Dieu éclaté

Hans Jonas et les dimensions d'une théologie philosophique après Auschwitz

On connaît la pensée de Hans Jonas essentiellement de par son projet d'une éthique de la responsabilité, développé de façon systématique dans son ouvrage Le Principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique1 . La présente étude entend développer un aspect moins éclatant de la pensée de Jonas, aspect que nous qualifions, pour des raisons essentiellement conventionnelles, de «théologie philosophique». Celle-ci n'est présente, dans l'œuvre de Jonas, que de façon souterraine ou du moins n'apparaît-elle qu'en filigrane et ne devient explicite que relativement tard, c'est-à-dire dans plusieurs publications des années 80. Jonas y revient à trois reprises sur la question de Dieu: une première fois dans une conférence faite en 1984 et publiée sous le titre Der Gottesbegrijf nach Auschwitz2 \ la seconde dans le cadre d'un article assez étendu, publié en 1988, et qui porte le titre Materie, Geist und Schôpfung3, la troisième fois dans une réflexion sur une preuve possible de l'existence de Dieu, publiée en 1990 sous le titre Vergangenheit und Wahrheit. Ein spàter Nachtrag zu den sogenannten Gottesbeweisen4. C'est essentiellement sur les deux premiers de ces articles que nous allons nous concentrer à cause du concept de Dieu qui y est élaboré et qui nous paraît constituer la véritable pointe de la théologie jonasienne.