PHILIPPE BRUNEAU 4'Λθ
ISIS PÉLAGIA A DÉLOS
Deux documents déliens
Le Musée de Délos possède plus de trois mille cinq cents lampes antiques (1) ; peu sont d'époque romaine, mais sur quelques unes de celles- ci figurent des sujets rares. C'est le cas d'un fragment de disque mentionné déjà une fois par P. Roussel comme représentant Isis Pélagia (2).
B. 2984. Trouvé le lu. 7. 1909 au Sarapieion G. Dans sa plus grande largeur, le fragment atteint 8 cm. 5 Argile bien épurée formant une pâte très dense et dure, de couleur crème très clair. Pas de vernis. La surface intérieure n'est pas lisse mais sillonnée de lignes irrégulières et fines.
Vers la gauche, une femme debout sur un bateau qui ressemble à une échelle couchée. Des deux mains et du pied droit elle maintient un tissu qui semble gonflé par le vent ; la main droite est sensiblement plus haute que la gauche. Les jambes forment un grand angle ; celle de gauche prend appui en arrière, mais la partie inférieure manque ; celle de droite, légèrement pliée, se porte très en avant. Les cheveux, tirés vers l'arrière et ceints d'un bandeau, forment chignon. Le personnage est vêtu d'une longue robe transparente qui laisse deviner le modelé des jambes. De l'épaule droite et de l'avant-bras gauche autour duquel il s'enroule, part un voile, — mutilé à l'arrière — , qui flotte derrière le personnage au niveau de sa poitrine.
Le travail est très soigné (ainsi les mains, l'œil, la chevelure) ; les cheveux et les plis des vêtements sont rendus par des lignes très fines, le voile qui flotte derrière le personnage est traité en dégradé (les incisions sont de moins en moins marquées en allant des bords vers le centre), ce qui suggère la profondeur ; tout cela est bien différent des incisions assez grossières fréquentes sur les lampes romaines (flg. 1 et 2).
Il s'agit certainement d'une lampe corinthienne comme l'indiquent la couleur de l'argile, l'absence de vernis et l'exécution du dessin (3), voire l'aspect du revers (4). Il reste trop peu de notre lampe pour déterminer à quel type elle appartenait, mais le fragment que nous possédons provient
(1) W. Deonna avait présenté jadis (BCH, 32, 1908, pp. 131-176) une étude préliminaire à la publication qu'il avait annoncée (E A Délos, 18, Le Mobilier Délien, Paris, 193S, p. II) et qu'il n'a pu mener à bien. L'étude de ces lampes vient d'être reprise. (2) Les Cultes égyptiens à Délos, Paris-Nancy, 1915-1916, p. 67. (3) Comparer par exemple : J. Perlzweig, The Athenian Agora, VII, Lamps of the Roman Period, n° 226 (lre moitié du ne s. ap. J.-G.) et 233 (ne s. ap. J.-G.). (4) Tout à fait semblable à celui d'une lampe de l'Agora d'Athènes (L 5400.)
