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Maine de Biran: une anthropologie transcendantale

Published online by Cambridge University Press:  09 June 2010

Roch Bouchard
Affiliation:
Université d' Ottawa

Extract

Maine de Biran passe à raison pour avoir rénové l'empirisme. Mais il semble qu'on n'ait pas toujours aperçu à quelle distance il a porté de son origine la méthode issue de Locke et de Condillac. Nous voudrions montrer ici comment il a pu infléchir la tradition empiriste dans un sens complètement opposé aux doctrines de ses fondateurs, comment il en a pu tirer une anthropologie tout à fait nouvelle, où l'homme n'apparaissait plus comme un élément de la nature, non plus d'ailleurs que de la pensée, mais comme le principe absolu de tout ce qui est susceptible d'exister pour lui. Nous laisserons de côté le problème purement historique qu'a pu poser l'évolution personnelle de l'auteur par rapport à sa propre philosophic, et qui s'est notamment manifesté par l'abandon de la morale stoïcienne dans la dernière période de sa vie, de même que par la conversion tardive à certaines thèses, platoniciennes et substantialistes, sur la nature du moi. Ce qui sera examiné, c'est le biranisme tel qu'il fut, tel qu'il commença de se constituer, aux alentours de 1799, avec le premier Mémoire sur l'habitude.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1973

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References

1 Journal, publié par Henri Gouhier, 3 tomes, Être et Penser, 1954–195 7, 5 mai 1815, I, p. 149.

2 Premier journal, Œuvres, édition Tisserand, Pierre, 14 tomes, Félix Alcan et P.U.F., 19201949, I, p. 59.Google Scholar

3 Ibid., p. 54.

4 Cf. Meditations sur la mart, Œuvres, I, pp. 1–15.

5 Essai sur l'origine des connaissances humaines, Œuvres philosophiques, Corpus général des philosophes français, 3 vols. P.U.F., 19471951, I, p. 4.Google Scholar

6 Traité des sensations, avis important au lecteur, Œuvres philosophiques, I, p. 22.

7 Ibid., I. VII, p. 239.

8 Influence de l'habitude sur la faculté depenser, Œuvres, II, p. 13. « Il n'y a de fait pour nous qu'autant que nous avons le sentiment de notre existence individuelle, et celui de quelque chose, objet ou modification, qui concourt avec cette existence et est distinct ou séparé d'elle. Sans ce sentiment d'existence individuelle que nous appelons en psychologie conscience (conscium sui, compos sui), il n'y a point de fait qu'on puisse dire connu, point de connaissance d'aucune espèce; car un fait n'est rien s'il n'est pas connu, c'est-à-dire s'il n'y a pas un sujet individuel et permanent qui connaît. » (Essai sur les fondements de la psychologie, Œuvres, VIII, p. 15).

9 Note sur l'idée d'existence, Œuvres, XIV, p. 71–72. «Je demande où est ici l'illusion?…Dans le fait du sens intime? Mais si l'illusion est là, où se trouvera la vérité ? Quelle révélation pourra nous apprendre que nous nous trompons en affirmant comme vrai ce que nous sentons savoir : que le moi ou le sujet de la pensée est le sujet identique de l'effort et la cause réelle efficace du movement produit; mais quel fondement aurions-nous pour ajouter plus de confiance à cette révélation (fût-elle divine) qu'à notre propre sentiment même? N'est-ce pas toujours à lui qu'il faut en revenir pour trouver la base de toute croyance, comme la source de toute vérité ? Et de quel droit une hypothèse prétendraitelle démentir ce témoignage intérieur, en s'arrogeant contre lui le titre de vérité? » (De l'aperception immédiate, Vrin, 1963, p. 119Google Scholar).

10 Influence de l'habitude, p. 18.

11 Essai sur les fondements de la psychologie, Œuvres, VIII, p. 218.

12 Ibid., p. 222. « Nous ne pouvons concevoir aucune force…dans les corps, sans leur attribuer ou sans hypothétiser en eux jusqu'à un certain point cette force individuelle et constitutive de notre moi ». (Ibid., p. 220).

13 Ibid., p. 222.

14 Opus cit., IX, p. 626.

15 Ibid., VIII, p. 243.

16 Ibid., p. 250.

17 Ibid., p. 250.

18 Ibid., p. 265.

19 Philosophie et phénoménologie du corps, P.U.F., 1965, p. 52.Google Scholar

20 Aperception immédiate, p. 139.

21 Le concept d'âme a-t-il un sens? Rev. phil. de Louvain, février 1966, fasc. p. 24.Google Scholar

22 Essai sur les fondements de la psychologie, IX, p. 382.

23 Cette thèse a été particulièrement développée par Michel Henry, dans le quatrième chapitre de Philosophie et phénoménologie du corps.

24 Nouveaux essais d'anthropologie, Œuvres, XIV, p. 305–306.

25 Le concept d'âme a-t-il un sens?, p. 27.

26 « Admettez le moindre intervalle ou le plus simple intermédiaire sensible entre un acte de vouloir et son effet, vous dénaturez cet acte, vous détruisez la force même dans son principe ou son mode essentiel de manifestation. » (Nouveaux essais d'anthropologie, p. 354, souligné par nous).

27 «…Descartes, en franchissant brusquement tout l'intervalle qui sépare le fait de l'existence personnelle ou du sentiment du moi et la notion absolue d'une chose pensante, ouvre la porte à tous les doutes sur la nature objective de cette chose, qui n'est pas le moi ». (Essai sur les fondements de la psychologie, VIII, p. 127).

28 « La volonté n'est en effet dans ce système qu'un simple voeu de l'âme pour que le mouvement s'accomplisse, et ce dernier est comme un événement qui lui serait en quelque sorte étranger, et dont elle ne disposerait en aucune manière. » (Ibid., p. 259).

29 Philosophie et phénonménologie du corps, p. 281.

30 Essai sur les fondements de la psychologie, p. 15.