Einstein et la Commission internationale de coopération intellectuelle

Danielle Wûnsch (*) (Traduction : Emmanuelle Wiss)

Introduction

C'est en 1921 que fut fondée, dans une Europe ébranlée par la première guerre mondiale, la Société des Nations, la première organisation internationale destinée à encourager la compréhension entre les peuples et à empêcher de nouvelles guerres.

Créer une organisation supranationale comme rempart contre le nationalisme qui s'était exacerbé durant la première guerre mondiale : l'idée n'était pas inconnue en Europe. De nombreux intellectuels, parmi lesquels Léon Bourgeois, Romain Rolland, Albert Einstein, Bertrand Russell et George Bernard Shaw, étaient persuadés de la nécessité d'une telle organisation, qu'ils considéraient comme un moyen essentiel de parvenir à la réconciliation entre les peuples.

Pendant la guerre déjà, en octobre 1914, des pacifistes allemands, réunis dans l'Association pour une nouvelle patrie, le Bund neues Vaterland, avaient édité un tract au titre provocateur : La Création des États-Unis d'Europe.

Pacifiste convaincu, internationaliste et membre du Bund neues Vaterland, Einstein suivit avec grand intérêt la naissance de la Société des Nations. En 1923, il devint membre actif de la Commission internationale de coopération intellectuelle (cici), une organisation créée dans le cadre de la Société des Nations, qui avait pour rôle d'encourager la coopération intellectuelle et le rapprochement culturel des peuples en vue de la « préparation morale à la paix ».

Une analyse attentive de l'activité de cette commission, de ses contenus et des difficultés qu'elle dut affronter en cherchant à réaliser ses objec-

Rev. Hist. ScL. 2004, 57/2, 511-522