Un vol 20 x 13 de 324 pp. Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1993.

Les ouvrages sur la philosophie de Husserl au début de l'époque de Halle sont rares, et encore plus ceux qui s'attardent sur les rapports de celle-ci avec Franz Brentano. Le livre de Dieter Munch présente l'intérêt particulier d'être plus qu'un ouvrage d'érudition sur l'époque non phénoménologique du fondateur de la phénoménologie. En effet, ce livre est né d'une question ouverte sur l'actualité philosophique: Quel est le rôle de la sémiotique dans l'œuvre de Husserl? Pourquoi la sémiotique disparaît-elle de l' avant-scène de l'œuvre de Husserl en même temps que la psychologie empirique? Quel est le rapport de l'émergence du concept d'intention avec le caractère dévalué de la sémiotique? Ces questions déboucheront, dans la dernière partie de l'ouvrage, sur une confrontation entre la philosophie précoce de Husserl et les perspectives de l'intelligence artificielle.

La première partie de ce livre s'essaie à clarifier les concepts d'intention et de signe. Le domaine couvert par ces deux concepts est énorme puisqu'ils sont les deux instruments centraux de la phénoménologie d'une part et de la sémiotique et de la philosophie analytique du langage de l'autre. Malgré la distance, et souvent l'opposition de ces deux courants, il faut reconnaître aussi une certaine proximité. M. Dumett, par exemple, compare les œuvres de Frege et de Husserl au Rhin et au Danube qui ne jaillissent pas loin l'un de l'autre, s'écoulent ensuite parallèlement sur un bout de chemin puis dans des directions complètement différentes pour se jeter dans deux mers différentes. Un problème commun, déjà, serait celui des propositions intentionnelles que l'on peut définir comme des énoncés fait sur des états mentaux. Comment distinguer une