L’examen du « canon des Ecritures », après la consécration de l’expression par Athanase au IVe siècle, révèle d’abord une époque où une certaine fluidité caractérisait la réflexion sur l’extension des Ecritures et sur leurs limites. A partir du IVe siècle, une mutation décisive se produit, à laquelle il faut adjoindre une autre évolution sémantique préparée de longue date à travers l’emploi de diatèkè, traduit en latin par testamentum. Ainsi apparaissent deux temps forts dans l’histoire des Ecritures aux premiers siècles (...) du christianisme. Le premier est celui de l’extension du concept de livre saint à d’autres textes que les écrits hérités du judaïsme ; le second, dans la seconde moitié du IVe siècle, est celui des efforts de délimitation de l’Ancien et du Nouveau Testament, des décisions prises pour trancher les débats, commencés deux siècles plus tôt. L’examen de quelques-uns des problèmes que pose l’extension du canon et qui s’offrent ici à l’historien confirme qu’ils ne sont pas résolus définitivement par les Eglises.An examination of the ³canon of the Scriptures,² after the consecration of Athanasius¹ expression in the 4th century, first of all reveals a period when a certain fluidity characterized reflection on the extension of the Scriptures and their limits. From the 4th century a decisive change came about, to which must be added another semantic evolution, which was prepared for a long time through the use of diatéké, translated in Latin by testamentum. Thus, two important periods in the history of the Scriptures appear in the first centuries of Christianity. In the first there was an extension of the concept of the sacred book to texts other than the inherited writings of Judaism. The second period, in the second half of the 4th century, concerns efforts to demarcate the Old and New Testaments, and decisions taken to settle the debates begun two centuries earlier. The examination of some of these problems about the extension of the canon is offered here to the historian and confirms that they are not definitively resolved by the Churches. (shrink)
The rhetorical and demonstrative function of images and comparisons in Gregory of Nyssa’s De anima et resurrectione is well known. They aim at warranting the faith in resurrection and making it desirable. The prospect of this study is to show that they belong to the progress of the debate such as Gregory has composed it. Their quality changes while the author moves from the philosophical likelihood to the truth of the Scriptures. He opposes one secular image to a biblical one (...) : at the beginning of the dialogue he refuses the comparison which reduces man to a bubble ; in the last part he chooses the solid composition (pukasmos) of the skènopègia (Ps. 117, 27). Other pictures are partly accepted, specially those which are borrowed from the sphere of tekhnè, whereas Macrina dismisses the Platonic myth of the soul’s chariot. Nevertheless, the end of the dialogue becomes pregnant with images derived from the Bible, when Macrina and his brother are discussing resurrection itself. Then by the means of the comparisons which they select, the biblical revelation and the facts of the phusis finally unite. Nature in some way supplants tekhnè, which has been honoured in the first half of the dialogue. (shrink)
Origène réplique point par point aux arguments que Celse avait invoqués pour rejeter la caricature du culte des images composée par la polémique chrétienne. Il taxe les philosophes d’inconséquence. Au-delà du pamphlet de Celse, il pourfend une thèse que l’adversaire n’exploitait pas, mais qui était fortrépandue: le culte des statues et des images des dieux aurait une valeur symbolique. Ce symbolisme est attesté chez Plutarque, Dion Chrysostome, Maxime de Tyr, plus tard chez Porphyre. Sa diversité a pour origine la complexité (...) des propos de Platon sur la manière de représenter les dieux. Origène veut dénoncer comme illusoire la signification attribuée à de tels «symboles». Ses propres réflexions dans le Contre Celse leur opposent une conception du «symbole» qui, tout en insistant sur sa matérialité, sa visibilité, son historicité, le distingue de l’«image» mimétique, pour l’orienter vers autre chose que lui. Cette distinction est peut-être à méditer, aux sources de la doctrine ultérieure de l’icône, dont ce «symbole»-là serait un précurseur. (shrink)
Origène réplique point par point aux arguments que Celse avait invoqués pour rejeter la caricature du culte des images composée par la polémique chrétienne. Il taxe les philosophes d’inconséquence. Au-delà du pamphlet de Celse, il pourfend une thèse que l’adversaire n’exploitait pas, mais qui était fortrépandue: le culte des statues et des images des dieux aurait une valeur symbolique. Ce symbolisme est attesté chez Plutarque, Dion Chrysostome, Maxime de Tyr, plus tard chez Porphyre. Sa diversité a pour origine la complexité (...) des propos de Platon sur la manière de représenter les dieux. Origène veut dénoncer comme illusoire la signification attribuée à de tels «symboles». Ses propres réflexions dans le Contre Celse leur opposent une conception du «symbole» qui, tout en insistant sur sa matérialité, sa visibilité, son historicité, le distingue de l’«image» mimétique, pour l’orienter vers autre chose que lui. Cette distinction est peut-être à méditer, aux sources de la doctrine ultérieure de l’icône, dont ce «symbole»-là serait un précurseur. (shrink)
L’économie des jeux vidéo s’est progressivement développée autour d’une forme canonique qui a culminé dans les années 2000 : la commercialisation de jeux coûteux, dits « AAA », vendus en boîte dans des magasins, et appuyés par de lourdes campagnes de promotion. Ce modèle a non seulement représenté la grande majorité des ventes, mais il a aussi dicté les stratégies industrielles et façonné les mentalités professionnelles des salariés du secteur. Depuis quelques années, ce modèle est désormais en crise, crise sanctionnée (...) par un grave désaveu sur les marchés financiers, et le déplacement du centre de gravité du secteur vers des modèles nouveaux, moins bien maîtrisés, fondés sur les terminaux mobiles et les réseaux.The video games economy developed steadily on traditional lines to reach its peak in the 2000s: games were expensive, boxed and labelled “AAA” and heavily promoted for sale through retail outlets. This model not only supported the vast majority of sales, but also dictated industrial strategies and shaped the professional mentalities of employees in the sector. However, this model began to founder a few years ago, hitting a crisis that was severely sanctioned on the financial markets and shifted the sector’s centre of gravity towards new and less well-tried models based on mobile devices and networks. (shrink)
A method for the recursive identification of physiological models of the cardiovascular baroreflex is proposed and applied to the time-varying analysis of vagal and sympathetic activities. The proposed method was evaluated with data from five newborn lambs, which were acquired during injection of vasodilator and vasoconstrictors and the results show a close match between experimental and simulated signals. The model-based estimation of vagal and sympathetic contributions were consistent with physiological knowledge and the obtained estimators of vagal and sympathetic activities were (...) compared to traditional markers associated with baroreflex sensitivity. High correlations were observed between traditional markers and model-based indices. (shrink)
En 1950, Paul Ricœur publia une imposante Philosophie de la volonté, vite brocardée par la vague structuraliste et les critiques de toute « philosophie de la conscience ». On y trouve notamment une analyse du phénomène de l’hésitation qui contient bien des éléments encore pertinents. Phénomène bien connu, l’hésitation n’a pas été vraiment thématisée en tant que telle, même si, comme le montre Ricœur, l’histoire de la philosophie est susceptible d’aider à le faire. Mais le doute cartésien, par exemple, n’est (...) guère hésitant. Ce chapitre fourmille d’analyses denses mais claires, d’allusions qu’il faut expliciter, de métaphores « vives » très riches, qui permettent de concevoir un sujet se cherchant dans l’hésitation avant de se choisir dans la décision. Il y a là un concept indispensable à toute théorie de l’action.Philosophie de la volonté, a major work published by Ricœur in 1950, was quickly derided by members of the structuralist trend and by those critical of every single « philosophy of consciousness ». The book includes notably an analysis of the phenomenon of hesitation, many elements of which are still relevant. Although a well known phenomenon, hesitation has never been fully analyzed in itself, even though the history of philosophy, as Ricœur shows, might be helpful in such an endeavor. Cartesian doubt, for instance, shows hardly any hesitation. This chapter is replete with dense yet clear discussions, with allusions that require elucidation, and with a wealth of vivid metaphors which help us to envisage a subject in search of himself through hesitation, before choosing himself through decision. Such a concept is indispensable for any theory of action. (shrink)
La tradition sociologique a habituellement considéré la mobilité, qu’elle soit sociale ou spatiale, comme le déplacement entre des positions établies, l’essentiel étant d’analyser le système formé par ces positions. On trouve cependant, dans la sociologie même, les moyens pour élargir cette perspective. Des travaux sur la mobilité sociale, on tire une interrogation sur l’accès aux ressources qui prend en compte diverses formes de mobilité. Simmel développe l’analyse du rôle de la proximité et de la distance dans la construction du social. (...) Des travaux contemporains qui portent sur les déplacements ou sur la télématique s’inscrivent dans la même perspective. Tocqueville introduit la notion d’une mobilité individuelle, notamment spatiale, consommatoire, et qui n’a d’autre objectif qu’elle-même. Ces trois orientations permettent à la sociologie de contribuer à une théorie de la mobilité généralisée, qui croise l’interrogation sur la modernité.Sociological tradition used to consider mobility – whether social or spatial – as a movement from an established position to another, but it put more emphasis on the positions system than on the movement itself. Yet sociology itself provides the means to widen the scope. Studies on social mobility have eventually resulted in the larger problématique of resource acquisition involving various forms of mobility. Simmel developed an in-depth analysis of the influence of presence vs absence in the set up of social relationships, interrelated with current studies dealing with movements and telematics. Earlier Tocqueville had introduced the concept of individual mobility, notably spatial, consumption-focussed, and with a life of its own ; which eventually resulted in the philosophy of self-reference. These three orientations enable sociology to contribute to a theory of generalized mobility intersecting with the questioning on modernity. (shrink)
The present article reviews the concepts of enunciation in Greimas’s and other semioticians’ works; it examines the way in which these latter revisit Benveniste, the reorientations they propose or the aspects they leave aside, such as the distinction between speaker and enunciator (as the source of a point of view in a propositional content composed of a.
S’il est vrai que la réception d’une œuvre en dit autant sur l’œuvre elle-même que sur l’époque qui la reçoit, la réception de l’œuvre de Michel Henry mérite une attention particulière : parce qu’elle se fait, de toute évidence, difficilement, et qu’elle déconcerte, parce qu’elle repose peut-être sur un malentendu, voire une série de malentendus ;...
The Politics of Gilles Deleuze and the Random Materialism of the Late Althusser A cursory reading of the writings of the late Althusser in which the philosopher attempts to devise a « random materialism » might lead us to regard them as the matrix from which a number of post-structuralist conceptions of politics, including that of Gilles Deleuze, have sprung. Our intention in the present article is to demonstrate the partial nature of such a filiation. To do so, the article (...) focuses on the relationship between the late Althusser and the Deleuzean conception of politics. It will thus examine the refusal, common to both philosophers, to elaborate a totalising theory of the political and their concomitant invocation of a principle of contingency. Such an affinity should not however disguise the differences between Althusser and Deleuze with regard to the manner in which the actualisation of such a programme is to be envisaged. (shrink)
This paper is a first attempt to study the problem of aggregation of individual ordinal probabilistic beliefs in an Arrowian framework. We exhibit some properties an aggregation rule must fulfil; in particular we prove the existence of a “quasi-dictator”.
L'ouvrage est le fruit d'une recherche-action menée par deux chercheurs que leurs responsabilités ecclésiales conduisent à rencontrer et accompagner, non seulement des jeunes de 13 à 18 ans, mais également des parents, des enseignants et enseignantes, des éducateurs et éducatrices. Après avoir assuré durant plus de quinze ans la responsabilité d'aumônerie de lycées et collèges dans le diocèse de Metz, Ch. Aulenbacher est maître de conférences en théologie pratique dans notre Faculté. Chercheu..
Sur le modèle des représentations et des propositions en soi de Bolzano, Husserl a envisagé les significations comme des unités idéales-objectives qui sont accessibles à plusieurs consciences et qui perdurent au-delà des actes psychiques passagers dans lesquels elles se réalisent. Indépendantes des opérations subjectives, les unités sémantiques seraient donc transcendantes, c’est-à-dire extérieures à la conscience. Cependant, en posant la subjectivité transcendantale comme un absolu par rapport auquel tout objet, réel ou idéal, se définit, la phénoménologie transcendantale-constitutive est finalement incapable de (...) rendre compte de cette transcendance dont elle nie le caractère absolu au profit de la conscience : une fois que les unités de sens sont définies comme des formations logiques issues de l’activité catégoriale, leur « transcendance » n’est plus qu’un sens d’être intentionnellement constitué. Dès lors, peut-on expliquer la « transcendance » des unités de sens, sans vider ce concept de son contenu essentiel, sans retirer aux significations leur indépendance et leur extériorité vis-à-vis de la conscience ? L’hypothèse la plus simple consisterait à dire qu’avant de traduire la manière dont les objets sont représentés par la conscience, les significations conceptuelles sont liées aux propriétés que la pensée a arrachées à leurs substrats pour en faire des marques distinctives. Mais cet ancrage ontologique soulève à son tour de multiples difficultés, si bien que Husserl, pour expliquer la transcendance des significations sans contrevenir à ses principes idéalistes, n’a pas d’autre choix que d’invoquer un ancrage linguistique : une fois consignées dans des signes extérieurs, les pensées sortent de la sphère privée, acquièrent une extériorité, une publicité et une solidité en vertu desquelles elles se conservent au-delà des vécus passagers, et sont à tout moment accessibles à toute conscience. Cependant, si le langage commun apparaît, pour les consciences, comme l’ultime condition de possibilité de la transcendance des significations, il n’en demeure pas moins que la transcendance qui leur revient avant qu’elles ne soient exprimées — car pour Husserl les significations, dont l’unité s’oppose à la multiplicité des signes susceptibles de les transcrire, ne sont pas nécessairement exprimées — demeure un postulat métaphysique qui pourrait bien s’effondrer avec l’hypothèse d’une traductibilité translinguistique du sens qui lui sert de corollaire. (shrink)
Le mot multimédia possède plusieurs sens précis et un sens général très vague. Mais ce brouillard sémantique masque deux histoires exemplaires, emmêlées mais distinctes. Dans l'une média signifie «manière de coder l'information», alors que dans l'autre le mot recouvre des branches des industries de la communication. La première est un cas exemplaire de pensée abstraite concrétisée, une bonne illustration de l'intérêt des recherches fondamentales théoriques. La seconde tradition, réincarnée dans le thème de la convergence au moment de la «bulle technologique», (...) fournit un très bon exemple de l'autonomie de l'économie par rapport à la technologie. La première histoire est celle d'un succès, la seconde celle de deux vagues d'échecs.The word has several multimedia precise meaning and a general sense very vague. But the fog hides two semantic inspiring stories, tangled but distinct. In one media means "way of coding information," while in the other the word covers the branches of the communications industries. The first is a case of abstract thought materialized, a good illustration of the interest of theoretical basic research. The second tradition, reincarnated in the theme of convergence when the "bubble" provides an excellent example of the autonomy of the economy relative to technology. The first story is one of success, the second that of two waves of failures. (shrink)