I

VIII

LE RÉALISME IMMÉDIAT

II semblait naguère qu'une certaine convergence fût sur le point de s'établir, entre esprits partis de tendances et de formations très diverses, dans l'acceptation, à l'entrée de la philosophie, d'une saisie immédiate de la réalité.

Le néo-réalisme américain1) donnait à cette doctrine une expression vigoureuse et simple ; il ne faisait d'ailleurs que marquer l'aboutissement nécessaire d'un mouvement qui se prononçait depuis longtemps dans la philosophie contemporaine. Il n'était pas isolé. Chez les représentants de nuances philosophiques très différentes on retrouvait certaines affirmations essentielles du réalisme.

Etait-ce l'effet de cette ambiance rassurante, les défenseurs de la philosophie traditionnelle accentuaient la note réaliste de leurs thèses. Le P. Gény accueillant les méthodes de la « nouvelle critériologie » , les mettait en harmonie avec l'immédiatisme. Le P. Garrigou-Lagrange faisait écho aux arguments des réalistes américains2). M. Le Rohellec pouvait écrire : « Une constatation intéressante s'impose de plus en plus : les philosophes scolastiques sont près de se mettre d'accord sur un point d'une importance capitale dans le problème de la connaissance et d'affirmer que la perception sensible est immédiate » 3).