UNE SOURCE MÉCONNUE :
LA « CHKONIQUE EN BEEP »
DE JEAN D'OUTKEMEUSE
I. — Thèse et antithèse
1. — La thèse : la « Chronique en bref », source du « Myreur »
Sous les coups redoublés de Godefroid Kurth, Jean d'Outremeuse (1338-1400), qui fut longtemps le chroniqueur le plus populaire de Liège, est tombé dans un complet discrédit. Que lui devait-on? Un poème épique : La Geste de Liège. Et l'on ne fonde pas l'histoire sur la poésie. Ensuite : Ly Myreur des Histors. Mais celui-ci perdit son prestige dès qu'il fut possible d'en parcourir les trois livres conservés grâce à l'édition Borgnet-Bormans Q). Selon Godefroid Kurth, le Myreur ne faisait que refléter, — en les déformant, — des sources dont nous disposons encore. Ce qu'ajoutait maître Jean était invention pure ou procédait d'amplifications faciles. Quant au quatrième et dernier livre de cette énorme compilation, il offrait sans doute plus d'intérêt, puisque le « romancier » dut y transcrire les événements de son temps et qu'il ne pouvait, à leur propos, tromper sans contrôle les contemporains. Malheureusement, ce quatrième livre est perdu. Aussi Sylvain Balau crut-il nécessaire de préparer l'édition de la partie correspondante (1341-1400) d'une Chronique en bref attribuée à Jean d'Outremeuse. La mort empêcha Sylvain Balau de publier son travail. Emile Fairon s'en chargea en 1931 (2). Comme Sylvain Balau, il était persuadé que Γ« abrégé »
(1) 7 vol. in-4° publiés par la Commission royale d'Histoire, Bruxelles, 1864-1887.
(2) Chroniques liégeoises, t. II, Bruxelles, 1931. — Quoi qu'en dise M. A. Goosse dans La « Chronique abrégée » de Jean d'Outremeuse, dans Revue belge de Philologie