Couverture fascicule

Commentaire: Communauté intergénérationnelle et communauté naturelle

[autre]

Année 1998 96-3 pp. 476-480
doc-ctrl/global/pdfdoc-ctrl/global/pdf
doc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/textdoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/imagedoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-indoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/zoom-outdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/bookmarkdoc-ctrl/global/resetdoc-ctrl/global/reset
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
Page 476

Commentaire: Communauté intergénérationnelle et communauté naturelle

II n'est peut-être pas exagéré de le dire: la question de la protection de l'environnement est en passe de devenir le problème de fond, le nouveau problème de fond de la philosophie, du droit et de l'économie du vingt-et-unième siècle. Paul Valéry avait tiré comme enseignement de la Première Guerre Mondiale que les civilisations étaient bel et bien devenues mortelles. Nous nous rendons compte tous les jours davantage que c'est, aujourd'hui, notre monde lui-même, lieu et condition de toute civilisation, qui l'est devenu. L'effet de serre, les pluies acides, la pollution des océans ne sont plus les sujets à débats pour quelques écologistes marginaux, mais des questions qui concernent un grand nombre de disciplines. Pour le philosophe en particulier, cela signifie rien moins qu'un nouvel objet de recherche et de préoccupation. Socrate fondait la philosophie en posant qu'une vie sans examen de soi ne méritait pas d'être vécue: le souci ou le soin de l'âme caractérisait à la fois le point de départ et le lieu de convergence de toutes les questions philosophiques. Aujourd'hui, il faut bien admettre que ce souci fondateur de la philosophie est lui-même soumis à un principe plus fondamental: le souci du monde qui est au moins la condition d'existence de l'âme ou de l'humanité comme telle.

Pour le dire très schématiquement, les Grecs pensaient que le monde était éternel et qu'était donc pour toujours intacte et intouchable la capacité de la nature à assurer la pérennité des espèces vivantes. Objet de la création et de la sollicitude divines, la Terre nourricière ne pouvait qu'inspirer une confiance aveugle à nos aïeux de l'époque médiévale. Confiance qui persiste jusqu'à la fin de l'époque moderne: la laïcisation ou la naturalisation de l'idée chère à Descartes de création continuée (idée qui n'est en effet elle-même que le point d'arrivée de la conception créationniste que l'on trouve dans le système nominaliste de G. d'Occam, où toute créature est directement l'effet de la causalité divine) qu'est le principe d'inertie pouvait faire croire à l'inaltérabilité essentielle de la nature. Cette confiance de nos ancêtres, nous ne pouvons

doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw
doc-ctrl/page/rotate-ccwdoc-ctrl/page/rotate-ccw doc-ctrl/page/rotate-cwdoc-ctrl/page/rotate-cw