Thèmes de la morale aristotélicienne
A propos du Commentaire des PP. Gauthier et Jolif sur l'Ethique à Nicomaque
Depuis plusieurs années le P. R.-A. Gauthier poursuit inlassablement son étude de la morale d 'Aristote. Après avoir publié en 1958, avec l'aide de son confrère le P. J.-Y. Joiif, la traduction française de YEthique à Nicomaque, précédée d'une introduction, il a publié en 1959 avec le même collaborateur, un commentaire complet du traité en question qui forme deux imposants volumes de la collection a Aristote. Traductions et Etudes » (1). Quelques années auparavant, Fr. Dirlmeier avait publié lui aussi une traduction allemande et un commentaire très fouillé de YEthique à Nicomaque (2) ; simultanément il éditait sa traduction et son commentaire de la Grande Morale (3), ouvrage dont il défendait l'authenticité de fond. Décidément, la morale 'aristotélicienne n'est pas tombée dans l'oubli à notre époque : on y retourne sans cesse, non certes pour y trouver une sorte de vérité définitive, mais pour s'en servir comme d'une source d'inspiration pour la pensée contemporaine. Si l'on revient encore à ce traité fondamental de la réflexion morale, ce n'est pas comme à un document ancien, témoin d'une époque irrévocablement révolue ; contrairement à ce qui se passe dans le domaine des sciences positives, la pensée philosophique ne se développe pas par des découvertes sensationnelles, acquisitions définitives d'un savoir toujours inachevé : le philosophe, lui, revient sans cesse en arrière, il reprend infatigablement les mêmes questions, il retourne toujours aux mêmes problèmes fondamentaux. La morale d 'Aristote est-elle dépassée ? Sans aucun doute, puisque
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Deux vol. 25 X 16,5 de 989 pp. Louvain, Publication* universitaires de Lou- v*in; Paris, Béatrice-Nauwelaerts, 1959.
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Berlin, 1956. C) Berlin, 1958.