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Notes de lecture

Dieu pour tous. Un inédit polonais de Karol Wojtyla sur le discours de Paul sur l’Aréopage (Ac 17, 22-31)*

Agnès Bastit-Kalinowska
p. 171-177
Référence(s) :

K. Wojtyła, Kazanie na Areopagu. 13 katechez [Le Sermon sur l’Aréopage. 13 enseignements], éd. par M. Burghardt, Krakow, Wydawnictwo literackie, 2018, 160 p.

Texte intégral

  • *  K. Wojtyła, Kazanie na Areopagu. 13 katechez [Le Sermon sur l’Aréopage. 13 en seignements], éd. pa (...)
  • 1  L’éditrice ne fait pas d’hypothèse précise sur la date de ce texte, difficile à situer dans la vie (...)
  • 2  Quelques indices, en particulier le souci pédagogique qu’a l’A. de rappeler le contexte paulinien (...)
  • 3  K. Wojtyla est devenu évêque auxiliaire de Cracovie en 1958, puis archevêque en 1964, alors qu’il (...)
  • 4  Ces deux documents ont été soumis au vote respectivement en octobre et décembre 1965, l’adoption d (...)

1À une date indéterminée, mais proche de la fin du concile Vatican II1, K. Wojtyla a préparé une série de treize méditations ou enseignements apparemment destinés à être prononcés devant un public ordinaire. Restés inédits, ces textes n’ont été publiés qu’en octobre 20182. Le thème de cette sorte de « retraite théologique » était le Discours sur l’Aréopage d’Athènes, inséré par Luc au cœur de la prédication missionnaire de Paul, elle-même située au centre du livre des Actes des apôtres. Si ce discours a paru important à l’auteur des Actes qui l’a ainsi mis en valeur dans son livre, il a aussi retenu l’attention du nouvel archevêque de Cracovie3, qui l’a choisi comme point de départ de sa réflexion : « dans ce bref cycle de treize catéchèses, je désire m’arrêter, avec tous ceux qui m’écoutent, sur l’Aréopage d’Athènes. » Au cours des trois dernières années, l’A. avait participé aux quatre sessions du concile Vatican II, et avait profité de sa présence à Rome pour se rendre à Athènes et à Jérusalem en 1963. Il avait relu sur le lieu même le discours de Paul (Ac 17, 16-34), et semble avoir eu l’idée, à ce moment-là, de ce cycle de méditations, qu’il a peut-être commencé à rédiger sur place. Mais la rédaction finale de cette série est postérieure à la fin du Concile, puisque l’A. se réfère à plusieurs reprises à des documents promulgués au cours des dernières sessions, Nostra aetate et surtout Gaudium et spes4. Dans ces circonstances, la méditation du texte de Luc sur fond des discussions de Vatican II, en particulier des débats autour de ces deux derniers documents mettant en jeu la liberté religieuse et la relation de l’Église au monde qui l’entoure, a incité l’A. à lire en parallèle le discours de Paul interpellant les Grecs et la proposition de l’Église catholique adressée aux hommes contemporains. Avant d’entrer dans le contenu plus spécifique de la réflexion de Wojtyla, il convient de relever les points principaux de l’argumentation de Paul qui scandent la progression de ces brèves séquences.

2Vient d’abord, bien sûr, le « Dieu inconnu » (Ac 17, 22-23) et plus généralement la thématique de la quête de Dieu « à tâtons » (Ac 17, 27), avec la présentation de Dieu comme auteur du cosmos, origine de la race humaine et maître des hommes établis sur la terre (Ac 17, 24-26), donateur de la vie (Ac 17, 28), en conséquence de quoi il s’impose de rejeter toute représentation idolâtrique (Ac 17, 24.29). Ce moment fait l’objet des trois premières catéchèses, qui portent sur Dieu et la relation de l’homme à Dieu. Après une transition « économique » (au sens chrétien de plan de Dieu sur l’histoire humaine) évoquant l’état passé du monde habité du point de vue de ce qu’on pourrait appeler la « géopolitique » (Ac 17, 26), le tournant « christologique » du discours de Paul consiste, par une sorte de raccourci, en la proclamation du moment historique où Dieu appelle désormais tous les peuples à la conversion (Ac 17, 30), et se trouve lié à l’annonce d’un jugement universel, impliquant la rétribution des actes librement posés par les hommes (Ac 17, 31). Apparaît ainsi la figure du juge, qui est un homme « accrédité » par Dieu grâce à sa résurrection. Comme on le sait, cette bifurcation provoque l’interruption du discours. Ce passage sert de base à quatre méditations, partant de la liberté de l’homme et de sa responsabilité morale pour aboutir à la rédemption accomplie par Jésus-Christ. Les cinq catéchèses suivantes s’éloignent un peu du texte des Actes, sans le quitter totalement, comme le montrent les citations en cours ou en fin de développement : s’ouvre pour l’A. une réflexion sur le temps de l’Église, tel qu’il apparaît au début de la mission apostolique et jusqu’à aujourd’hui, sur le don de l’Esprit qui innerve la vie interne de l’Église — baptême et eucharistie surtout — et suscite son expansion externe. La présence du Christ qui se diffuse ainsi à travers les siècles aboutit à une méditation sur l’union du Christ et de l’humanité, avec en particulier l’insertion de la prière humaine dans la grande prière de louange, d’offrande et d’intercession de Jésus.

3On le voit, ces catéchèses, sans jamais perdre de vue la référence au discours de Paul qui en constitue le soubassement, suivent la démarche ternaire des confessions de foi : Dieu — le Christ et sa résurrection — l’Esprit et l’Église, c’est pourquoi elles représentent à la fois un dialogue avec les premiers témoins apostoliques de la foi au ressuscité, une réflexion sur les « signes des temps » dans le contexte du Concile et en définitive une tentative pour éclairer et formuler à nouveaux frais le donné fondamental de la foi chrétienne.

  • 5  Voir les citations faites par Weigel, Jean-Paul II témoin de l’espérance, aux p. 212‑217, qui corr (...)

4Le premier aspect de cette réflexion est le lien du contexte contemporain — à l’époque du Concile — avec le passé des origines, celui des premières générations chrétiennes dont la réflexion se reflète dans le corpus du Nouveau Testament : en ce sens, Wojtyla compare le discours sur l’Aréopage à une « borne milliaire » jalonnant la route de l’Église. Dans l’inquiétude qui saisit la modernité au vingtième siècle, dans l’émergence de l’athéisme en particulier, Wojtyla lit l’aspiration, parfois niée, vers le « Dieu inconnu ». Il se sent alors proche de Paul, lui qui, avant la quatrième session, défendait l’idée que la proposition de l’Église au monde devait faire fond sur « le pouvoir des arguments », qui incitait aussi à voir l’histoire du monde comme coextensive à l’histoire de la révélation et du salut, qui insistait sur la dimension libre de l’engagement religieux et éthique et expliquait enfin que l’objectif du témoignage ecclésial était de « restituer l’homme au Père éternel », et par là à lui-même5.

  • 6  Cet hémistiche correspond à la première moitié du v. 5 du prologue des Phénomènes du poète philoso (...)
  • 7  Le discours de Paul fait aussi allusion au récit de la création de l’homme en Gn 2, 7.22 (Ac 17, 2 (...)
  • 8  Je cite : « “être de la race” signifie “être engendré” : ainsi cette expression, empruntée à la po (...)
  • 9  K. Wojtyla ne fait pas explicitement référence à Aristote, mais les échos des analyses de la premi (...)

5Le second aspect relève d’une dimension, pourrait-on dire, philosophique, la recherche de ce qui est essentiel pour le cosmos entier, et d’abord pour l’existence humaine. À ce titre, le moment anthropologique des catéchèses 3 et 4 est un bon exemple de la méthode de l’A., qui entremêle approfondissement théologique et analyse philosophique. La citation poétique qui complète le verset d’Ac 17, 28, un demi-hexamètre emprunté à la tradition de la poésie didactique grecque, où il est dit que « nous (les hommes) sommes aussi de sa race (de Dieu)6 », est lue en effet d’une part comme un écho de la formation de l’homme « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1, 27)7 et comme une annonce de la filiation en Jésus-Christ, qui établit une sorte de « connaturalité » de l’homme avec Dieu (voir Jn 1, 12, mais aussi Ga 4, 5)8. D’autre part, Wojtyla, revenant à l’évocation de l’origine, situe la connaturalité avec Dieu dans la dimension rationnelle de l’homme et dans sa liberté de choix et d’engagement, donc dans sa responsabilité9. Ainsi, Dieu introduit l’homme dans le monde comme dans un contexte où il lui est possible de réaliser le bien.

  • 10  On pourrait évoquer un dernier aspect, mystique, qui s’exprime par l’attention à la présence d’int (...)

6Cette attention à l’existentiel s’exprime aussi dans ce qui a été vécu, soit par Paul lui-même, soit par d’autres acteurs du christianisme primitif. Un troisième aspect, le plus présent peut-être, est ainsi celui de la méditation biblique : cherchant à pénétrer le sens du discours de Paul tel qu’écrit par Luc, Wojtyla ne cesse de l’enrichir par d’autres références scripturaires, surtout empruntées au Nouveau Testament, à Paul lui-même, dont les épîtres les plus théologiques (Galates, Corinthiens, Romains) sont souvent sollicitées, et à l’évangile de Jean, lu en parallèle avec le discours de Paul auquel il apporte une lumière et une profondeur supplémentaires. Wojtyla emprunte à Paul avant tout ce qui concerne l’œuvre de justification et de rédemption accomplie sur la croix : « celui qui n’a pas connu le péché, (Dieu) l’a pour nous fait péché, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu » (2 Co 5, 21). Cette connaissance du dessein divin, qui correspond à la révélation ultime du « Dieu inconnu », a été donnée à Paul par l’expérience de la rencontre avec le ressuscité comme « celui qu’il persécute » (Ac 9, 5). Plus largement, Wojtyla reprend aussi à Paul la vision cosmique de l’espérance de la création, qui « gémit et souffre avec nous », « asservie qu’elle est à la corruption » avant de recevoir, dans la résurrection charnelle, « la liberté glorieuse des enfants de Dieu » (voir Rm 8, 21-22). L’évangile de Jean permet à Wojtyla de déplacer l’attention d’Athènes vers Jérusalem, où se situe l’entretien fondateur de Jésus avec Nicodème (Jn 3, 1-21), mais aussi les entretiens de Jésus avec ses apôtres à la veille, puis au lendemain de sa passion, lorsqu’il leur « insuffle l’Esprit » (Jn 20, 22), et enfin le don de l’Esprit missionnaire à la Pentecôte et le discours de Pierre aux Juifs rassemblés à Jérusalem (Ac 2, 14-36), qui constitue le pendant du discours de Paul aux Grecs. Il est frappant de constater que les situations néotestamentaires méditées et comme revécues par le prédicateur sont toutes des scènes de rencontre, de dialogue, d’entretien ou de discours : si Jésus, et après lui son apôtre, peut être présenté comme celui qui se donne silencieusement, il est avant tout le maître qui interpelle, qui annonce et qui enseigne10.

  • 11  Voir aussi Ga 2, 20, où la même affirmation est exprimée en Ich-Stil.

7De ces catéchèses, on peut dire en ce sens qu’elles tiennent ensemble deux préoccupations conjointes et complémentaires : la concentration sur le mystère intime de Dieu exprimé par le Fils d’une part, avec la récurrence de Jn 3, 16 (« Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son fils unique ») et d’Ep 5, 25 (« le Christ a aimé l’Église et s’est livré pour elle »)11 et, de l’autre, une extension du regard partant des chrétiens contemporains pour s’élargir à tous les hommes qui sont en quête du « Dieu inconnu » et, au-delà, à l’univers visible et invisible dans sa dimension cosmique de création orientée vers Dieu. Wojtyla lit dans la proclamation de Paul aux Grecs ces deux mouvements d’expression du dessein de Dieu et de large ouverture. Ce faisant, il se livre à un commentaire précis et profond de chaque élément du discours (Ac 17, 22-31) situé sur le fond du séjour de Paul à Athènes (Ac 17, 16-34), commentaire auquel il intègre, on l’a vu, de nombreuses autres déclarations de l’Apôtre comme aussi plusieurs passages décisifs de Jean (les synoptiques sont peu représentés). Tout se passe comme si, selon une procédure proche de celle des commentateurs patristiques, la théologie plus approfondie du Paul des lettres et celle plus développée de l’évangile de Jean contribuaient à donner leur pleine mesure aux expressions du discours de Paul récrit par Luc, que Wojtyla aime aussi à resituer dans l’expérience vécue de Paul et des apôtres. La superposition, que fait Wojtyla, du moment de l’appel sur l’Aréopage (surtout les versets 23 et 30) et de l’adresse aux contemporains qu’a constitué le concile Vatican II est caractéristique de son appréhension de ce dernier : pour Wojtyla, le témoignage du Concile renouvelle d’une part la possibilité de dialogue avec tout homme sur la base de la théologie naturelle (le « Dieu pour tous » qu’est le « Dieu inconnu » recherché à tâtons par tous) et, de l’autre, représente une proposition renouvelée de comprendre l’homme à l’aune du « Christ qui assume tout ce qui est vrai, bon et beau de l’homme » (cat. 11). L’appel de Pierre aux habitants de Jérusalem comme celui de Paul à ceux d’Athènes était un appel à la conversion (Ac 2, 38 ; cf. Ac 17, 30). Tel est encore, selon Wojtyla, l’appel que l’Église adresse au monde à l’issue du concile : un appel à la conversion et à la guérison du péché qui provoque de multiples déchirures internes et externes, dont souffrent les individus et peuples contemporains. Cet appel se trouve paraphrasé ainsi par Wojtyla : « Ce “convertissez-vous” (Ac 2, 38) signifie : “Entrez, pénétrez dans le mystère vivifiant du Christ, puisez à sa vie.” » Celui qui est allé jusqu’au point ultime de la solidarité avec l’homme, en un geste d’identification et d’expiation miséricordieuse, est aussi celui qui, par la force de l’amour créateur invincible, est garant de l’espérance pour ceux qui le reçoivent. On perçoit donc déjà, à travers l’approfondissement du message de Paul et la communion avec le souci conciliaire, le grand élan à la fois christo-centré et missionnaire qui portera le pontificat de Jean-Paul II.

  • 12  « E così mi presento a voi tutti, per confessare la nostra fede comune, la nostra speranza … », pr (...)
  • 13  La perspective de l’éditrice est avant tout littéraire : elle s’est intéressée à rendre les varian (...)
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8Enfin, on l’a dit, ces catéchèses représentent une mise en situation, renouvelée dans leur expression, des moments successifs de la confession de foi (plutôt selon le Symbole des apôtres que selon celui de Nicée-Constantinople), qui n’interviennent pas toujours dans l’ordre où ils se rencontrent dans le Credo. Elles constituent ainsi une sorte de compendium de la foi chrétienne, un compendium biblique, fondé sur les épîtres pauliniennes et sur les évangiles, où chaque élément est abordé sous l’éclairage profond et original de la première prédication apostolique, comprise non comme identitaire, mais comme inclusive du meilleur de la pensée grecque ambiante. On se souviendra qu’au moment de son premier contact en tant que pape avec les fidèles présents sur la place Saint-Pierre de Rome le 16 octobre 1978, soit un peu plus de dix ans après ces catéchèses, Wojtyla, devenu Jean-Paul II, a déclaré : « Et ainsi je me présente à vous tous, pour confesser notre foi commune [et] notre espérance12… » La confession de la foi était bien au centre de la préoccupation de l’A., et le fait qu’il ait fait dactylographier son manuscrit laisse entendre qu’il pensait à une publication de ce cycle. Pour des raisons que nous ignorons, il n’a pas donné suite à ce projet. Il faut savoir gré aux éditeurs polonais13 d’avoir réparé, une cinquantaine d’années plus tard, cette négligence. Ils donnent à connaître une proposition du christianisme profonde, simple et articulée, qui est en même temps une initiation à la théologie du Nouveau Testament et renouvelle pour les lecteurs d’aujourd’hui l’appel initial de Paul comme celui des Pères conciliaires14.

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Notes

*  K. Wojtyła, Kazanie na Areopagu. 13 katechez [Le Sermon sur l’Aréopage. 13 en seignements], éd. par M. Burghardt, Krakow, Wydawnictwo literackie, 2018, 160 p. (dont 117 pour les catéchèses proprement dites, qui comportent 13 p. reproduisant des fac-similés du manuscrit et autant de pages porteuses de photographies, soit en définitive 93 p. de texte).

1  L’éditrice ne fait pas d’hypothèse précise sur la date de ce texte, difficile à situer dans la vie de son auteur. On peut affirmer que la rédaction définitive de ces pages est postérieure au 8 décembre 1965, puisque Wojtyla se réfère à la Constitution Gaudium et spes, promulguée ce jour-là. En outre, les chants latins dont les versets successifs servent à numéroter les pages (au rythme d’un verset par page) sont en usage au temps pascal (Victimae paschali laudes), pour la Pentecôte (Veni, sancte spiritus) et la fête du Corps et du Sang du Christ (Adoro te, devote), ce qui suggère que le début de la rédaction a pu coïncider avec le temps pascal, où d’ailleurs on lit liturgiquement le livre des Actes, au moins en sa première partie. Cependant, le printemps de l’année 1966, auquel on pourrait penser, a vu les célébrations du millénaire de la christianisation de la Pologne, et on ne trouve dans ces pages, pourtant tournées vers l’évangélisation, aucune allusion à cet événement. D’ailleurs, le kalendarium élaboré par A. Boniecki ne mentionne aucune récollection de ce type au printemps-été 1966 (voir A. Boniecki, Kalendarium zycia Karola Wojtyly, Krakow, Znak, 1983, p. 252-257). De manière générale, le cycle frappe par son absence de référence à tout contexte autre que conciliaire.

2  Quelques indices, en particulier le souci pédagogique qu’a l’A. de rappeler le contexte paulinien et l’essentiel des acquis précédents au début de chaque nouvelle catéchèse (cf. « comme on l’a rappelé dans la précédente catéchèse », en cat. 2, 1) suggèrent que ces méditations ont pu être réellement prononcées, ou du moins entendaient l’être. L’absence de références culturelles plus poussées, le style simple et la division en courtes sections font penser que la série était destinée à un public sans formation particulière. Le manuscrit raturé est complété par une version dactylographiée plus propre et précise, ce qui laisse entendre que l’A. pensait à la publication de ces « catéchèses », selon sa propre désignation.

3  K. Wojtyla est devenu évêque auxiliaire de Cracovie en 1958, puis archevêque en 1964, alors qu’il participait aux sessions du concile Vatican II depuis deux ans. En 1968, il sera fait cardinal.

4  Ces deux documents ont été soumis au vote respectivement en octobre et décembre 1965, l’adoption du second marquant le dernier jour de la dernière session du Concile (8 décembre 1965). Les interventions de Wojtyla au concile Vatican II ont été publiées par D. Lebrun (Interventions de Karol Wojtyla au concile Vatican II, Paris, Parole et Silence, 2012), et lui-même a ensuite rendu compte de cette expérience et de son contenu dans son ouvrage Aux sources du renouveau. Étude sur la mise en œuvre du concile Vatican II, Paris, Parole et Silence, 2012 (original polonais paru en 1972). On en trouvera une présentation synthétique très suggestive chez G. Weigel, Jean-Paul II témoin de l’espérance, Paris, J.-C. Lattès, 1999 (trad. de l’original américain Witness to Hope: The Biography of Pope John Paul II), p. 205-219.

5  Voir les citations faites par Weigel, Jean-Paul II témoin de l’espérance, aux p. 212‑217, qui correspondent à la période de la dernière session du Concile en 1965.

6  Cet hémistiche correspond à la première moitié du v. 5 du prologue des Phénomènes du poète philosophe Aratos de Soles (près de Tarse), dont la formule ici, peut-être reprise aussi par Timagène, consonne avec le quatrième vers de l’hymne de Cléanthe (« car nous provenons de toi… »). La référence de Paul est d’ailleurs globale : « comme l’ont dit aussi certains poètes de chez vous » (Ac 17, 28b).

7  Le discours de Paul fait aussi allusion au récit de la création de l’homme en Gn 2, 7.22 (Ac 17, 25-26).

8  Je cite : « “être de la race” signifie “être engendré” : ainsi cette expression, empruntée à la poésie païenne, pénètre profondément dans le mystère de l’adoption filiale […] : “il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu”, comme le proclame l’évangéliste Jean dans le prologue du quatrième évangile (cf. Jn 1, 12) » (cat. 3). Ce passage est caractéristique d’une dimension de la méthode de l’A., qui est à proprement parler catéchétique, c’est-à-dire qu’il développe les potentialités du texte des Actes pour le prolonger par des éclairages plus explicites du Nouveau Testament.

9  K. Wojtyla ne fait pas explicitement référence à Aristote, mais les échos des analyses de la première partie du Livre III de l’Éthique à Nicomaque sur les conditions de l’acte libre, la responsabilité et le libre-choix humain sont facilement reconnaissables.

10  On pourrait évoquer un dernier aspect, mystique, qui s’exprime par l’attention à la présence d’intercession et de louange du Verbe divin dans le cosmos et par la visée de l’union sponsale du Christ et de l’humanité sauvée attendue au terme de l’histoire.

11  Voir aussi Ga 2, 20, où la même affirmation est exprimée en Ich-Stil.

12  « E così mi presento a voi tutti, per confessare la nostra fede comune, la nostra speranza … », première allocution publique depuis la loggia de Saint-Pierre, le 16 octobre 1978 (http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/it/speeches/1978/documents/hf_jp-ii_spe_19781016_primo-saluto.html).

13  La perspective de l’éditrice est avant tout littéraire : elle s’est intéressée à rendre les variantes indiquées par les ratures et les reprises sur le manuscrit original. On relève quelques erreurs, par exemple dans la traduction des titres courants latins. Une approche plus conforme au contenu biblique, théologique et mystique du texte aurait peut-être été plus profitable. Mais rien n’empêche qu’une nouvelle édition plus accessible corresponde davantage à ces critères.

14  Comme on sait, K. Wojtyla est retourné à Athènes en mai 2001, après Jérusalem en mars 2000. Il a prononcé sa propre « déclaration sur l’Aréopage », commune avec l’archevêque grec orthodoxe d’Athènes. Et, dans la cathédrale St Denys l’Aréopagite, il a déclaré : « Rappelez-vous toujours que la vie en intimité avec le Christ affermit la foi et donne l’audace pour la mission ! N’ayez pas peur de retransmettre aux jeunes la Bonne Nouvelle du Christ, pour leur permettre d’édifier leur vie personnelle et de s’engager dans l’Église et dans le monde » (4 mai 2001, http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/speeches/2001/may/documents/hf_jp-ii_spe_20010504_san-dionigi.pdf).

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Pour citer cet article

Référence papier

Agnès Bastit-Kalinowska, « Dieu pour tous. Un inédit polonais de Karol Wojtyla sur le discours de Paul sur l’Aréopage (Ac 17, 22-31) »Revue des sciences religieuses, 93/1-2 | 2019, 171-177.

Référence électronique

Agnès Bastit-Kalinowska, « Dieu pour tous. Un inédit polonais de Karol Wojtyla sur le discours de Paul sur l’Aréopage (Ac 17, 22-31) »Revue des sciences religieuses [En ligne], 93/1-2 | 2019, mis en ligne le 06 juin 2019, consulté le 19 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/rsr/6361 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rsr.6361

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Auteur

Agnès Bastit-Kalinowska

Université de Lorraine

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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