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Merleau-Ponty et la linguistique de Saussure

Published online by Cambridge University Press:  09 June 2010

Maurice Lagueux
Affiliation:
Université de Montréal

Extract

La linguistique saussurienne paraît avoir exercé, spécialement au cours des années 1951 à 1954, une influence assez considérable sur la pensée de Merleau-Ponty. Un travail de portée plus générale nous ayant amené à mesurer l'importance de la chose pour Pensemble de l'œuvre de ce philosophe, nous allons seulement essayer ici de prećiser un peu le rôle d'une telle influence en nous appuyant sur une analyse de l'interprétation de Saussure par Merleau-Ponty.

Dans la Phénoménologie de la Perception, celui-ci avait déjà consacré un chapitre à l'étude de la parole conçue comme gesticulation ou expression corporelle. Quand, en 1953–54, il abordera le Problème de la Parole, dans un cours au Collège de France, c'est à Saussure lui-même qu'il attribuera des vues assez voisines: “Le cours cherchait à illustrer et é étendre cette notion saussurienne de la parole comme fonction positive et conquérante.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1965

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References

1 Le Problème de la Parole, Annuaire du Collège de France 19541955 (cours de 1953–54), p. 175. (Nous désignerons cet annuaire par le sigle ACF, 54).Google Scholar

2 Le Problème de la Parole, ACF, 54, p. 175.

3 Ibid., p. 175.

4 Éloge de la Philosophie, Gallimard, Paris, 1953, p. 8687Google Scholar. Le souligné est de Merleau-Ponty.

5 Un Inédit de Maurice Merleau-Ponty, publié par Gueroult, M. in Revue de Métaphysique et de Morale, n0 4, 10. 1962, p. 406Google Scholar.

6 Le Langage indirect et les Voix du Silence, Les Temps Modernes, n0 80, juin 1952, pp. 2113 à 2144; n0 81, juillet 1952, pp. 70 à 94; reproduit in Signes, Gallimard, Paris, 1960, pp. 49 à 104 (Nous désignerons Signes par le sigle S)Google Scholar.

7 S, p. 74.

8 S, p. 49.

9 Saussure, F. de., Cours de Linguistique générale, Payot, Paris, éd. 1964; p. 99 (Le souligné est de saussure)Google Scholar.

10 F. de Saussure, op. cit, p. 99.

11 Ibid., p. 159.

12 Cf. les définitions de la p. 99, reprises au par. 2, pp. 158 et ss.

13 ACF, 54, p. 175.

14 F. de Saussure, op. cit., p. 30.

15 Ibid, ch. IV, Linguistique de la Langue et Linguistique de la Parole, pp. 36 à 39.

16 ACF, 54, p. 175.

17 Sur la Phénoménologie du Langage, Communication faite le 13 avril 1951 au premier Colloque International de Phénoménologie, dans Problèmes actuels de la Phénoménologie, pp. 89 à 109, Bruxelles, Desclée de Brouwer, 1952Google Scholar; reproduit in S, pp. 105 à 122.

18 S, p. 107.

19 F. de Saussure, op. cit, p. 139. Est il nécessaire de préciser que nous par- lons de Saussure comme s'il avait lui-même publié l'oeuvre qui résulte, comme on sait, d'un travail de compilation de ses disciples? L'important est que M-P parle de la même ceuvre quand il parle de Saussure.

20 Ibid., p. 155.

21 Ibid., p. 161.

22 C'est le problème posé par les chapitres II et III de la deuxième partie: pp. 144 à 149 et pp. 150 à 154.

23 Ibid., pp. 166–167.

24 Ibid., p. 162.

25 Ibid., p. 162 (Le souligné est d e Saussure).

26 Ibid., p. 164.

27 Ibid., p. 156.

28 Saussure reconnaissait lui-mêne que “c'est dans la parole que se trouve le germe de tous les changements”, mais tant que ceux-ci demeurent individuels (fait de parole); ils doivent d'abordêtre accueillis par la collectivité pour devenir faits de langue et par là intéressants pour le linguiste. Cf. ibid., p. 138.

29 Annuaire du Collège de France, 1953–54 (cours de 53) p. 147.

30 Saussure, F. de., op. cit., Deuxième partie, ch. IV, par. 2Google Scholar.

31 Ibid., par. 3.

32 ACF, 54, p. 175.

33 Ceci, au passage, explique que Merleau-Ponty insiste tant sur ce fait que “la parole (…) est prégnante d'une signification qui est lisible dans la texture même du geste linguistique” (S, p. III) alors que Saussure penché avant tout sur une langue institutée insistait au contraire sur “l'arbitraire du signe” (Saussure, F. de., op. cit., première partie, ch I, par. 2)Google Scholar.

34 ACF, 54, p. 175.

35 Saussure, F. de., op. cit., pp. 25 et 31Google Scholar.

36 Merleau-Ponty s'était intéressé à cette question lors de son passage à la Sorbonne, surtout dans son cours sur L'Acquisition du Langage chez I'Enfant (Bulletin de Psychologic de la Sorbonne, nov. 64, pp. 226 à 259). II y revient à l'occasion du cours de 53–54 pour rapprocher ce processus de celui révélé par Saussure. Dans la parole conçue comme “gesticulation linguistique” on peut suivre en effet une langue qui s'organise, se différencie, se “synchronise”, oserons-nous dire, et qui est sujette à se dédifférencier dans l'aphasie. Aussi Merleau-Ponty remarque-t-il: “Les conceptions de la pathologie nerveuse comme dédifférenciation et la conception saussurienne du signe diacritique se rejoignent et rejoignent les idées de Humboldt sur le langage comme “perspective sur le monde” (ACF, 54, p. 177). c'est done un Saussure adapté à une psychologie plus neuve qui a permis à Merleau-Ponty de fixer ses conceptions sur l'acte d'expression par la parole.

37 Ibid., Saussure, F. de., op. cit., p. 157Google Scholar.

38 S, pp. 49–50.

39 S, p. 50.