Xavier Tilliette, Le Christ de la philosophie (Cogitatio Fidei, 155). Un vol. 22x14 de 294 pp. Paris, Éditions du Cerf, 1990. Prix: 145 FF.

La présence intense du Christ dans les philosophies modernes est restée littéralement inaperçue des historiens, occultée par les critiques, du moins jusqu'à il y a une trentaine d'années. Le P. Tilliette aura sans doute contribué plus que nul autre à modifier cette situation regrettable. Le présent ouvrage a été précédé et préparé par de nombreux cours, articles, ouvrages (notamment la récente Christologie idéaliste), échelonnés sur une quinzaine d'années. L'A. avait été frappé jadis par des spécimens de christologie philosophique ajoutés par H. Gouthier à son étude sur Bergson et le Christ des Évangiles. Mais dès cette époque il pensait qu'en philosophie on ne devait pas se contenter d'une christologie simplement empirique (c'est-à-dire du Christ tel que l'ont décrit les philosophes). Aujourd'hui il vise, dans ce livre synthétique, un «Christ de la philosophie», dont la physionomie s'ébauche à travers la diversité des portraits situés. Chercher où gît l'affinité de la philosophie avec la christologie, et inversement quel est l'impact de la christologie — pas seulement du Christ — sur la philosophie, tel serait l'objet d'une véritable christologie philosophique. Il y a là plus qu'un chapitre de philosophie de la religion ou d'apologétique. Il s'agit, bien entendu, d'une christologie appartenant à l'âge moderne, survivant à l'indépendance de la philosophie (la christologie philosophique des médiévaux étant strictement calquée sur la christologie théologique).

La première partie (Heuristique) s'efforce de dégager l'idée de la christologie philosophique, de la laver de la suspicion de réduction-