NOUVELLE CONTRIBUTION DE L'ÉPIGRAPHIE CUNÉIFORME À L'HISTOIRE HELLÉNISTIQUE*
Le regain d'intérêt que manifestent depuis la seconde guerre mondiale les spécialistes des textes cunéiformes pour les documents les plus tardifs de cette littérature, ceux des époques hellénistique et parthe, est une aubaine pour les historiens classiques. Il suffira de rappeler ici quelques noms, à l'étranger d'abord ceux de L.T. Doty, B. Funck, A K. Grayson, D. A. Kennedy, G. J. P. McEwan, O. Neugebauer, J. Oelsner, R. A. Parker et W. H. Dubberstein, A. Sachs, G. X. Sarkisjan, D. J. Wiseman1. En France MM. J.- M. Durand et Fr. Joannès exploitent aujourd'hui, comme l'avaient fait avant eux F. Thureau-Dangin et M. Rutten, nos propres collections2. Parmi les historiens A. Aymard a montré mieux que personne ce que l'histoire peut attendre de cette épigraphie cunéiforme ainsi qu'en témoigne l'étude qu'il rédigea en 1955 sur la chronologie des Séleucides d'après une liste royale publiée en 1954 par A.J. Sachs et D. J. Wiseman, sans parler du véritable mémoire qu'il avait déjà consacré en 1938 à des contrats d'Uruk-Warka du Louvre que venait de faire connaître M. Rutten3. Un ouvrage
(*) Une version abrégée de cette étude a paru sous forme d'une «Note d'information» dans les CRAI (1989), p. 294-307. Je remercie très vivement M. J.-M. Durand, mon collègue à l'École Pratique des Hautes Études, qui m'a fait connaître dès sa parution l'ouvrage dont je rends compte, ainsi que M. Fr. Joannès qui m'a fait bénéficier de plusieurs remarques sur la traduction et l'interprétation du texte. Les deux cartes qui illustrent cet article sont dues à M. G. Lecuyot, architecte, URA 1222 du CNRS. (1) Bibliographie dans J. Oeslner, Materialen zur babylonischen Gesellschafl und Kultur in hellenistischer Zeit (1986). (2) J.-M. Durand, Textes babyloniens d'époque récente (1981); Fr. Joannès, Textes économiques de la Babylonie récente (1982); Anatolica 7 (1979-1980), p. 99-111. (3) On trouvera ces deux études réunies dans A. Aymard, Études d'Histoire ancienne (1967), p. 178-213, «Une ville de la Babylonie séleucide d'après les contrats cunéiformes» et p. 263-272, «Du nouveau sur la chronologie des Séleucides». Parmi les études historiques plus récentes il faut signaler en particulier celles de S. Sherwin-White et notamment la dernière en date qui utilise largement les données de l'épigraphie cunéiforme, dans Hellenism in the Easl, éd. A. Kuhrt et S. Sherwin-White (1987), p. 1-31.
