432 J. DE GHELLINCK

XIX.

RÉMINISCENCES DE LA DIALECTIQUE

DE MARIUS VICTORINUS DANS LES CONFLITS THÉOLOGIQUES ■ DU Xl^e ET DU XII™e SIÈCLE.

Les attaques dialectiques contre les croyances chrétiennes *),• dans le genre de celles qui se rencontrent chez Marius Victorinus avant sa conversion 2), ont eus la ! singulière fortune de beaucoup préoccuper les esprits des théologiens. au xie et. au xne siècle. Cet écho tardif, mais prolongé, s'explique, croyons-nous, par les livres scolaires dont s'alimentait à ce moment l'enseignement de la rhétorique et de la dialectique. Il se présente même chez un certain nombre d'auteurs, sous une. forme qui ferait croire à une recrudescence des objections dialectiques et à l'acceptation de leur contenu par les maîtres contemporains. En réalité, il faut plutôt y voir un des effets du trouble produit dans les, esprits par les assertions de ces manuels classiques ; car il serait difficile d'établir que des Magislri scolares aient inventé, ou repris à leur compte, ces attaques déjà anciennes.

Un des livres qui contribuent à les répandre en ces siècles de renouveau littéraire et philosophique — c'est surtout la dialectique qu'on y cultive ; elle est le couronnement du cycle d'études devenu classique sous le nom de Irivium et quadrivium — est le commentaire de Marius Victorinus sur le De Invenlione de Cicéron. C'est là que nous trouvons les attaques syllogistiques contre la naissance virgiy nale du Sauveur et sa résurrection, qui se rencontrent si fréquemment sous la plume des auteurs ecclésiastiques du temps et dont l'influence délétère, au réveil des études dialectiques, se lit à merveille dans les aveux de mélancolie sceptique, et pessimiste du moine Olhlon de Saint-Emmeran.

11; serait téméraire assurément de restreindre aux seuls livres de Victorinus lai provenance et la diffusion de ces objections. Le De Inventione de Cicéron 3) avait déjà l'exemple classique de Yargu-