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Jean-Marie Vaysse, Totalité et subjectivité. Spinoza dans l'idéalisme allemand

[compte-rendu]

Année 1995 93-3 pp. 434-435
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434 Comptes rendus

Jean-Marie Vaysse, Totalité et subjectivité. Spinoza dans l'idéalisme allemand (Bibliothèque d'histoire de la philosophie). Un vol. 21x13 de 305 pp. Paris, Vrin, 1994. Prix: 198 FF.

Ce livre vise à élucider le fonctionnement et les enjeux de la pensée de Spinoza à l'intérieur de l'idéalisme allemand, de l'accomplissement de la métaphysique occidentale dans le processus d' absolutisation de la subjectivité moderne.

Nous retiendrons pour leur clarté les chapitres consacrés à Fichte, Schelling et Hegel. Outre ces ténors de l'idéalisme spéculatif, Hôlderlin et les romantiques sont également retenus par l'A.

Loin de conduire à l'athéisme, l'identité spinoziste de Dieu et du monde signifie celle de l'Un et du multiple. Ce qui est concentré en Dieu se développe dans le monde sous la forme du multiple. Tel est l'acquis, nous explique l'A., que livre la pensée de Spinoza en Allemagne à l'aube de l'idéalisme spéculatif. Avec Fichte, l'idéalisme allemand s'est désormais pleinement approprié le spinozisme comme une philosophie à part entière. Elle ne consiste plus en un repoussoir incarnant l'athéisme et la négation de la liberté. «Spinoza est devenu le seul adversaire sérieux de Kant, en particulier, et de l'idéalisme transcendantal en général» (p. 63). Pour Fichte, nous dit l'A., le spinozisme représente le moyen de dépasser les limitations kantiennes, de retrouver l'exigence de l'absolu. Néanmoins, Spinoza transgresse le principe égoïque «Moi=Moi», il faut le combattre pour préserver l'acquis de la philosophie transcendantale: la liberté humaine. Le spinozisme est à rejeter dans la mesure où il nie la conscience pure qu'il réduit à un Dieu qui n'est jamais conscient de soi et dont la conscience empirique n'est plus qu'une modification.

Pour ce qui est de Schelling, l'A. se concentre sur sa philosophie de la nature. Celle-ci est une phénoménologie décrivant les manifestations visibles de l'absolu et posant une production univoque et immanente comme condition de toute science empirique de la nature. La onzième des Leçons sur la méthode des études académiques, explique l'A, distingue deux manières de connaître la nature. La première est philosophique et envisage la nature comme «le côté réal de l'absolu qui est par conséquent lui-même absolu.» La seconde est empirique et considère la nature «pour soi, dans la mesure où elle est séparée de l'idéal et relative». L'empirisme de la physique moderne demeure unilatéral, aux yeux de Schelling, dans la mesure où il procède du péché de la philosophie moderne depuis Descartes, à savoir du dualisme opposant la matière comme corporéité à l'esprit. Et c'est ici que Spinoza intervient. Même s'il ne fait pas droit à la liberté, son mérite est d'avoir surmonté ce dualisme, en faisant de la substance un sujet-objet, même si le sujet y disparaît complètement.

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