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L'HUMANISME EN POLOGNE SUR LE TERRAIN POLITIQUE ET CULTUREL
On ne dira jamais assez à quel point le facteur de loin le plus important dans l'histoire de la culture polonaise (en donnant à ce mot de « culture » son sens le plus large et ses sens les plus divers) a été le contact intime, intense et tout chargé d'affection qui a uni les Polonais à l'Italie depuis la second moitié du xve siècle jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Et, si préparé que l'on soit, on ne peut manquer d'être frappé et ému par la partialité aimante avec laquelle les Polonais du xvie siècle envisageaient Γ « Ausonie » : ils ne veulent voir que ses qualités, ils ferment, si on ose dire, énergiquement les yeux sur ses tares et son'déclin. Et pourtant c'est en Pologne aussi et c'est chez elle seulement que les leçons de la tyrannie politique à l'italienne et du « machiavélisme » ont rencontré une opposition aussi décidée et une répulsion aussi invincible. Expliquer cet apparent paradoxe par l'attachement des Polonais, sur le terrain des institutions et de l'esprit dans lequel ils voulaient les voir fonctionner, à leurs traditions particulières et aux franchises médiévales — constitue une réponse rapide et superficielle. Nous espérons montrer en une autre occasion comment, au moins autant que nulle part ailleurs au-delà des Alpes, on comprit chez eux la nécessité d'insuffler à la vie en commun une efficience toute nouvelle inspirée des grandes leçons données par l'Antiquité et par l'Italie, mais que, dans la diversité et la richesse de ces leçons, ils choisirent sciemment celles qui n'avaient rien à voir avec les tyrannies absolutistes du xve siècle.
En tout cas, ce refus d'accepter le prestige des procédés de gouvernement à la fois commodes et délicats dont « Le Prince » reste le code le plus fameux, en un âge où il s'imposait d'une façon plus ou moins exclusive aux autres États européens, demeure l'un des traits essentiels du destin politique de la vieille Pologne, et, en tant que tel, ne cesse jusqu'à ce jour (on va le constater dans la présente chronique) de susciter des discussions et des commentaires pour savoir s'il faut y reconnaître un phénomène heureux ou l'origine des catastrophes subséquentes.
C'est pourquoi il convient de saluer avec joie et reconnaissance tout travail consciencieux de l'espèce de ceux qui, à force de réunir tous les éléments d'information, en arrivent, peut-on dire, à « coller » à la réalité et qui, mieux que des considérations abstraites, nous font comprendre les raisons momentanées et
