La fin du droit naturel hégélien d'Iéna

selon les comptes rendus de Karl Rosenkranz et de Rudolf Haym

Présentation, traduction et notes

A. Présentation

Les textes dont nous proposons ici la traduction sont tirés, pour le premier et le principal d'entre eux, du livre de K. Rosenkranz, G. W. F. Hegels Leben (Berlin, Duncker und Humblot, 1844), pp. 132-141, pour les deux autres, de l'ouvrage de R. Haym, Hegel und seine Zeit (Berlin, R. Gaertner, 1857), pp. 164 sq. et 414-416 1.

Comme l'a fait remarquer H. Kimmerle2, la biographie de Hegel de K. Rosenkranz contient toute une série de comptes rendus et de citations littérales de manuscrits de Hegel aujourd'hui disparus, de sorte que l'ouvrage de Rosenkranz constitue notre principale source de renseignements à leur sujet. C'est entre autres le cas en ce qui concerne des manuscrits se rapportant aux cours sur le droit naturel professés par Hegel à léna: Rosenkranz qui a eu ces manuscrits sous les yeux fournit un exposé relativement abondant et détaillé de ce qui — selon toute apparence — en formait la partie terminale.

Ce qui, bien entendu, soulève directement une première question : le compte rendu de Rosenkranz constitue-t-il une expression fidèle du texte hégélien et peut-on dès lors le considérer comme ayant la valeur d'une véritable source? Cette question requiert une réponse nuancée.

Il est tout d'abord clair que, sur un point, la présentation par Rosenkranz de notre texte est en défaut : il le caractérise en effet comme formant la conclusion du «système originel de Hegel», système que, d'après lui, Hegel aurait élaboré dès la fin de la période de Francfort en