Un commentaire « averroïste »
anonyme sur le Traité de l'âme d'Aristote
(Paris, Bibl. Nat. laft. 16.609, fol. 41-61)
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I. Introduction
Bien que Paris ait été, au XIIIe siècle, le centre de l'« aver- roîsme », on n'y trouve actuellement que peu de textes averroïstes de cette époque. Cependant, une recherche minutieuse dans les fonds de la Bibliothèque Nationale à Paris nous a permis de relever un nouveau témoignage sur ce courant : il s'agit d'un commentaire averroïste sur le De anima. Malheureusement, il est anonyme. Malgré cette lacune, il mérite une étude parce qu'il enrichit notre connaissance sur les différentes opinions qui se développaient au XIIIe siècle au sein même du courant averroïste. Parmi les traits caractéristiques de ce texte, deux au moins lui confèrent une nouvelle valeur par rapport aux autres œuvres averroïstes connues. Tout d'abord, l'auteur anonyme rédige une partie de son ouvrage sous forme de quaestiones dont les unes défendent des vues averroïstes, alors que les autres soutiennent une doctrine psychologique qui a pour base Yopinio fidei : si les solutions sont opposées, elles concernent cependant les mêmes problèmes. Le second élément d'une importance capitale consiste dans la place d'honneur qu'accorde notre auteur à Jean Philopon ; celui-ci est une des autorités les plus
(*! Nous remercions le P. A. J. Sonet, C. P., professeur au scolasticat de Wezembeek-Oppem (Belgique), qui a bien voulu revoir nos transcriptions du manuscrit.