COLLECTION PAUL CANELLOPOULOS (XVI)

ANTIQUITÉS CYCLADIQUES*

Au troisième millénaire avant Jésus-Christ, les habitants des îles égéennes vivaient de la piraterie (Thucydide, I, 4, 8 : ληστού). Cependant, comme on l'observe souvent dans les rapports entre données historiques et faits artistiques, leur art est empreint d'une grande sérénité et d'une grande pureté. Leurs productions artistiques, simples dans leurs contours et leurs volumes, comme dans leur inspiration, sont en harmonie avec l'environnement naturel et témoignent d'affinités profondes avec la ligne dépouillée des collines, la lumière brûlante et la transparence de l'atmosphère. Des conditions tourmentées (qui nous resteront sûrement à jamais inconnues) ont fécondé ce goût naturel de l'artisan cycladique pour l'œuvre à la fois simple et dense.

Des témoignages archéologiques indiquent que les îles furent habitées au moins dès l'époque néolithique. Sur les îlots de Saliagoset d'Antiparos, on a retrouvé les vestiges de l'installation néolithique la plus ancienne qui soit connue à ce jour dans les Cyclades. Mais c'est entre 3000 et 2000 av. J.-C. que les îles connaissent leur apogée, lorsque leur art, à la faveur du développement des communications, déborde les centres de production pour se répandre de façon uniforme dans la plupart des îles de l'archipel. Des vases, des idoles et des outils d'origine cycladique sont exportés, non seulement en Crète, à Cythère, en Attique (Marathon) et jusqu'à Lemnos, à Samos et en Carie, mais aussi sur les côtes lointaines de la Méditerranée, en telle quantité qu'on a pu parler de colonies cycladiques. Mais c'est dans les Cyclades mêmes