pour leur zèle et leur amour de l'orthodoxie scolastique. Je crois certes à la possibilité du progrès doctrinal, mais encore faut-il que ce progrès se fasse in suo dumtaxat genere, in eodem scilicet dogmate, eodem sensu eademque sententia (Cone. Vat., De Fide; D. B., n° 1800). Pour mieux comprendre l'évolution de la doctrine et éviter de tomber dans les équivoques qui foisonnent en cette matière, rappelons sommairement quelques notions et mettons-nous d'accord sur quelques définitions . Nous verrons ensuite à grands traits les étapes de la décadence de la conclusion théologique et nous en chercherons l'explication dans les lacunes de la théorie scolastique que nous essayerons de justifier et de compléter. I. Notions et définitions Du fait que nous avons besoin de mots soit pour penser, soit pour transmettre notre pensée ou parvenir à la connaissance de la pensée d'autrui, la logique ou art de bien penser, et la sémantique...

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