BCH 136-137 (2012-2013) Byllis

Nicolas Beaudry, Stéphane Büttner, Pascale Chevalier, Tony Kozelj, Skënder Muçaj, et Manuela Wurch-Kozelj 1

Désertée à la fin du vie-début du viie s. devant la pression continue des incursions avaro-slaves, la ville de Byllis, fondée à l’époque hellénistique au sommet d’une colline calcaire dominant la rive droite de la Vjosa (Aôos), constitue un observatoire privilégié des bouleversements que connaît le tissu urbain à la fin de l’Antiquité. Ce siège épiscopal indépendant depuis le milieu du ve s. est, au vie s., l’une des villes les plus importantes de la province d’Epirus Nova 2. Les ve-vie s. sont marqués par d’importants travaux de fortification au milieu du vie s. par l’architecte de Justinien Viktôrinos, réduisant de deux tiers l’espace intra-muros (11 ha) et provoquant une modification notable du réseau viaire, la spoliation des édifices antiques majeurs (théâtre, stoai, etc.) et la construction de thermes, d’ateliers et de maisons, ainsi que de cinq basiliques, dont une cathédrale sur le flanc de laquelle se concentrent les bâtiments nécessaires à la vie de l’évêché, qui finit par administrer cette petite cité montagnarde 3.

La campagne évoquée ici marque l’aboutissement du projet franco-albanais porté depuis 2000 par l’École française d’Athènes et le ministère des Affaires étrangères et européennes, avec un apport important du Fonds québécois pour la recherche scientifique et culturelle et de l’université du Québec à Rimouski (2008-2012), en collaboration avec l’Institut archéologique du centre des Études albanologiques de Tirana et, dans une moindre mesure, le Parc archéologique national de Byllis 4. La quatorzième et dernière campagne de terrain à Byllis a occupé trois semaines, du 11 au 28 mai 2012, avec une