Cet article traite de l’histoire du law french, un idiome dont les débuts ont émergé durant le règne de Henri II d’Angleterre et qui a dominé le monde juridique du common law anglais jusqu’au début du XVIIIe siècle. L’anglo-français a joué un rôle essentiel lors de la fondation du common law. Il s’agissait de la construction d’un double édifice interdépendant : le droit et ses concepts en plein développement, d’un côté, et une langue s’enrichissant d’un vocabulaire de plus en plus (...) technique et spécialisé, de l’autre. L’utilisation continue du law french dans les rangs des juristes, combinée au déclin général de l’usage de l’anglo-normand dans le reste de la société, a contribué à la formation d’une langue qui n’a bientôt été plus compréhensible que pour les spécialistes de droit. Ainsi toutes personnes non instruites dans les sciences du droit se sont trouvées exclues de ce domaine, non seulement par une terminologie en raison de l’objet des textes, mais par l’usage d’une langue de plus en plus étrangère. (shrink)

Cet article traite de l’histoire du _law french_, un idiome dont les débuts ont émergé durant le règne de Henri II d’Angleterre et qui a dominé le monde juridique du _common law_ anglais jusqu’au début du XVIII e siècle. L’anglo-français a joué un rôle essentiel lors de la fondation du _common law_. Il s’agissait de la construction d’un double édifice interdépendant : le droit et ses concepts en plein développement, d’un côté, et une langue s’enrichissant d’un vocabulaire de plus en (...) plus technique et spécialisé, de l’autre. L’utilisation continue du _law french_ dans les rangs des juristes, combinée au déclin général de l’usage de l’anglo-normand dans le reste de la société, a contribué à la formation d’une langue qui n’a bientôt été plus compréhensible que pour les spécialistes de droit. Ainsi toutes personnes non instruites dans les sciences du droit se sont trouvées exclues de ce domaine, non seulement par une terminologie en raison de l’objet des textes, mais par l’usage d’un... (shrink)

It is now some thirty years since the researches of John H. Fisher and Malcolm Richardson highlighted the importance of the records of the central government in the process of English-language “vernacularization” in early-fifteenth-century England. Their publication of the Anthology of Chancery English provided irrefutable evidence of a linguistic transition that overtook some key types of government records, which began to be drafted in English where previously they had been written in Anglo-Norman French and, to a lesser extent, Latin. But (...) while the existence of these early examples of “official” written English cannot be doubted, the forces that underlay this linguistic shift are less clear. From the very outset, doubts were expressed about the hypothesis advanced by Fisher and Richardson, that the spread of English in the records of the central government could be directly attributed to a “language policy” put into place by the Lancastrian regime and, in particular, to the personal initiative of Henry V, who made the momentous decision—from a linguistic point of view—to have his signet letters written in English rather than French in July 1417. But it is only more recently that a more detailed and robust criticism has been directed toward these ideas. In an article published in 2004, Michael Benskin rightly pointed out that the very term “Chancery English,” or “Chancery Standard,” as applied in the work of Fisher and Richardson is a misnomer, since only a minority of the documents contained within the Anthology were actually produced within the Chancery itself. He also questioned the extent to which the Chancery could be credited with an enlightened attitude toward written English, given that some of its most prestigious records—the close, patent, and statute rolls—continued to be written in Latin or French throughout the fifteenth century. (shrink)