Abstract
Dans le cadre de la réflexion menée par Jean Gerson (1363-1429) sur l’activité pastorale, le sermon occupe une place fondamentale aux côtés de la confession, place dont témoigne la pratique de prédicateur par laquelle il s’est illustré. Le sermon est investi par Gerson d’un rôle séminal dans l’articulation entre l’orthodoxie et l’orthopraxie, puisque la parole du pasteur est à l’articulation de la généralité de la loi qu’il doit transmettre et de la singularité de l’action qu’il doit réguler. Ce problème du rapport entre le général et le particulier, chez Gerson, est résolu en grande partie, grâce à un détour par la casuistique, entendue comme méthode pour poser un cas et résoudre la question précise qu’il soulève. Par là, le sermon apparaît à bien des égards comme un appel à l’examen de conscience et une préparation à la confession, qui vient compléter à un niveau véritablement individuel, le travail de médiation entre la loi et le cas à l’œuvre dans la prédication. C’est cette mise en œuvre de cette proto-casuistique, illustrée par l’analyse du cycle de sermons français intitulés Poenitemini, qui permet de considérer la pratique du sermon comme une forme d’ ethica utens.