LE CYNOSARGES, ANTIOCHOS ET LES TANNEURS. QUESTIONS DE TOPOGRAPHIE
En dépit de découvertes et de réflexions assez récentes, l'extension du lieu-dit Cyno- sarges1 et les sites exacts de son gymnase et de son Héracléion ne paraissent pas encore établis par des preuves irréfutables*. Elles ne viendront que de textes nouveaux ou méconnus, peut-être de fouilles si toutefois la croissance d'Athènes leur octroie encore une étendue suffisante. Cependant, au fil du temps, les hypothèses se métamorphosent en certitudes. À l'occasion d'une recension de tous les documents disponibles sur les lieux où Antisthène l'Athénien (D.L. VI 13) et le stoïcien Ariston de Chios (D.L. VII 161) dispensèrent leur enseignement philosophique2, le dossier topographique a paru mériter une relecture attentive, dans l'ordre chronologique où il s'est constitué. En exposer les conclusions ne va pas sans rappeler des éléments plus ou moins connus8 : d'abord, dans l'ordre
* B. Detournay et O. Didelot ont participé à cette recherche de multiples manières, Y. Rizakis et Ph. Collet en ont préparé l'illustration : que tous veuillent bien trouver ici l'expression de ma gratitude et de mon amitié. (1) La langue française abuse souvent de l'article défini devant Cynosarges. Les Grecs l'employaient rarement, dans les cas précis où ils voulaient désigner le gymnase de Cynosarges. (2) À paraître en 1992 sous forme de la notice «Le Cynosarges, histoire, mythes et archéologie» dans le Dictionnaire des philosophes antiques, vol. II, édité sous la direction de R. Goulet (ci-après M.-Fr. Billot, «Cynosarges»). Voir aussi M.-Fr. Billot, «Antisthène et le Cynosarges dans l'Athènes des ve et ive siècles», Actes du Coll. Intern. sur «Le Cynisme ancien et ses prolongements », Paris, 22-25 juillet 1991, à paraître en 1992 (ci-après «Antisthène et le Cynosarges»). Tous les textes anciens déjà connus ou nouvellement repérés y sont présentés dans leur ordre chronologique et, si nécessaire, analysés. Je n'ai retenu ici que les textes relatifs à mon propos. (3) Notamment par les travaux et synthèses de W. Judeich, Topographie von Athen*, Handbuch der Altertumswissenschafl III, h, 2 (1931), p. 422-424 ; J. Delorme, Gymnasion. Étude sur les monuments consacrés à l'éducation en Grèce, des origines à l'Empire romain, BEFAR 196 (1960) (ci-après Gymnasion), p. 28, 33, 36, 44-49, 58-59, 317, 333, 338-339, 346-347, 366, 395 n. 3, 446 et 448; J. N. Travlos, Πολεοδομική έξέλιξις των 'Αθηνών (1960) (ci-après Πολεοδομική έξέλιξις), ρ. 90-92, ρΐ. II, III et IV; R. Ε. Wycherley, «Peripatos : the Athenian Philosophical scène — II », Greece and Rom 9 (1962), p. 13-15 ; « Pausanias at Athens II. A Commentary on Book I, chapters 18-19», GRBS 4 (1963), p. 170, fig. p. 164 ; J. Travlos, «Τό γυμνάσιον τοϋ Κυνοσάργους », AAA 3 (1970), p. 6-14 (le plan donné p. 7 est aussi publié dans BCH 94 [1970], p. 889, fig. 12, d'où ici notre fig. 1) ; Bildlexikon zur Topographie des antiken Athen (1971) (ci-après Bildlexikon), p. 340-341 et 579, fig. 219 et 379, nos 192-194; R. E. Wycherley, The Stones of Athens (1978), p. 229-231 ; D. G. Kyle, Athletics in Ancient Athens, Mnemo- syne Suppl. 95 (1987), p. 84-92 et 99-101 passim. On y trouvera l'essentiel de la bibliographie antérieure.
