Médiation en acte de la pensée

La médiation en acte de la pensée est inconditionnée ; elle ne comporte aucune composition métaphysique.

Telle est l'attitude que M. P. Decoster, professeur à l'Université libre de Bruxelles, a été amené à prendre et qu'il expose dans son épilogue philosophique. Le présent article s'attache à montrer ce que connote cette affirmation : ses exigences, ses conditions, ses conséquences. Dans un second article nous voudrions présenter la médiation en acte de la pensée avec la dichotomie métaphysique qu'elle implique de soi, nécessairement. Au lecteur alors de choisir entre l'unique médiation en acte, ou la multiplicité des actes de pensée, des individus qui pensent et réfléchissent sur leur attitude intellectuelle en dépendance totale de la pensée créatrice.

Pour se convertir à la métaphysique il faut évidemment dépasser l'expérience, le sensitivo-rationnel, le conditionné, le relatif, l'extrinsèque à la pensée, le virtuel, le multiple, en vue de s'établir dans l'unité féconde. Or, d'après M. Decoster, tout est pensée et pensée en acte ; bien mieux tout est médiation en acte, c'est- à-dire opération irrécusable de penser n'importe quoi.

C'est l'inquiétude qui marque les débuts de la conversion en détournant du donné, de l'objet déterminé. Sans parvenir à l'abolir, elle le tient pour indifférent. L'expérience, d'ingénue qu'elle était, devient de plus en plus châtiée. Une nouvelle vision des choses apparaît qui s'accompagne de joie. Une compatibilité profonde se dessine entre réalités qui semblaient incommensurables. Opposée au plaisir sensible, capiteux et distrayant, la joie est affection intellectuelle en la maîtrise et la possession de soi-même. Elle n'est pas le contenu immédiat de la pensée. Pour que la détermination momentanément extrinsèque soit joie, il faut qu'elle soit dépouillée par l'ascèse. Mais ce dépouillement est d'ordre divers, cette ascension est multiple, cette marche vers l'unité est variée.