Abstract
Résumé C’est dans le tome III de Temps et récit, paru en 1985 que, dans le cadre d’un chapitre intitulé « L’aporétique de la temporalité », Paul Ricœur entre directement en débat avec l’auteur d’ Être et temps. Bien qu’il souligne d’emblée l’originalité proprement phénoménologique de l’analyse heideggérienne du temps qui a le mérite de rompre avec le subjectivisme d’Augustin et de Husserl, il ne l’en soumet pas moins à une critique sévère, centrée sur deux points principaux : le privilège donné à l’être pour la mort, qu’il oppose à l’insouciance spinoziste à l’égard de la mort et au privilège donné à la natalité par Hannah Arendt, et l’aporie inhérente à la conception heideggérienne d’une finitude de la temporalité et d’un concept vulgaire du temps, qui ne permet pas, selon lui, à Heidegger de rendre compte aussi bien du temps historique que du temps de la nature. On s’efforce ici, en prenant appui sur les textes mêmes de Heidegger, de répondre point par point à cette critique.