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Maître Eckhart, Traités et sermons. Traduits par Alain de Libera

[compte-rendu]

Année 1993 90 p. 325
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Page 325

Un vol. 18 x 11 de 550 pp. Paris, Flammarion, 1993.

Alain de Libéra est tombé dans un piège classique. Parti du projet de présenter une version remaniée de la traduction des Traités et Sermons parue chez Aubier-Montaigne en 1942, il s'est aperçu que le texte en allemand moderne qui avait servi de base aux traducteurs de l'époque était déclassé. Il fallut donc tout recommencer. Sa traduction est littérale, comme le veulent les canons actuels, et reproduit jusqu'aux maladresses du Maître, en épouse la lourdeur et la syntaxe difficile. Elle s'accompagne par ailleurs d'un appareil critique fort imposant qui renvoie le lecteur aux auteurs et aux passages des Écritures cités, commentés ou vaguement évoqués par Eckhart. L'introduction du traducteur nous présente une véritable histoire de l'Inquisition au quatorzième siècle qui passionnera même ceux que le mystique rhénan laisse froids. On discute d'ailleurs de l'appellation de mystique. Pour Alain de Libéra, Maître Eckhart est avant tout un «intellectuel allemand du XIVe siècle.» L'anthologie qu'il nous propose privilégie cependant la veine mystique et néo-platonicienne.

Quant à la trop célèbre condamnation des écrits de Maître Eckhart par le pape Jean XXII, Alain de Libéra la considère comme une erreur, car le fond de la doctrine des Sermons est orthodoxe. Ce qui a perdu le grand prédicateur populaire, ce n'est pas tant la doctrine qu'il défendait que son amour des mots qui lui faisait dire des choses recevables dans un vocabulaire qui sème la confusion parmi les simples. Maître Eckhart reconnaît lui-même privilégier systématiquement «le rare et le nouveau» et cela le fait sans cesse jouer sur les mots et avec les paroles.

Pourtant, la langue de Maître Eckhart n'est pas si riche que nos traductions le donnent à penser. Et Alain de Libéra de s'en prendre longuement à Jeanne Ancelet-Hustache pour sa traduction trop riche (Le Seuil, 1971) qui donne cinq locutions françaises différentes pour le même mot allemand.

Thomas De Praetere.