What do we deserve. A reader on justice and desert. Edited by Louis P. Pojman and Owen McLeod. Un vol. 23 x 16 de 317 pp. New York-Oxford, Oxford University Press, 1999.

Le concept de «mérite», qui occupait autrefois une place centrale dans la théorie éthique et politique, a été relégué dans les marges de la plupart des théories contemporaines. Rawls a défendu l'idée que le concept de mérite n'avait pas de place dans une théorie de la justice. Et si l'on jette un coup d'œil sur les définitions données des mots «mérite» et «mériter» dans le Petit Larousse (ou dans n'importe quel autre dictionnaire), on comprendra facilement pourquoi on hésite à se servir, en philosophie politique ou en éthique, d'un concept aussi peu précis3. L'impression immédiate est qu'il s'agit d'un concept lié à des visions du monde prémodernes, dans lesquelles estime, dignité, récompenses, gloire étaient déterminées de façon très générale par des coutumes ou des hiérarchies, des reconnaissances culturelles particulières, dans le cadre d'une morale des vertus et de l'honneur. Et il est vrai que la notion de mérite a fait l'objet de nombreuses réflexions dans l'histoire de la philosophie, depuis l'antiquité. On pourrait croire, dès lors, que la publication d'un Reader sur le thème du mérite est liée au retour de philosophies politiques communautariennes ou traditionalistes. Mais les éditeurs de l'ouvrage affirment qu'il n'en est rien et que si on assiste