Le subside de la Barrière après la guerre

de Succession d'Autriche :

«L'affaire des Quatorze cent mille florins»

Michèle Galand

L'application du traité de la Barrière durant les années qui ont suivi la guerre de Succession d'Autriche a constitué une des préoccupations majeures du gouvernement de Vienne, et ce jusqu'au Renversement des Alliances de 1756. En effet, les difficultés découlant de l'exécution du traité ont perturbé les relations diplomatiques entre l'Autriche et ses alliés dits «naturels», l'Angleterre et les Provinces-Unies. Un des points de divergence s'est cristallisé autour de la suspension, dès 1749, du payement du subside de la Barrière par les Pays-Bas autrichiens aux Hollandais. Cette affaire a naturellement eu des implications politiques et financières dans nos régions.

Les répercussions fâcheuses du système de la Barrière sur la situation financière des Pays-Bas autrichiens sont bien connues. Le déficit permanent des finances publiques durant la première moitié du xvme siècle trouve, pour une bonne part, sa source dans les obligations écrasantes des traités de 1715 C)- Une des clauses imposait à l'Autriche le versement d'un subside annuel de 500 000 patacons, équivalent à 1 400 000 florins, argent courant de Brabant, aux États-Généraux des Provinces-Unies. Un corps de troupes de 30 à 35 000 hommes devait être entretenu, à raison des 3/5 à charge de l'Autriche, dans un cordon de places fortifiées qui devaient servir de «barrière» aux visées expansionnistes de la France. Il était défendu, en outre, aux dirigeants des Pays-Bas de modifier les tarifs douaniers qui réglaient les échanges commerciaux entre ce pays et les Provinces-Unies. Durant la première moitié du xviif siècle, les gouvernements de Vienne et Bruxelles ne purent que se plier à ces conditions jugées humiliantes et remplir tant bien que mal leurs obligations à l'égard des Hollandais (2). Ce n'est qu'après la guerre de Succession d'Autriche que seront prises les premières mesures pour échapper à ces contraintes.