Boèce et Porphyre

Boèce (480-N24 environ) vécut à une époque qui mérite d'attirer spécialement notre attention. C'est celle où la civilisation gréco-romaine a péri presque tout entière. C'est celle aussi où quelques groupes d'idéalistes, en s'entêtant dans des admirations démodées, réussirent à intéresser l'Église à la science et à la philosophie grecques, et en sauvèrent ainsi tout juste assez pour préparer la Renaissance.

Cette œuvre de salut, on le sait, fut accomplie en grande partie par l'école néo-platonicienne. L'honneur en revient, pour l'Orient, aux derniers des commentateurs qui travaillèrent dans les écoles d'Alexandrie et d'Athènes, et, pour l'Occident, à une série de platoniciens ou de chrétiens « platonisants » isolés : Chalcidius, Marius Victorinus, Macrobe, et tout particulièrement Boèce.

Je ne puis m'attarder à décrire ici la personnalité et l'œuvre variée de ce descendant de l'illustre famille des Anieii. gendre de Symmaque, patrice, consul, et ministre du roi des Ostrogoths Théodoric. Ami de Cassiodore, et comme lui grand ami des livres, Boèce, après tous les sacs de Rome, trouva encore le moyen de se faire une belle bibliothèque, installée dans des salles somptueuses, entre des lambris couverts d'ivoire et de glaces. A la fois homme d'État, poète, logicien, théologien, mathématicien, il fut encore curieux des sciences techniques, à tel point que Théodoric le chargea un jour de faire confectionner pour le roi des Burgondes Gondebaud deux horloges monumentales, l'une portant un cadran solaire, l'autre réglée par les mouvements d'une clepsydre. Il fit mieux que cela d'ail-