L'avenir du thomisme

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En proposant aux penseurs catholiques son programme de restauration du thomisme, Léon XIII donnait une consécration officielle et souveraine au mouvement de retour à saint Thomas qui était né en Italie dès la première moitié du XIXe siècle. Au lendemain de la Révolution française, la pensée catholique souffrait d'une indigence philosophique des plus inquiétantes ; elle n'avait pas grand' chose à opposer aux brillants systèmes de la philosophie moderne, en particulier à tous les courants doctrinaux issus de Kant. Les promoteurs de la renaissance thomiste estimaient que les penseurs chrétiens pouvaient trouver, chez les grands docteurs du XIIIe siècle et en particulier chez saint Thomas d'Aquin, le Prince de la scolastique, les éléments essentiels d'une interprétation philosophique de l'univers répondant aux exigences de la pensée critique. L'encyclique Aeterni Patris, promulguée le 4 août 1879, sanctionne ces vues ; elle est la « grande charte » qui définit la nature et les objectifs du thomisme contemporain.

Ce document pontifical n'a rien perdu de son intérêt, car, au lendemain des deux guerres qui ont si violemment secoué l'humanité tout entière, le désarroi des esprits est certainement beaucoup plus grave encore qu'il ne l'était au siècle passé. Aussi avons- nous besoin, plus que jamais, d'une philosophie solide et vivante ; c'est pourquoi le programme de restauration philosophique proposé par Léon XIII est tout aussi actuel qu'en 1880.

A condition, bien entendu, qu'on en accepte les principes et qu'on les croie féconds. Je suppose ici cette question préalable résolue et mon exposé s'adresse à ceux qui sont gagnés à l'idée de la renaissance thomiste.

L'appel du grand Pape a-t-il été entendu ? 1-e plan qu'il a