398 JEAN BOUSQUET

NOTES D'ÉPIGRAPHIE THASIENNE

Les deux volumes de Recherches sur l'Histoire et les Cultes de Thasos, parus en 1954 et 1958 sous la signature de J. Pouilloux (Rech. I, thèse de doctorat) et de Christiane Dunant et J. Pouilloux (Rech. II), joints aux fascicules des IG, XII, 8 et IG, XII, Suppl., nous permettent aujourd'hui de prendre une vue d'ensemble de l'épigraphie thasienne. Ils constituent, avec des indices complets et une abondante illustration, un excellent instrument de travail offert aux non- spécialistes de Thasos, et grâce à eux il est possible de présenter ici, non point un véritable compte rendu critique de portée générale, mais simplement quelques remarques sur l'établissement des textes. Pas de tous d'ailleurs, ni des plus importants : il est impossible de recommencer l'étude de tous les fruits d'une magnifique récolte, et les plus beaux ont été, semble-t-il, l'objet de soins attentifs et de recherches étendues. C'est sur des détails, et des inscriptions généralement « mineures », que portera notre attention ; dans cet énorme travail, il est naturel que le lecteur trouve à glaner sa mince gerbe d'épis négligés. Voici la mienne, que j'offre amicalement aux auteurs. Pour la commodité de l'exposé, je suivrai l'ordre des textes publiés dans les deux volumes.

Rech. I, p. 36, n° 5 : Repris par Peek, GVI, 1227 a, avec essais de compléments. Il me semble abusif de déduire du patronymique "Αρχωνος que « le défunt appartenait à la société où se recrutaient les magistrats », même si le nom se rencontre dans une liste de magistrats.

I, p. 78, note 1 : l'établissement du texte de l'inscription delphique pour Théogénès eût gagné à accepter plus nettement les lectures de Peek, soit v. 4 κρατών ; 5 σοΐδέ ; 6 2ς (= εις-), avec ponctuation forte après ce mot en rejet ; 8 κύκλωι. Les bonnes lectures, que j'ai vérifiées de mon côté, sont reproduites par L. Moretti, Iscr. Agon. Gr., n° 21. Le début restera toujours incertain, mais les lectures de Peek pour le vers 2 sont un progrès vers l'exactitude.

I, p. 86, n° 13 : le caractère métrique de l'inscription a été méconnu. Les mots entrent dans un hexamètre, avec synizèse des deux dernières syllabes, et devant Έρμιππος, l'iôta ne peut appartenir qu'à une diphtongue abrégée en hiatus au temps faible. J'ai donc restitué [Ήρακλε]ΐ ν. 1, [μνημ' ά]νέθηκε ν. 2, mais J. Pouilloux me prévient que la partie gauche a été découverte à Thasos en 1958, et qu'il s'agit bien d'une dédicace à Héraclès, qui n'est pas sans importance à Thasos vers le milieu du ve s. (cf. Rech. I, p. 91 sq., 361 sq.) (1).