Le cercle herméneutique
face à la rationalité du discours philosophique
chez S. Thomas et Hegel
Le propos de cette contribution est de susciter quelques questions concernant la rationalité du discours philosophique, et plus précisément la rationalité du discours sur Dieu. C'est en effet dans le champ d'application d'un discours sur Dieu que nous approcherons la question de la raison chez S. Thomas et Hegel. La question peut s'énoncer en ces termes : pour nous qui vivons sept siècles après S. Thomas et bientôt deux siècles après Hegel, est-il encore possible de reprendre à notre compte soit la problématique thomiste sur Dieu, soit la question hégélienne de l'Absolu? Notre essai consistera à dresser trois apories que rencontre ce projet de relecture et de tâcher ensuite de les dépasser et de les intégrer.
L'énoncé des apories
La première aporie nous vient d'une attention au lieu même de notre questionnement. Avant d'entrer dans les évidentes différences des mondes thomiste et hégélien, il nous faut reconnaître le lieu à partir duquel nous interrogeons notre passé philosophique. Une des premières affirmations auxquelles la lecture herméneutique nous rend sensibles porte en effet sur la distance temporelle qui nous sépare des auteurs du passé. L'horizon sur lequel se découpe notre interrogation ne peut d'emblée coïncider avec l'horizon aussi bien culturel que philosophique du xme siècle ou de l'idéalisme allemand. La reconnaissance de cette distance signifie que ces pensées du passé viennent à nous d'un monde autre que le nôtre, d'un horizon qui s'est estompé en s'ouvrant de proche en proche aux horizons toujours mouvants d'un questionnement sans cesse nouveau et pourtant toujours semblable, un peu comme les paysages qui se succèdent au regard du voyageur présentent une configuration toujours nouvelle des mêmes éléments naturels, vallées, cours d'eau, collines, montagnes. Mais cela ne signifie-t-il pas que