vt LE PHILOSOPHE ET L'INITIATEUR
I. — Le moment
Lorsqu'en 1882, D. Mercier commença d'écrire, le firmament philosophique n'offrait pas l'aspect qu'il présente aujourd'hui. Les constellations de systèmes occupaient d'autres positions. Certaines étaient à peine visibles. Des astres brillants se levaient qui semblaient promettre des feux durables et qui ne furent que météores éphémères. C'était assurément le cas pour Herbert Spencer dont on parle à peine aujourd'hui, et que ses amis eux-mêmes commencent à oublier. Il travaillait alors à cette Synthetic Philosophy qui devait, dans sa pensée, rendre éclatant le triomphe du positivisme, et réduire à l'unité tout le savoir humain suivant le mode de penser positif. Avec quelle impatience D. Mercier, alors professeur à Louvain, attendait la publication du sixième volume, qui parachève l'œuvre, et traite de la morale et de la sociologie ! L'idéal rêvé par Spencer n'était pas fait pour lui déplaire, car lui-même mûrissait patiemment des conceptions d'ensemble sur l'univers et le réel. Mais il avait discerné d'un coup d'œil, ce que la méthode positiviste a d'étroit et d'arbitraire, et compris pourquoi sa vogue ne pouvait avoir de lendemain. Lisez les premières œuvres philosophiques de D. Mercier, et vous verrez quelle place le positivisme occupe dans ses polémiques. Il ne cesse de dénoncer son ambitieuse insuffisance, de montrer que le fait expérimenté