Un vol. 21 x 14,5 de 353 pp. Madrid, Universidad nacional de education a distancia, 1987. Prix: 1200 pes.
Les Latins ont connu le grand commentaire d'Averroès au Traité de l'âme vers 1225-1230; mais ils étaient si peu préparés à concevoir l'idée d'une intelligence unique pour toute l'humanité, que, jusque vers 1250, ils n'ont pas lu cette doctrine dans l'œuvre d'Averroès. A partir de 1250, la thèse du monopsychisme devient évidente pour tous et elle est attaquée expressément par Albert le Grand en 1256, par Thomas d'Aquin en 1270; Bonaventure la dénonce chez certains maîtres chrétiens dans ses conférences de 1267 et 1268.
Arabisant de grande classe, le P. Gômez Nogales, S.J., a soutenu depuis longtemps qu'Averroès n'a pas toujours enseigné le monopsychisme; il reconnaissait qu'il existe deux séries de textes apparemment inconciliables et il s'est appliqué à trouver l'explication de ce fait. Il accusait volontiers les traducteurs latins et surtout les averroïstes latins d'avoir mal interprété la pensée du Commentateur, à tel point qu'il termina un de ses articles en ces termes: «En el punto de vista de la unidad del entendimiento humano defendido por los averroistas latinos, Averroes no es averroista» (dans le recueil Multiple Averroes, Paris, 1978, p. 256). Jugement assez arbitraire, puisque le texte arabe du grand commentaire est perdu; il est d'ailleurs invraisemblable que le traducteur latin de cet écrit se soit trompé dans la lecture des longs développements qu'on y trouve sur l'unicité de l'intellect; ajoutons que, dans les cadres de la métaphysique déficiente d'Aristote, l'unicité de