Artena, Piano della Civita Une inscription inédite / Eine unveröffentlichte Inschrift

Roger Lambrechts - Helmut Rix

Déplorant que tant de grands musées soient contraints, faute d'espace, de reléguer en caves ou en dépôts «une partie importante, quelquefois la plus grande» de leurs collections, ce qui très souvent condamne celle-ci à une inaccessibilité relative ou totale et donc, à brève échéance, à l'oubli, G. Daux ajoutait en corollaire: «II ne se passe guère d'année sans que l'insatiable curiosité d'un archéologue ou d'un expert ne découvre dans les réserves d'un musée quelque pièce rare... Que de découvertes faites par W. Amelung dans les fonds ignorés du Vatican!» ('). En somme, ceci revient à dire - outrance en moins, nuance en plus - que «c'est dans les musées qu'on fait les meilleures fouilles», paradoxal constat que tout archéologue, au cours de ses recherches, a cependant plus d'une fois eu l'occasion d'expérimenter.

À Artena, il n'y a pas de grand musée. Juste un petit Antiquarium communal, dans la ville basse, qui ne fut inauguré que le 28 juillet 1991. Les collections y sont présentées avec beaucoup de soin et de clarté. Scientifiquement, rien ne donne prise à une critique sérieuse, et la fonction didactique n'a pas été oubliée. Mais le local est minuscule et inconfortable. Il ne dispose d'aucune réserve, quasi tout le matériel est exposé. Ce n'est certes pas là qu'on s'attendrait à trouver encore de l'inédit, à découvrir ou redécouvrir un trésor insoupçonné, un document important, inaperçu ou égaré dans la masse, cantonné à l'écart et promis à l'oubli. Et pourtant, c'est ce qui vient de se produire! Ce petit musée fonctionne à la fois comme vitrine et comme dépôt des recherches archéologiques belges menées dans La Civita d'Artena. Après la fouille, les trouvailles n'y sont cependant pas rangées directement. En bonne méthode, elles sont d'abord enregistrées, décrites et identifiées. Parfois sans doute le sont-elles trop rapidement et superficiellement! Ce fut certainement le cas de la pièce qui retiendra ici notre attention, pour le brin d'inscription dont elle a gardé le souvenir. C'est un de ces pesons utilisés pour étirer les fils de chaîne sur un métier à tisser; il fut exhumé du Piano della Civita en 1980, au cours de la deuxième campagne de la mission belge. Après séchage, il fut nettoyé très — trop! - précautionneusement, car il fallait en ménager la friabilité et éviter d'en développer la fragmentation. Il fut inventorié ensuite après examen sommaire, et classé avec quantité d'autres poids de tisserand, de même type et de même provenance. Ce n'est que bien plus tard, seulement en 1993, que, dégagé, presque naturellement, de la fine gangue terreuse qui y adhérait encore, l'objet révéla,