Un vol. 24 x 16 de 545 pp. Louvain, Peeters, 1995.
La belle thèse de doctorat qui est ici présentée fait admirablement le point sur une problématique très actuelle, qui touche à la fois la théologie et la philosophie morale: y a-t-il une spécificité chrétienne en morale, ou au contraire la loi nouvelle se présente-t-elle comme un éclaircissement de l'ordre éthique le plus général et le plus profond de l'humanité? Faut-il seulement voir une contradiction entre la première approche, qui vise à la particularité chrétienne, et la seconde, qui parie pour une universalité chrétienne de l'agir?
On le sait, pour tout un courant aujourd'hui, issu des indications de H.U. von Balthasar, cette alternative n'a pas de sens du point de vue de Y analogie concrète (universel-particulier incarné) et de la norme concrète de l'histoire qu'est le Christ. Pour entrer dans le sens de cette compréhension très importante de la théologie morale, il faut encore jalonner le terrain: c'est ce que fait ici magistralement E. Gaziaux, qui montre la nature de l'opposition entre les deux courants cités, représentés ici par ces deux grands protagonistes de la morale contemporaine qu'ont été Mgr Ph. Delhaye et le P.J. Fuchs, et la complémentarité ultime des points de vue.
Ph. Delhaye, ainsi que nous le dévoile l'A., n'a pas toujours été ce tenant farouche d'une «morale de la foi», que nous avons connu durant ses dernières années. Au contraire, sa pensée a subi une importante évolution,