Vous en avez probablement au fond de votre trousse à pharmacie. Le Spasfon est l’un des médicaments les plus prescrits et vendus en France, en majorité aux femmes. Une pilule rose familière lorsque l’on souffre de règles douloureuses. Et pourtant, aucun essai clinique ne soutient son efficacité pour cette indication. -/- Juliette Ferry-Danini retourne aux origines du médicament, dans les années 1960. L’histoire du Spasfon n’est pas toute rose : des malades empoisonnés à dessein, des données scientifiques (...) défaillantes et le sexisme ont marqué son développement, construisant une situation d’ignorance scientifique qui perdure aujourd’hui. -/- Dans cet essai de philosophie féministe, l’autrice analyse les conséquences de cette ignorance en médecine et propose des outils essentiels pour redonner du pouvoir et de l’autonomie aux patientes et patients. (shrink)

Aujourd’hui délaissées, parfois devenues gênantes, les collections médicales furent pourtant à l’avant-garde du renouveau de la médecine au début du XIXe siècle, avant que celle-ci ne devienne la médecine telle que nous la connaissons aujourd’hui. Selon une vision courante de l’histoire de la médecine, les collections médicales auraient perdu de leur utilité lorsque la médecine a accédé au statut de science expérimentale, les musées d’anatomie faisant alors place aux laboratoires. Les collections d’anatomie-pathologie comme le musée Dupuytren ne seraient que le (...) reliquat de cette histoire, le témoignage d’un échec méthodologique à opposer aux succès de la physiologie expérimentale. Cette narration de l’histoire de la médecine est-elle cependant correcte ? Dans quels buts épistémologiques les médecins ont-ils créé ces collections ? Quelles connaissances cherchaient-ils à obtenir par ce biais ? Plus généralement, pourquoi collecter en médecine – et en science – et pourquoi collectionner ? Pour répondre à ces questions, je m’intéressai principalement dans cette contribution aux pratiques de collecte et de collection chez les médecins de la Société Anatomique de Paris au XIXe siècle et au rôle joué par ces pratiques dans la construction de la collection Dupuytren. (shrink)

This paper describes the scientific practices of the anatomists from the Société Anatomique de Paris (1803–1873) who were collecting anatomical and pathological specimens in Nineteenth-Century Paris and which led to the building of the anatomy and pathology Musée Dupuytren (1835–2016). The framework introduced by Robert Kohler to describe collecting sciences (2007) is useful as a tool to identify the set of diverse practices within pathological anatomy in nineteenth-century Paris. However, I will argue that anatomy and pathology collecting had specific features (...) compared to most collecting sciences. Two main collecting practices could be distinguished: first, “finding” anatomical specimens and second, keeping these specimens. The first kind of practices were at least rhetorically and explicitly motivated by Auguste Comte’s positive philosophy. But “finding” an anatomy or pathology specimen could not be completely compared to finding an object or making a simple observation, as dissecting as well as some experimental practices were also involved. Heterogeneous practices thus coexisted within collecting in anatomy and pathology. Epistemological as well as pragmatic tensions arose. On top of Kohler’s framework, I introduce Sabina Leonelli’s concept of “data journey” to offer a narrative of the diversity of collecting practices involved in the Société Anatomique de Paris and the Musée Dupuytren. I use the concept to analyse how this diversity of practices impacted knowledge production. (shrink)

According to recent approaches in the philosophy of medicine, biomedicine should be replaced or complemented by a humanistic medical model. Two humanistic approaches, narrative medicine and the phenomenology of medicine, have grown particularly popular in recent decades. This paper first suggests that these humanistic criticisms of biomedicine are insufficient. A central problem is that both approaches seem to offer a straw man definition of biomedicine. It then argues that the subsequent definition of humanism found in these approaches is problematically reduced (...) to a compassionate or psychological understanding. My main claims are that humanism cannot be sought in the patient–physician relationship alone and that a broad definition of medicine should help to revisit humanism. With this end in view, I defend what I call an outcomes-oriented approach to humanistic medicine, where humanism is set upon the capacity for a health system to produce good health outcomes. (shrink)

In some quarters within philosophy of medicine, more particularly in the phenomenological approaches, naturalism is looked upon with suspicion. This paper argues, first, that it is necessary to distinguish between two expressions of this attitude towards naturalism: phenomenological approaches to illness disagree with naturalism regarding various theoretical claims and they disapprove of naturalism on an ethical level. Second, this paper argues that both the disagreement with and the disapproval of naturalism are to a large extent confused. It then offers some (...) proposals to set up an agenda for future collaboration. (shrink)

Plusieurs aspects du modèle biopsychosocial promeuvent une approche humaniste en médecine. Cependant, Engel a explicitement rejeté un humanisme médical qui s’opposerait à la science. En adoptant une approche fondée sur la science des systèmes pour étudier les êtres humains, la santé et la maladie, Engel défend une approche scientifique pour améliorer la qualité des soins cliniques, ou autrement dit, une approche qui se prête à un examen scientifique de cette question.

Selon l’une des thèses les plus répétées de la médecine narrative, la théorie littéraire, ou plus largement, la narration, permettrait aux membres du personnel médical d’appréhender les récits des patients et par là, de prendre en considération leurs expériences dans leur singularité absolue. Dans ma contribution, je soulignerai quelques limites de cette thèse. J’appuierai mon analyse sur un exemple de récit dominant de maladie, les récits portant sur le cancer du sein aux États-Unis au XXe siècle, à partir des analyses (...) féministes qui en ont été faites. Ainsi je montrerai d’une part qu’il est peu plausible que les récits des patients soient absolument singuliers et uniques, en un sens pertinent, et d’autre part que certains récits peuvent devenir dominants et marginaliser des récits qui voudraient s’en démarquer. (shrink)

Empathy is often described as a virtue which that could help in making medicine more humanistic. This paper argues that there are two limits to this thesis. First, it is unclear whether a lack of empathy can be attributed to the biomedical education. Second, empathy itself is not without issues, and another concept, compassion, can be put forward instead. Humanism based on compassion is more minimalist, but integrated with an approach focused on health systems, it makes humanism more tangible and (...) radical. -/- . (shrink)

Une médecine plus humaniste serait une médecine où les professionnels de santé feraient preuve de plus d’empathie envers leurs patients. Or s’il est difficile d’attester un déclin de l’empathie en médecine en l’attribuant au modèle biomédical, l’empathie n’est pas sans défaut. Cela ne signifie pas la mort de l’humanisme médical. Il est possible de le faire reposer sur un concept minimal de compassion et de lui intégrer une approche basée sur les systèmes de santé. L’humanisme ainsi défendu n’est plus empathique, (...) mais il est aussi plus convaincant. (shrink)

PIERRE-YVES MONIN. — Que dit la chanson?JULIETTE. — La chanson ne dit rien. Et la chanson peut tout dire. Cela doit dépendre de la bouche qui la fredonne et l’invente. Elle reflète peut-être le monde, la société qui l’a vue naître. Elle reflète peut-être aussi la Vérité, la vraie, celle qui sort, toute nue, de son puits. Mais elle...

From the timeless wisdom of ancient Greece through to Christianity, the Enlightenment, existentialism and postmodernism, A Brief History of Thought brilliantly and accessibly explains the enduring teachings of philosophy - including its profound relevance in today's world as well as its essential role in achieving happiness and living a meaningful life. This lively journey through the great thinkers challenges every one of us to learn to think for ourselves and asks us the most important question of all: how can we (...) live better? (shrink)

For political and literary theorists working on race, Ralph Ellison’s Invisible Man is a canonical text. Most political theorists approach the novel through what this essay calls a “martyr reading,” though martyrdom is just one of several political strategies explored in the work. This essay highlights an alternative in Ellison’s repertoire. The “trickster reading” developed here better accounts for several key scenes in the novel and also shows the limits of martyrdom as a technique of democratic politics. While other democratic (...) theorists have identified Ellison with redemptive or deliberative aims, the novel’s references to Homer’s Odyssey, with its own trickster-hero, license a trickster reading of Invisible Man. Tricksters do not take on suffering, loss, or sacrifice in the hope of redemption nor are they necessarily committed to the virtues of deliberation. Instead, they evade sacrifice by resorting routinely to irony, cunning, and refusal. This reading demonstrates the importance of these techniques to Ellison’s vision and to our politics today. (shrink)

All the great ideals that gave life meaning in earlier societies--God, the nation, revolution, freedom, democracy--are in disarray today, widely questioned, and rejected outright by the many people who have lost faith in them. But there is another value, rooted in the birth of the modern family and in the passage from traditional to modern marriage, which has transformed our lives in profound and often unrecognized ways: love. It affects not only our personal lives but many aspects of our social (...) and collective life, too, from art and education to politics. In this book, Luc Ferry shows how the quiet rise of love as the central value in modern societies has created a new principle of meaning and a new definition of the good life that requires a completely different kind of philosophical thinking. It forms the basis for a new philosophy for the twenty-first century and a new kind of humanism for the modern world--not a humanism of reason and rights, but a humanism of solidarity and sympathy. The ideal behind this new realism has nothing to do with nationalism and revolution: it has moved beyond the organized violence that was driven by deadly and often inhumane principles. Instead, it aims to prepare and ensure a future for those we love most: our future generations."--Jacket. (shrink)

Ces dernières années, la philosophie politique a trouvé un second souffle. Depuis la parution de la Théorie de la justice, au début des années 1970, et sous le double mouvement du déclin des idéologies et de l'écroulement du système communiste, de nouveaux débats sont apparus. Comment combiner le respect des droits individuels et le maintien d'une ambition collective? Comment intégrer au libéralisme politique un projet communautaire? Quelles doivent être les relations entre l'individu, l'Etat et la société? Comment répondre au malaise (...) et au déficit de légitimité que connaissent les démocraties occidentales? Ces interrogations ont permis d'imposer des voix nouvelles - celles de John Rawls ou de Jürgen Habermas -, mais aussi, plus récemment, celles des auteurs dits " communautariens " : Michaël Sandel, Michaël Walzer et Charles Taylor. Ces discussions sont également l'occasion d'en revenir aux fondateurs de la pensée politique contemporaine et de vérifier ainsi l'actualité de la réflexion d'Emmanuel Kant, de Friedrich Hegel, de Karl Marx, d'Alexis de Tocqueville, de John Stuart Mill ou, plus près de nous, de Sigmund Freud et de Max Weber pour penser les problèmes politiques et spirituels de notre temps. Cet ouvrage aimerait donner un aperçu des problématiques actuelles de la théorie politique. Pour la sélection des auteurs étudiés, la question de la liberté a servi de fil conducteur. (shrink)

For creatures like us, entertaining possible future scenarios of how our life might play out is often accompanied or “charged” with emotions like hope and anxiety. What will interest me in this article is whether the epistemic profile of hope and anxiety, and in particular the fact that they are directed at uncertain outcomes, might pose a threat to the stability of their valence. Hope and anxiety are not emotions which relate us to evaluative properties of actual events, they relate (...) us to evaluative properties of relevant possibilities (Gordon, 1969; Kurth, 2018; Benton, 2019). I will present and discuss two philosophical accounts according to which hope and anxiety do not have a proprietary and consistent valence. According to the first account, anxiety is an intrinsically ambivalent emotion, as a result of involving an awareness of conflicting possibilities or ways in which the future might unfold (Miceli and Castelfranchi, 2015). According to the second, hope is not a strictly positive emotion, as certain specific occurrences of hope are negatively valenced (Stockdale, 2019). Finally, I argue that an evaluative theory of valence helps us clearly conceive of hope and anxiety as two polar opposite experiences of uncertainty. (shrink)

How does doubt come about? What are the mechanisms responsible for our inclinations to reassess propositions and collect further evidence to support or reject them? In this paper, I approach this question by focusing on what might be considered a distorting mirror of unreasonable doubt, namely the pathological doubt of patients with obsessive–compulsive disorder (OCD). Individuals with OCD exhibit a form of persistent doubting, indecisiveness, and over-cautiousness at pathological levels (Rasmussen and Eisen in Psychiatr Clin 15(4):743–758, 1992; Reed in Obsessional (...) experience and compulsive behaviour: a cognitive-structural approach, Academic Press, Cambridge, 1985; Tolin et al. in Cogn Ther Res 27(6):657–669, 2003). I argue that the failure in OCD is of an affective nature, involving both excessive epistemic anxiety and hyperactive feelings of uncertainty. I further argue that our adaptive disposition to inquire about the right matters—that is, about propositions which are both epistemically risky and imply harmful possibilities—might depend on these affective mechanisms. (shrink)

Jean-Marc Ferry est titulaire de la Chaire de Philosophie de l'Europe de l'Université de Nantes, professeur honoraire en Science politique et Philosophie morale à l'Université libre de Bruxelles, auteur notamment des Puissances de l'expérience (1991), l'une des oeuvres les plus importantes récemment publiées dans le champ de la philosophie sociale et politique, de la philosophie tout court (Paul Ricoeur), La Question de l'État européen (2001), Les Grammaires de l'intelligence (2004), La Raison et la Foi (2016).

L'interprétation actuelle de Kant face à la Révolution française se présente sous forme d'un choix : ou bien Kant serait un libéral selon les tendances de la philosophie politique du jour, ou bien il serait un révolutionnaire qui avancerait masqué. L'ouvrage de Christian Ferrié qui repose sur une connaissance précise des inédits a le mérite de sortir de cette alternative. Spectateur enthousiaste de la Révolution en France, Kant réfute pourtant le droit de rébellion et rejette la méthode révolutionnaire. La pensée (...) politique de Kant semble partagée entre une adhésion au dessein républicain de la Révolution et des principes réformistes que cet événement bouleverse. Comment être alors sans contraction réformiste et révolutionnaire? Cet Ouvrage tenté de répondre à cette question sans esquiver les difficultés d'une position entre réforme et révolution. Car Kant paraît osciller entre une réflexion sur l'histoire qui établit de facto l'efficacité des révolutions et une doctrine normative du droit qui préconise la voie de la réforme. L'ambivalence apparente de sa position disparaît dès qu'elle est réinscrite dans le contexte des controverses de son temps en Allemagne. Kant défend la cause de la France en révolution contre l'offensive d'un réformisme antirévolutionnaire qui veut améliorer la société d'ordres pour mieux la sauver. C'est ainsi que Kant est conduit à inventer un réformisme révolutionnaire, inédit en ce qu'il préconise en principe la voie réformatrice tout en reconnaissant en fait la nécessité du moment révolutionnaire. La révolution devient la condition des réformes révolutionnaires qui l'accomplissent. Loin de proposer une synthèse positive, Kant conçoit plutôt un champ de tensions dynamiques entre réforme et révolution. Porté par l'enthousiasme que suscite la Révolution française, Kant donne à penser l'articulation de ces deux moments du politique au sein d'une nouvelle et "difficile" politique de l'émancipation qui parvient à penser une sorte de réformisme en révolution. (shrink)

"Par dizaines, des expressions issues de la mythologie grecque se sont inscrites dans le langage courant : une "pomme de discorde", un "dédale de rues", prendre le "taureau par les cornes", toucher le "pactole", "tomber de Charybde en Scylla", suivre un "fil d'Ariane", "jouer les Cassandre", etc. Mille références endormies aux Sirènes, à Typhon, Océan, Triton, Python, Sibylle, Stentor, Mentor, Laïus, Argus, OEdipe et à tant d'autres personnages mythiques habitent encore incognito nos conversations de tous les jours. Je vous propose (...) de les réveiller en racontant les histoires magnifiques qui en sont l'origine. Mais il y a plus. Les grands mythes ne se limitent pas à des "contes et légendes". Ils proposent des leçons de vie et de sagesse d'une profondeur abyssale. La mythologie représente ainsi une tentative grandiose pour apporter des réponses à l'antique question métaphysique de "la vie bonne pour les mortels". Son étude, passionnante en elle-même, constitue pour cette raison une excellente introduction à la philosophie." Luc Ferry. (shrink)

This article analyses a recent discourse of responsibility that accompanies states’ foreign aid provision. States adopt this discourse of National Social Responsibility to show their complian...

L'étude des formes, celle des thèmes figurés sur les vases grecs ne sont pas sépara ble· d'une connaissance aussi précise que possible des lieux et des conditions de trouvaille des documents considérés. On donnera ici l'exemple des cratères corinthiens dont l'iconographie aristocratique s'explique par le type de vie et l'idéologie funéraire des clients privilégiés de cette série de vases, les notables de Cerveteri.

Le lécythe à épaule, qui apparaît pour la première fois à Athènes peu avant le milieu du VIe siècle, n'est pas une forme empruntée à des modèles corinthiens. Ses analogies avec la forme Β des « lécythes samiens » en font l'héritier direct. A l'origine des séries on trouve les vases à parfum présents en Lydie et dans les cités d'Éolide et d'Ionie au temps d'Alyatte et de Crésus.

Precise spatiotemporal control of gene expression during normal development and cell differentiation is achieved by the combined action of proximal (promoters) and distal (enhancers) cis‐regulatory elements. Recent studies have reported that a subset of promoters, termed Epromoters, works also as enhancers to regulate distal genes. This new paradigm opened novel questions regarding the complexity of our genome and raises the possibility that genetic variation within Epromoters has pleiotropic effects on various physiological and pathological traits by differentially impacting multiple proximal and (...) distal genes. Here, we discuss the different observations pointing to an important role of Epromoters in the regulatory landscape and summarize the evidence supporting a pleiotropic impact of these elements in disease. We further hypothesize that Epromoter might represent a major contributor to phenotypic variation and disease. (shrink)

D'où la démocratie tire-t-elle sa valeur? De ce que le plus grand nombre y exerce le pouvoir politique? Ou bien de la protection des droits et des libertés que ses institutions législatives, exécutives et judiciaires y garantissent à chaque personne? Connu en France en tant que philosophe du droit, penseur du libéralisme et des fondements de la justice sociale, Ronald Dworkin a aussi développé une conception originale de la démocratie. Pour lui, la démocratie n'est pas une procédure, mais une communauté, (...) organisée autour des principes de participation, de réciprocité et d'indépendance éthique. Ces principes politiques et moraux sous-tendent la constitution et informent les relations entre ses citoyens. C'est pourquoi l'opposition entre autogouvernement et protection des libertés relève d'une fausse alternative : les juges constitutionnels, en particulier, qui ont la charge d'interpréter le sens et l'étendue des droits, ne s'opposent pas à la réalisation de l'idéal démocratique. Au contraire : pour Dworkin, leur rôle est d'assurer que la communauté se gouverne conformément à ses principes et demeure, ainsi, une démocratie authentique. (shrink)

« Ce que j’appelle la “révolution de l’amour”, c’est-à-dire la naissance de la famille moderne, enracinée dans le passage du mariage arrangé au mariage choisi par et pour l’amour, a transformé nos vies. Elle apporte un nouveau principe de sens, qui requiert une nouvelle philosophie. Elle ne bouleverse pas seulement nos existences privées, mais tout notre rapport au collectif. C’est ce que j’appelle le “deuxième humanisme”». Le premier fut un humanisme de la Loi et de la raison. C’était celui des (...) Lumières et des droits de l’homme, des républicains français et de Kant. Le deuxième humanisme est un humanisme de la fraternité et de la sympathie. Ma conviction est qu’il est désormais la seule vision du monde portée par le souffle d’une utopie positive. Car l’idéal qu’elle vise à réaliser n’est plus celui des nationalismes ni de l’idée révolutionnaire. Il ne s’agit plus d’organiser de grands massacres au nom de principes mortifères qui se voulaient extérieurs et supérieurs à l’humanité, mais de préparer l’avenir de ceux que nous aimons le plus, c’est- à-dire des générations futures... » L. F. Luc Ferry s’entretient ici avec Claude Capelier, agrégé de philosophie et conseiller scientifique du Conseil d’analyse de la société. Luc Ferry est agrégé de philosophie, docteur d’État, agrégé de science politique. Il est philosophe. Ses livres sont traduits à l’étranger dans une trentaine de langues. Il a notamment publié chez Odile Jacob Vaincre les peurs et Qu’est-ce que l’Homme? (en collaboration avec Jean-Didier Vincent), qui ont été d’immenses succès. (shrink)

La 4e de couverture indique : "Quelle place accorder aujourd'hui aux religions dans les démocraties? Que peut-on espérer du dialogue entre croyants et non-croyants dans une société devenue plurielle et sécularisée? Quel rôle peut jouer la religion dans la modernité du XXIe siècle? Le philosophe français Jean-Marc Ferry prend à bras-le-corps ces questions difficiles, laissées en déshérence ou livrées aux excès de tous bords. Refusant les pièges d'un laïcisme souvent ignorant, tout comme les hégémonies religieuses, il reprend le fil (...) d'une longue tradition philosophique qui a toujours pris au sérieux la question religieuse, même quand elle s'y opposait. Dans ce livre qui fera date, le philosophe rassemble pour la première fois sous la forme d'une conversation l'ensemble de sa réflexion sur la religion dans la modernité. Au cours de sa réflexion, Jean-Marc Ferry invite à considérer les "Lumières de la religion", une expression malicieuse par laquelle il entend signifier que les religions ne sont pas en opposition avec la modernité. A la condition de devenir réflexives et critiques, et d'accepter les règles du jeu démocratique, elles peuvent apporter une précieuse participation à la vie commune, au bénéfice de tous.". (shrink)

C’est une longue épopée, engagée depuis l’Antiquité, qui se poursuit encore aujourd’hui, une aventure pleine de passions, de révoltes, de revirements et de coups de génie. Telle est l’histoire de la philosophie, vue et racontée par Luc Ferry : une conquête obstinée, menée au fil des siècles par une poignée d’explorateurs qui, soudain, trouvent une nouvelle clef pour donner un sens à la condition humaine et bouleversent fondamentalement notre manière de penser. Pourquoi et quand s’est-on mis à philosopher? Comment (...) les grands concepts se sont-ils succédé au fil des siècles? Comment et pourquoi Platon, Descartes, Montesquieu, Hegel, Schopenhauer, Marx, Nietzsche, Freud, Heidegger, et quelques autres – les grands défricheurs de la pensée ne sont pas si nombreux – ont-ils eu soudain l’intuition qui a tout changé? Dans un dialogue limpide et sans jargon avec Claude Capelier, Luc Ferry déroule le fil chronologique depuis les origines antiques jusqu’à nos jours et décrit les six grandes étapes décisives qui nous ont ouvert un nouvel univers. On le verra, l’histoire de la philosophie, comme celle de l’art, n’aime pas la ligne droite, elle connaît des zigzags, des revirements, parfois des errances, et les grandes idées d’autrefois n’ont pas forcément perdu leur pertinence. Pourtant, Luc Ferry le raconte ici, elle semble quand même avancer dans un certain sens – oserait-on même parler d’un certain progrès? Plus on explore, plus on défriche et plus on s’approche de l’intime, de l’essence de l’homme. Et c’est la grande originalité de ce livre que de nous faire apparaître la philosophie comme une quête essentielle, à la fois millénaire et furieusement actuelle. Où en est-on à l’heure de la globalisation, des espaces virtuels et des intégrismes recyclés d’un autre âge? Comment répondre à notre désarroi face à un monde qui, une fois encore, nous glisse entre les doigts? Par l’amour, suggère le philosophe, ce concept à la fois si banal et si complexe, susceptible de nous offrir une meilleure compréhension de notre temps, et peut-être de nous-mêmes. (shrink)

Ce texte a déjà paru dans Anabases. Traditions et réceptions de l'Antiquité, n° 20, 2014. Nous remercions Pascal Payen, la revue Anabases et Juliette Lormier de nous avoir autorisé à le reproduire ici. Résumé : Cet article propose d'analyser deux entreprises de traduction en hexamètres français : celle des Travaux et des Jours d'Hésiode par Jean-Antoine de Baïf dans ses Étrénes de poézie fransoeze an vers mezurés, et celle de l'Iliade d'Homère par Philippe Brunet. Il s'agit de resituer ces (...) - Poétique et Études littéraires – GALERIE – Nouvel article. (shrink)

Rousseau avait tout lieu, dans la controverse qui oppose au xviii e siècle partisans et pourfendeurs des voyages d’éducation, de prendre position contre ces voyages, suivant en cela les déclarations de Béat de Muralt, qu’il approuvait dans une large mesure. Nous constatons pourtant qu’en abordant « la question des voyages », l’auteur de l’Émile se voit obligé, tout en condamnant cette « mode », à la manière de Muralt, d’opérer un glissement théorique et de conférer à l’expérience du voyage, comme (...) expérience critique de la pluralité et de la liberté, une place essentielle dans son système, place rendue nécessaire par sa théorie des affects politiques. (shrink)

Emotions might contribute to our being rational cognitive agents. Anxiety – and more specifically epistemic anxiety – provides an especially interesting case study into the role of emotion for adaptive cognition. In this paper, I aim at clarifying the epistemic contribution of anxiety, and the role that ill-calibrated anxiety might play in maladaptive epistemic activities which can be observed in psychopathology. In particular, I argue that this emotion contributes to our ability to adapt our cognitive efforts to how we represent (...) the practical factors relevant to the task at hand, by sig- naling the need for increased cognitive processing and evidence gathering in high- stakes situations. I hypothesize that dysfunctional or ill-calibrated epistemic anxiety might play an important role in the motivation driving persons with obsessive- compulsive disorder (OCD) to invest high amounts of cognitive resources into the resolution of apparently simple and innocuous questions. As I argue, OCD might be conceived as a case in which epistemic anxiety is inappropriately elicited, represent- ing these as high-stakes questions, and inadequately signaling a need for cognition. In this paper, I thus make use of the concept of (epistemic) anxiety as developed in the philosophy of emotion and in epistemology, to propose an account of the role of anxiety in the pathological doubt that is central to obsessive-compulsive disorder. (shrink)

Is the capacity to experience hope central to our ability to entertain desirable future possibilities in thought? The ability to project oneself forward in time, or to entertain vivid positive episodic future thoughts, is impaired in patients with clinical depression. In this article, I consider the causal relation between, on the one hand, the loss of the affective experience of hope in depressed patients, and on the other hand, the reduced ability to generate and entertain positive episodic future thinking. I (...) suggest that findings in the philosophy of emotion may shed light on this causal relation. (shrink)

" Le point de départ de ce livre est une conférence dans laquelle j'ai présenté à un large public les points essentiels de mon livre, Apprendre à vivre.

La nature, l'environnement sont au centre des préoccupations de tous, mais peinent à entrer dans le discours politique sous une forme cohérente. Mouvement contestataire et libertaire - particulièrement en France - l'écologie politique manque de bases théoriques, préfère les déclarations d'éthique au travail législatif, met en doute l'efficience des institutions et dénonce parfois de manière irréaliste la technique, les sciences, l'industrie. Ce livre intègre la dimension écologique à la philosophie politique moderne et particulièrement à un républicanisme rénové. La protection de (...) la nature comme "Bien commun" y est considérée comme le nouveau visage du " Bien public". En annexe, l'auteur propose quelques idées concrètes. (shrink)

One of the many faces of Islam in Indonesia is the abangan Muslims or the abangans. As one of the most populous Muslim groups in the country, it is important to know them. To understand Indonesian Islam or Muslims, one cannot overlook them. The article argues that, amid recent escalating Muslim–Christian tension in the country, this majority Muslim group can play a significant role in enhancing Muslim–Christian relations in the future, on account of their worldview that emphasizes and maintains cosmic (...) harmony and balance of all existence. Their open and syncretic attitudes toward other religions may foster religious tolerance and coexistence. These are attested in the author’s personal engagement with them. It is suggested that Christians be more inclusive toward them, but, at the same time, be critical in engaging their worldview. These attitudes are necessary for building a mutual and peaceful Muslim–Christian relationship in the region. (shrink)

Juliette Roussin | : Cet article a pour objet d’interroger la tendance actuelle des démocraties à s’entourer d’institutions indépendantes au fort degré de compétence en vue de limiter et de corriger les défaillances éventuelles des corps démocratiques élus et représentatifs. La légitimité démocratique de ces institutions contre-majoritaires leur viendrait, selon certains théoriciens de la démocratie, de ce qu’elles offrent la possibilité de contester les décisions collectives lorsque celles-ci sont mauvaises ou injustes, contribuant ainsi à l’amélioration globale des performances du (...) régime démocratique. À partir notamment d’une lecture des travaux de Philip Pettit sur la démocratie contestataire et d’une réflexion sur l’approche épistémique défendue par David Estlund, nous questionnons au contraire le caractère démocratique de ces formes institutionnelles de contestation et montrons que, tant qu’elles ne font pas l’objet d’un contrôle démocratique plus étroit, elles peuvent être interprétées comme des modes de contestation de la démocratie plutôt que comme des instruments de son amélioration. | : This paper investigates a current tendency among democracies to appeal to highly competent independent institutions in order to constrain and amend the potential deficiencies of elected and representative democratic bodies. According to some democratic theorists, these counter-majoritarian institutions enjoy democratic legitimacy because they allow the contestation of ill-devised or unjust collective decisions, and hence contribute to the global improvement of democratic results. Based on a reading of Philip Pettit’s work on contestatory democracy and of David Estlund’s epistemic approach, the paper questions the democratic nature of these institutional forms of contestation and shows that, as long as they are not subjected to tighter democratic control, these institutions can be interpreted as ways of contesting democracy rather than as implements for its improvement. (shrink)