Un vol. relié 22 x 14 de 689 pp. Milan, Rusconi, 1987. Prix: 55.000 L.
Voici le fruit imposant d'une entreprise courageuse, menée à bonne fin avec une rigueur scientifique exemplaire. Le Tractatus de natura boni est le premier ouvrage connu d'Albert, qui l'a écrit en Allemagne, en 1236/1237, avant son séjour à Paris. Mais cet écrit est très incomplet: sur les sept parties annoncées, deux seulement nous sont parvenues et il est probable que les autres n'ont jamais été écrites, car la deuxième partie est elle-même incomplète: des quatre vertus «cardinales», seule la tempérance y est traitée. C'est pourquoi Mme T.C. a comblé cette lacune en empruntant l'exposé des trois autres vertus au De bono, rédigé à Paris entre 1240 et 1248. Elle donne la traduction italienne de cet ensemble de textes, qui forment un ample exposé d'éthique fondamentale: le «bien de nature» et sa présence dans l'homme; le «bien de la vertu politique»: définition du bien moral; rôle des circonstances; volontaire et involontaire; les vertus cardinales. Le traité de la tempérance comporte un long développement sur la virginité et, notamment, un petit traité sur la Vierge Marie. Les traités sur la force, la prudence et la justice sont tirés du De bono.
La traduction est précédée d'une introduction: évolution culturelle de S. Augustin au xme s.; psychologie philosophique d'Albert; sa conception de l'ordre moral, fondé sur la vertu; structure des deux écrits sur le bien; continuité doctrinale entre eux; classement des vertus. En conclusion, la doctrine morale d'Albert, au début de sa carrière, se développe dans un climat platonico-augustinien, tout en exploitant l'éthique aristotélicienne. L'idée centrale de la morale d'Albert est l'idée d'ordre: l'âme vertueuse est l'âme droite (recta), c'est-à-dire ordonnée au bien; l'ordre moral prend place dans l'ordre de la nature établi par le Créateur.