Revue théologique de Louvain, 25, 1994, 46-59. Emilio Brito

L'Unique

Chronique de christologie

Les neuf ouvrages de cette chronique seront répartis en plusieurs sections. La première réunit deux livres de registre philosophique: le bref ouvrage de A. Savignano sur le Christ d'Unamuno, et l'ample synthèse - fruit de trois lustres de recherche - que X. Tilliette a modestement sous- titrée «Prolégomènes à une christologie philosophique». La seconde rend compte de deux ouvrages où le dialogue de la christologie avec les religions occupe une place importante, voire prédominante: celui de R. Viladesau n'attribue pas moins de trois de ses huit chapitres aux religions non-chrétiennes, tandis que plus de la moitié du livre de J.P. Keenan s'efforce de discerner l'apport possible de la pensée bouddhique à la compréhension du Christ. La troisième est réservée à un ouvrage de J. Thurmer qui, en se centrant sur les données bibliques et la tradition chrétienne des premiers siècles, essaie notamment de relier le Jésus de l'histoire et le Christ de la foi. Les deux livres groupés dans la quatrième partie étudient deux christologies de notre époque, respectivement celle de E. Schillebeeckx et celle de W. Kas- per. Viennent enfin deux essais italiens de christologie systématique (signés A. Amato et G. Moioli).

I

// Cristo di Unamuno1, de A. Savignano, comprend une anthologie de textes et une substantielle introduction (p. 5-41). Cette dernière se centre sur les aspects philosophiques et théologiques de la réflexion complexe de M. de Unamuno (1864-1936) sur la figure du Christ (sans insister sur les problèmes d'ordre littéraire, esthétique ou socio-politiques). L'A. souligne la profonde unité d'inspiration - aussi bien au niveau littéraire qu'à celui des idées - de cette vision du Christ, caractérisée par une inquiétude dialectique, qui marque aussi la conception unamunienne de la foi (comme confiance et jaillissement créateur). L'évolution spirituelle du penseur basque fut cependant complexe. Dans sa jeunesse, il avait adopté un «positivisme hégélien» (1880-1890), pour adhérer ensuite au «krausisme positiviste», au sens précis que A. Jiménez Garcia attribue à cette expression. Après la crise religieuse (1897-1898), Unamuno se convertit, pour un temps assez bref, au protestantisme libéral (1899-1903). Dans sa pleine maturité, il