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Actualité de la recherche

Genre et armées d’Amérique latine

Luc Capdevila
p. 147-168

Texte intégral

1Les recherches sur genre et armées d’Amérique latine, pour la période contemporaine, concernent deux grands ensembles thématiques : d’une part les rapports de genre à l’intérieur de la sphère militaire et dans le cadre des conflits armés ; d’autre part les rapports entre genre et dictatures militaires.

2 À l’échelle du sous-continent, en deux siècles d’histoire, les militaires ne forment pas un bloc homogène. Ils ne peuvent être réduits aux seules armées régulières1. Depuis la conquête, la violence légitime a été exercée par la troupe d’origine métropolitaine et par les colons mobilisés dans des forces auxiliaires, parfois par les indigènes des réductions jésuites armés pour se défendre contre d’autres hommes en armes : les bandeirantes2. Depuis la fin du XIXe siècle les armées latino-américaines ont rarement été impliquées dans des conflits internationaux. Par contre, elles interviennent dans le contrôle des espaces nationaux, la surveillance des terres de confins, la maîtrise des territoires et la répression des ennemis de l’intérieur ; ce qui conduit à élargir les problématiques aux groupes civils combattant aux côtés des forces régulières, ou contre elles : montoneras, gaucherías3, guerrillas, cangaço4, paramilitares, escadrons de la mort, etc, et, dans une certaine mesure, aux forces de police.

3 Malgré la richesse de ces thématiques et le développement des études de genre dans le sous-continent, les travaux sur genre et armées émanent d’un questionnement récent. Néanmoins, l’internatio-nalisation de la recherche, particulièrement forte dans cette région du monde, favorise la convergence des enjeux. Chercheurs latino-américains, nord-américains et européens interrogent ainsi le changement social qui influe sur le genre et la citoyenneté, le rapport à la violence et à la construction des identités, et questionnent les problématiques de l’écriture de l’histoire et celles de l’évolution du mouvement social à la suite de l’ouverture démocratique des années 19805. Sur ce thème, les travaux d’historiens ne sont pas les plus nombreux ; les recherches se concentrent sur la période récente et sont davantage menées par les sociologues, les politistes et les anthropologues. Plus que dans les études françaises, tout en intégrant généralement les échanges culturels dans les systèmes d’explication des changements de genre, les chercheurs mettent au nombre des déterminants identitaires, en plus de l’appartenance sociale, la variable ethnique6. Plus généralement, ces analyses reposent sur le débat consacré au machisme en tant que mise en ordre du genre, la place des mères en l’absence des pères dans l’imaginaire collectif, la figure de la Malinche7 comme mythe fondateur de l’ordre social et donc la difficulté des hommes à penser leurs relations avec les femmes dans la société et dans la famille latino-américaines8.

Les rapports de genre dans la sphère militaire

4 À l’échelle du continent, l’étude des rapports de genre au sein de la sphère militaire forme un premier ensemble varié en raison de l’hétérogénéité des sociétés militaires et des liens noués avec le monde des civils. La composition sociologique des armées amène d’emblée à marquer la différence entre les armées d’hommes et celle qui comprennent des femmes. Au XIXe siècle, des civils, dont les femmes et les enfants, suivaient les troupes, pour travailler grâce à la solde des militaires, mais aussi pour survivre en pillant le champ de bataille. Ce phénomène est assez peu étudié, voire ignoré9, tout en participant ponctuellement de l’environnement des histoires militaires10.

5Les chercheurs se sont surtout intéressés aux soldaderas mexicaines. Leur importance numérique et leur action au cours de la révolution (1914-1919), leur visibilité dans la littérature, la chanson, la photographie a favorisé des travaux d’histoire des femmes et des représentations11. Elizabeth Salas, à partir d’une enquête orale, a approfondi l’étude des conditions de vie des soldaderas dans les armées révolutionnaires, informant sur leurs motivations, leurs parcours, leurs stratégies et sur la mémoire collective mexicaine12. Soldadera signifie celle qui est payée avec la solde du militaire. Avec d’autres civils et leurs enfants, elles formaient la chusma13, qui suivait les armées à la guerre. Elles participent de la tradition militaire mexicaine, qui pourrait remonter jusqu’aux sociétés précolombiennes : les mociuaquetzque (femmes vaillantes) accompagnaient les guerriers mexicas à la bataille. Au XIXe siècle, cette présence féminine au côté des armées en campagne étonne les observateurs nord-américains et européens : ils la considèrent comme l’une des manifestations du délabrement de l’institution militaire14. Les soldaderas étaient des vivandières, des cantinières, souvent les compagnes des troupiers. Parmi elles, survivaient des filles et des jeunes femmes capturées et violées au cours des expéditions. Durant la révolution, des soldaderas ont pris les armes, certaines ont commandé des unités, elles ont participé à la guerre en soldats dans des proportions notables. Ces soldates ont représenté jusqu’à 20 % des effectifs. Nombreuses dans les armées zapatiste et carranziste, rejetées par Pancho Villa, leur existence a été vécue comme un archaïsme par des officiers. Dès les années 1920, la modernisation des armées s’est conclue par l’exclusion des femmes. À la suite des combats, l’indifférence première des pouvoirs publics à l’égard des vétéranes a évolué, dans les années 1930, vers leur reconnaissance, mais en tant qu’épouses de soldats ; c’est à ce titre qu’une pension leur a été finalement versée.

6Bien que peu étudié, l’équivalent de la chusma traverse le XIXe siècle ailleurs sur le sous-continent. Les publications montrent qu’elle était le fait d’une certaine inorganisation des armées régulières, dans la mesure où celles-ci confiaient aux civils l’essentiel du ravitaillement ; mais c’était aussi pour l’état-major le moyen de tenir les troupiers en ne séparant pas les hommes des femmes. Le cas du Paraguay est mieux connu en raison de son anéantissement au cours de la guerre de la Triple alliance (1865-1870) et de la mobilisation massive des femmes durant le conflit. La tradition historique nationale n’a cessé d’exalter ici le sacrifice et le patriotisme des Paraguayennes15. Les études récentes d’anthropologie historique mettent en avant les formes traditionnelles de cette première mobilisation : dans la société guaranie, les femmes suivaient les guerriers, portaient, s’occupaient des travaux agricoles. En 1865-1866, les épouses et les mères ont suivi spontanément les fils et les compagnons dans les zones de cantonnement. Dès lors, l’armée les a organisées militairement et les a fait participer effectivement au ravitaillement, à la production agricole, aux travaux de terrassement, mais sans les prendre en charge16. Au Brésil, les travaux sur genre et guerre sont plus récents. Dans le cadre d’une enquête d’histoire sociale et culturelle de l’armée, Peter M. Beattie développe le thème de l’enrôlement des femmes durant la guerre du Paraguay, dans la logistique, comme infirmières, certaines ayant combattu ; il signale également que les officiers ont facilité la présence des épouses et des enfants au côté de la troupe afin de limiter les candidatures à la désertion17. Au demeurant, l’état-major s’était déclaré favorable au recrutement des femmes pour les zones de frontières, dans la perspective de réduire la désertion et d’accroître le peuplement. En Bolivie, les recherches en histoire des femmes intègrent également les problématiques militaires ; elles s’inspirent en partie des historiographies européennes et nord-américaines, au regard d’une histoire contemporaine profondément marquée par les conflits internationaux. Dans un article d’histoire sociale et des représentations, Juan Quintana étudie le débat sur l’exclusion des vivandières et la modernisation des armées à la suite du traumatisme de la défaite de la guerre du Pacifique (1882-1885). Depuis le code militaire Ballivián de 1843, les vivandières, las rabonas, avaient un statut. Elles ont suivi la troupe sur le théâtre des opérations jusqu’à la guerre du Pacifique. À la suite de la perte du débouché océanique, le plan de modernisation militaire, dont la loi sur le service militaire de 1907, entraîna la derabonisación18 de l’armée ; les élites politiques partageaient le souvenir des rabonas en les associant à l’époque barbare des caudillos militaires du XIXe siècle19.

7En revanche, dans l’étude qu’Ariel de la Fuente consacre, à partir de l’exploitation des archives judiciaires et des correspondances familiales, aux guerres civiles opposant dans la région de la Rioja (Argentine) les Unitaires aux Fédéralistes (1853-1870), l’absence de visibilité des femmes dans leur participation aux montoneras est mise en relief20. Montonera vient de montón, c’est-à-dire ici un « tas » de gens. À l’origine de la montonera et de la guerrilla il y a la capacité d’un homme, un caudillo, à mobiliser une clientèle, des gauchos, notamment en donnant à ceux qui n’en n’ont pas un cheval, une arme et de la viande à manger, c’est-à-dire en offrant ce qui construit ou renforce l’identité masculine d’homme d’honneur dans la région. Le machisme est une construction du genre avec des pratiques de domination et de subordination entre hommes et femmes, mais également entre hommes. Un homme à pied n’est qu’un demi gaucho, ce qui marque le clivage radical entre le peón21 et le caballero22. La société gaucha, qui se militarise au XIXe siècle, clive très fortement les identités de genre. La bibliographie sur la culture, la société, les identités sociale ou nationale, l’histoire de l’univers gaucho est immense, autant pour l’Argentine23 que pour le Rio Grande do Sul (Brésil)24. Des travaux plus spécifiques ont été orientés sur la construction des identités de genre, notamment sur l’identité masculine en relation avec une culture de la mort, les violences entre hommes, le défi, le duel et le suicide25. Pour autant, lors des montoneras, plus généralement lors des guerres civiles, les femmes assistent au ravitaillement, suivent les hommes au combat, voire participent au recrutement et expriment un engagement politique26. Les récits, les archives publiques aussi, mettent souvent en relief le martyrologe des hommes et sous-estiment la répression dont furent victimes les femmes : pressions, humiliations, violences que les travaux sur la transmission orale permettent de mettre en évidence27.

8Les études sur le service militaire et la modernisation des armées (qui s’affirme à l’échelle du sous-continent au début du XXe siècle et entraîne, à l’identique de l’Europe, l’exclusion radicale des femmes de la caserne) montrent en quoi la conscription a conduit à bouleverser l’identité masculine et à repenser la citoyenneté. Il s’agit ici essentiellement des recherches que Peter M. Beattie a consacrées au Brésil, mais on pourrait certainement élargir ses thèses à d’autres pays de la région28. À partir de l’analyse des archives publiques, militaires, policières et judiciaires, il analyse la transformation de l’image du soldat, au long du XIXe et au début du XXe siècle, en relation avec la transformation de la citoyenneté. L’homme d’honneur ne pouvait se penser que par sa liberté et dans sa capacité à protéger les siens ; il n’avait donc que mépris pour le troupier. Dans le Brésil esclavagiste, l’identité masculine était fondée sur les attributs de l’homme libre. Le recrutement d’esclaves pendant la guerre du Paraguay, même si le port des chaussures et des armes – attributs d’homme libre – leur était interdit, a contribué à renforcer les stéréotypes dévirilisants du soldat, à la fin du XIXe siècle, associant la caserne à la prison, le troupier au criminel et à l’homme servile, et à ralentir la nationalisation de la citoyenneté masculine. Au moment du conflit, pour éviter l’enrôlement forcé, à la vue d’un officier recruteur, les noirs affranchis dissimulaient leurs chaussures et marchaient nu-pieds. La généralisation du service militaire au début du XXe siècle a participé d’un modèle d’intégration nationale et d’extension de la citoyenneté à tous les hommes, quelle que soit leur couleur. C’est également à ce modèle national que se sont référés les militaires péruviens au début du siècle29. De même, l’enquête que Francisco Ferrándiz a consacré à la masculinité dans les bidonvilles, aujourd’hui au Venezuela, montre comment, pour certains jeunes hommes, le service militaire est devenu un moyen pour sortir de la zone et pour devenir un autre homme, estimable30. Cette lecture du rôle de l’armée comme lieu d’intégration nationale et de construction des identités masculines est aussi étendue à l’étude des guerres. À partir de l’histoire sociale et culturelle, les historiens boliviens renouvellent les recherches sur la guerre du Chaco (1932-1935). Celle-ci apparaît comme le lieu d’un début d’intégration des masses et de nationalisation des identités de genre masculines et féminines31, dans un pays qui demeure profondément clivé selon les différences sociales et ethniques32.

Genre et dictatures militaires

9Les régimes militaires ne se limitent pas aux dictatures des années 1960-1970. Selon les républiques, l’institution des forces armées a commencé à prendre la direction des affaires dès les années 1920 ou 1930. Le Paraguay, qui a connu avec le général Stroessner la dictature la plus longue d’Amérique du Sud (1954-1989), a vécu régulièrement sous une autorité militaire à la suite de la guerre du Chaco, notamment sous le long règne du général Morinigo (1940-1948). La chute d’Alfredo Stroessner en 1989 a favorisé le développement et l’expression d’une histoire critique, des intellectuels paraguayens militant pour outiller leurs concitoyens avec les référents d’une histoire nationale démocratique. En s’inscrivant contre la tradition historique virile héritée de la dictature qui reposait sur le culte des caudillos, la célébration des héros militaires et des faits d’armes, ces historiens exhument une autre histoire politique, dont l’histoire des femmes et du féminisme forment l’un des piliers. Cette nouvelle histoire paraguayenne est limitée, pour l’instant, à la publication de corpus documentaires, les auteur(e)s hésitant encore à publier des essais33.

10En ce qui concerne le péronisme, un régime militaire devenu civil, hormis les innombrables biographies d’Evita, l’historiographie reste peu fournie. Pourtant, le rôle et la personnalité toujours énigmatiques d’Eva Perón conduisent à centrer les analyses sur les liens noués, depuis la décade péroniste en Argentine, entre les femmes et la politique, autant dans le domaine des représentations et des mythes que dans celui des sociabilités, des clientèles et des cadres d’intervention34. À partir d’une enquête orale, Javier Auyero étudie, entre autres, le maternalisme social et l’identité des femmes péronistes d’aujourd’hui, fondée sur le sacrifice, le dur labeur et la maternité. Evita, la mère de la grande nation péroniste, à travers l’organisation féminine du parti justicialiste exhortait les mères argentines à soutenir leurs hommes. En 1947, la mobilisation des femmes a été ainsi réalisée selon les cadres traditionnels35. Il devient dès lors très intéressant d’observer que la formation politique initiale de nombre de mères et de grand-mères de la Place de Mai remonte aux années Evita36.

11La prégnance des rapports de genre dans les affrontements caractéristiques de ces régimes a favorisé une bibliographie particulièrement riche et dynamique, notamment en science politique et en sociologie. La répression exercée par les juntes à l’encontre des subversifs a inclus les féministes parmi les opposants à détruire37. Mais des travaux ont montré que la répression de groupes politiques et sociaux s’étendait plus généralement aux rapports de genre ; les militaires et les policiers plaçaient dans leur ligne de mire aussi les femmes et les hommes qui ne correspondaient pas à leurs canons de la féminité et de la virilité38. Pour l’Argentine, des témoins signalent que, lorsque les tortionnaires considéraient que telle « subversive » était récupérable, car elle se rapprochait de leur modèle féminin, avant de la libérer, l’ordre lui était intimé de se « refaire une beauté », voire de se raser les jambes39. Dans le Cône sud, les militaires ont œuvré ainsi à l’extension à la société tout entière de leur idéal de la mère au foyer et de leurs valeurs familiales. Les homosexuels, hommes et femmes, ont été directement menacés. Ils participent du groupe des disparus en Argentine, ont été assassinés au Chili et au Guatemala. Les enquêtes sur leur répression portent néanmoins souvent sur Cuba, le régime castriste étant parfois assimilé à un régime militaire40.

12Les valeurs conservatrices défendues par les régimes militaires ont permis des formes de résistance civile, les femmes étant moins réprimées dès lors qu’elles intervenaient sur la scène publique au titre des représentations traditionnelles de la maternité, celles de la défense de leur foyer41. Ces situations ne sont pas spécifiques aux dictatures terroristes du Cône sud des années 1970. À d’autres moments de l’histoire du sous-continent, des femmes sont intervenues sur la scène politique et ont su imposer un rapport de forces à leur avantage en utilisant une symbolique qui mettait le régime conservateur en contradiction. Patricia Fernández de Aponte le rappelle à travers l’épisode de la grève de la faim menée par des militantes du Mouvement national révolutionnaire (MNR) en 1951, à La Paz, pour obtenir le retour d’exil de leurs époux, cadres du mouvement42. Jean-Pierre Lavaud a réalisé une enquête sociologique de l’événement à partir d’une protestation du même type menée sous la dictature du général Bánzer. En 1977-1978, des militantes du mouvement des mineurs ont contraint le régime à céder sur la libération des prisonniers politiques, au titre d’un maternalisme défensif43. Augusto Pinochet admettait l’importance de l’action politique des femmes dès lors qu’elles intervenaient dans leurs fonctions « naturelles »44. Au demeurant, les organisations féminines de la Démocratie chrétienne chilienne avaient été partie prenante dans la mobilisation contre l’Unité Populaire et participé à la chute d’Allende45.

13La plupart de ces recherches en sociologie politique reposent sur des enquêtes orales et permettent de reconstituer des histoires de vie. Les travaux mettent en relief le contexte répressif dans lequel les femmes pouvaient intervenir et développer un mouvement protestataire en prenant moins de risque que les hommes au Salvador et au Guatemala46, et dans un contexte différent en Argentine47, au Chili48, en Uruguay49. Dans les républiques démocratiques, les femmes, plus présentes dans l’action locale que dans l’action nationale, étaient moins visibles dans l’espace public. Par contraste, les systèmes fermés, que sont les dictatures militaires, ont produit un haut niveau de mobilisation des femmes dans la sphère politique non institutionnelle ; elles se sont ainsi trouvées en première ligne. En effet, explique Ann Matear, la répression politique et économique, en menaçant directement la sphère privée et l’espace local, a mis les femmes immédiatement en contact avec les agresseurs50. La proximité des témoins induit des études fines des pratiques, des gestes et des codes ; elle permet d’analyser l’instrumentalisation du genre par les acteurs, d’observer comment les mères et les grands-mères de la place de Mai ont joué de leur identité sociale et ont su avantageusement bricoler avec les rapports de genre dans leurs modalités d’actions ; par exemple, en utilisant leurs maris comme agents de liaison, dès lors qu’aux yeux des agents de la répression ils apparaissaient, désormais, inoffensifs.

14La résistance militaire et les rapports hommes/femmes au sein de la guérilla orientent les travaux sur la participation des combattantes à la lutte armée, sur les liens entre guérilla et féminisme et sur leur répression51. Des études comparatives sur les guérillas, insérant davantage le masculin et la dynamique des identités de genre sont en cours52. La présence numérique des femmes dans ces différents mouvements est souvent importante, aux alentours de 30 % des effectifs, les assignations ne sont pas toujours traditionnelles. Au sein du M19 en Colombie comme au sein du Sendero Luminoso au Pérou, mais certainement pour des raisons différentes, les femmes étaient plus nombreuses, occupaient des responsabilités et participaient aux opérations militaires. Le Pérou, en effet, compte dans son histoire des femmes chefs de bandes, et des femmes guerrières53, c’est une histoire qu’il reste à travailler. Par contre, le M19, dont l’assise était urbaine et estudiantine, avait une dimension féministe.

15Le pendant de tous ces travaux porte sur la répression. Au Guatemala, les mères et les épouses des subversifs ont été souvent victimes de la répression en raison de leurs liens de parenté54. En Amérique centrale, comme dans les pays andins, la dimension ethnique et sociale intervient fortement dans les violences. La répression exercée par l’État est en général plus brutale à l’encontre des populations rurales et d’origine indigène. Dans le Cône sud, les violences envers les femmes ont été également très importantes, même si le statut public de mère les a souvent protégées. En Argentine, l’enquête menée par la commission chargée de faire la lumière sur les disparus précise que 30 % des victimes étaient des femmes, dont 3 % étaient enceintes55. Elle dénonce la disparition de familles entières. Au cours des tortures, les agressions sexuelles étaient systématiques. Hommes et femmes en ont autant souffert. Mais les études féministes centrent davantage les analyses sur les viols commis à l’égard des femmes. Ils ont participé à la fois des comportements individuels des bourreaux et de la stratégie terroriste ordonnée par la hiérarchie, notamment au Chili56. De ce fait, selon Charlotte Bunch, la notion de droits humains des femmes, telle qu’elle était débattue dans les organisations internationales à la fin des années 1980, remontait à l’initiative des féministes latino-américaines victimes des dictatures militaires57. Dans un autre contexte, celui des années 1980 et de la crise de la démocratie péruvienne, au cours de la guerre menée contre le Sentier Lumineux, dans la zone placée sous l’état d’urgence, Amnesty International avait dénoncé les viols et les violences spécifiques à l’encontre des femmes commis par les soldats58. De même, en étudiant la répression, qui est menée dans le Chiapas contre les populations indigènes proches de l’EZLN59 depuis 1994 par l’armée mexicaine et les paramilitaires, Alejandra Araiza Díaz conclut que les femmes sont davantage exposées dans les guerres de basse intensité. En cherchant à détruire le tissu social et en militarisant le quotidien, les forces armées mettent directement les femmes dans la ligne de mire. Ici aussi, les viols feraient parties de l’arsenal répressif60.

16Aussi, en ce qui concerne les pratiques de répression et d’affrontement politique, faudrait-il davantage réinsérer ces violences dans la durée. Même si elles n’apparaissent pas directement dans la ligne de mire, les femmes ont été régulièrement victimes en raison de leurs liens familiaux ou de leur identité collective. Au XIXe siècle, au cours des conflits internationaux, ou lors des guerres civiles encore au XXe siècle, il était fréquent de voir les femmes violées et/ou capturées avec les enfants lors des opérations. On retrouve ici des formes d’affrontement caractéristiques des conflits entre colons et Amérindiens jusque tard dans le XXe siècle, alors que l’extermination du groupe se concluait par le rapt et l’adoption d’enfants, pour en faire des petits nationaux. C’est ici vraisemblablement un des ressorts ayant fonctionné dans l’enlèvement des nouveau-nés de disparus en Argentine ; des auteurs font le rapprochement61. En effet, ce rapport au corps féminin et à la descendance semble inscrit dans les affrontements idéologiques de cette partie du monde. Dans les années 1960, le débat sur la contraception et le contrôle des naissances à l’échelle du sous-continent a été orienté sur la lutte opposant les impérialistes aux anti-impérialistes. Au Brésil, la politique de planning familial et le lancement de la contraception chimique ont correspondu chronologiquement au coup d’État des militaires d’extrême-droite. Plus généralement, associant le contexte d’affrontement des années 1960 à la promotion du contrôle des naissances dans les pays en développement impulsée par les Nations Unies, les gauches latino-américaines ont accusé les impérialistes de vouloir tuer les guérilleros in utero. Au cours de cette conjoncture, les féministes latino-américaines ont été généralement hostiles à la contraception. Les études féministes menées aujourd’hui montrent le rôle de l’exil dans la prise de connaissance des débats européens sur la libération du corps, et dans la révision de leurs positions sur la contraception62. Aujourd’hui encore, le débat au Pérou sur la politique de contrôle des naissances menée par le gouvernement Fujimori semble mobiliser des enjeux idéologiques et identitaires de genre, de classe et d’ethnie semblables à ceux des années 196063.

17L’autre versant des études sur les résistances à la dictature porte sur l’évolution du mouvement social à la suite de la transition politique des années 1980. Parmi les mouvements de dissidence féminins, certains ont été capables de développer une protestation publique, qui s’est orientée dès la dictature vers une construction politique de lutte pour les droits de l’homme et la démocratie : depuis la réclamation initiale d’informations sur le sort de leurs proches, des familles de disparus ont élargi leurs revendications à la dénonciation politique globale du régime répressif64. À partir de ces processus, les chercheurs isolent un mouvement d’engenderisation de la vie politique, c’est-à-dire, ici, un processus de politisation de la maternité et de transformation de l’identité de genre65. Ils montrent comment ces mouvements ont pu conduire à repenser le genre à l’échelle des individus et de la société, également en raison de leurs liens à l’international et de l’expérience d’exil des militant(e)s. De la protestation à la proposition, les femmes, qui ont occupé une place spécifique dans l’espace public sous la dictature, sont devenues une composante sociale devant être représentée au sein de la démocratie66. Cela étant, des formes de répression sexuée se poursuivent durant la transition démocratique67, et la violence subsiste au sein de l’appareil policier, la brutalité exercée par les « travailleurs violents » répondant aussi à une certaine culture viriliste héritée68.

18La richesse d’ensemble de ce dossier ne doit pas masquer toutes les recherches qu’il reste à accomplir à l’échelle des histoires nationales et transnationales. Développer les études comparatives à la taille du continent et des différentes périodes, stimuler les échanges entre historiens de l’Europe et Latino-américanistes demeurent des enjeux fondamentaux.

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Notes

1  Rouquié 1982 ; Silva 2001.
2  Les bandeiras, en référence au drapeau, étaient les expéditions menées depuis São Paulo à l’époque coloniale contre les tribus indigènes, la vente d’Indiens devenant la principale activité commerciale des Paulistes. Pour le Brésil, en français, Prost 2003.
3  Guérillas du Cône sud, au XIXe siècle, menées sous l’autorité d’un caudillo.
4  Dans la société latifundiaire au Nord-Est du Brésil, forme de violence armée liée aux luttes entre familles.
5  Dore 1997 ; Craske 1999 ; Fiedman 2000 ; Chant et Craske 2003 ; Gutmann 2003.
6  Viveros Vigoya 2003.
7  La Malinche (Malintzin), fille d’un cacique Nahua, a participé à l’expédition dirigée par Cortés en 1519 sur Tenochtitlán et lui servait d’interprète. Devenue sa compagne et lui ayant donné un fils, elle incarne les contradictions des origines de la nation mexicaine, et du métissage.
8  Palma 1990 ; Montecino 1991 et 1995 ; Gutmann 1996 et 2003 ; Melhuus et Stølen 1996 ; Potthast-Jutkeit 1997 ; Skidmore 1997.
9  Scheina 2003.
10  De Marco 1998 ; Doratioto 2002 ; Cuarterolo 2000.
11  Mendieta Alatorre 1961 ; Casaloda 1960-1970 ; Macías 1982 ; Soto 1977 ; Turner 1967 ; Goetze 1997 ; Pérotin-Dumon 2002 ; Poniatowska 1999.
12  Salas 1990.
13  Communément : la chiourme, mais aussi racaille, populace, troupe d’indiens en Amérique ; ici il s’agit de la cohorte des civils qui suivaient la troupe.
14  Regalado Pinedo 2002.
15  Valenzuelo de Franco Torres 1967 ; Massare de Kostianovsky 1970 ; Flores G. de Zarza 1993.
16  Potthast-Jutkeit 1996, 2001 ; Ganson de Rivas 1998.
17  Beattie 2001.
18  Autrement dit, l’exclusion des rabonas de l’armée et la suppression de leur statut.
19  Quintana 1997.
20  De la Fuente 2000.
21  Communément : homme de peine, ouvrier agricole, le sens premier étant celui qui marche à pied.
22  Communément : un monsieur, un gentleman, le sens premier étant chevalier.
23  Ludmer 2002; Fradkin 2001
24  Bicca 1983 ; Gollin 1983 ; Primio 1992 ; Zattera 1995 ; Oliven 2003.
25  Leal 1992 a et b. Or contexte militaire, sur culture de la violence et identité masculine au Brésil, voir Franco 1969.
26  Bareiro, Soto, Monte 1993 ; Martínez, Monte 1999 ; De la Fuente 2000.
27  Boidin 2004.
28  Beattie 2001 et 2003.
29  Bullick 1999.
30  Ferrándiz 2003.
31  Durán et Seoane 1997 ; Fernández Terán 2001.
32  Gill 1994.
33  Alcalá Rodríguez 1991 ; Bareiro, Soto, Monte 1993 ; Rivarola 1994 ; Martínez, Monte 1999.
34  Zabaleta 2000 ; Auyero 2001.
35  Bianchi, Sanchis 1988 ; Luna 2001 ; Molyneux 2001.
36  Arditti 1999 ; Guzman Bouvard 1994 ; Fisher 1989.
37  Feijoó et Cogna 1990 ; Fisher 1993 ; Molyneux 2000 ; Rivera Fuentes 1996 b.
38  Hollander 1996 ; Hasanbegovic 2001.
39  Diana 1996.
40  Leiner 1994 ; Forrest 1999 ; Lumsden 1996.
41  Alvarez 1990 ; Chuchryk 1989 ; Rivera-Fuentes 1996 a ; Schirmer 1993.
42  Fernández de Aponte 1997.
43  Lavaud 1999.
44  Miller 1991.
45  Mattelard 1977.
46  Martinez 1999.
47  Fisher 1989 ; Arditti 1999 ; Guzman Bouvard 1994.
48  Chuchryk 1989.
49  Pirelli 1994.
50  Matear 1997.
51  Araujo 1980 ; Murguialday 1990 ; Rovíra 1996 ; Colling 1997 ; Falquet 1996 et 1997 ; Carvalho 1998 .
52  Scheibe Wolff 2003.
53  Zapata Cesti 1966 ; Figueroa Anaya et Montoya Rojas 1995.
54  Tuyuc 1994.
55  CONADEP 1985.
56  Reszczynski, Rojas, Barcelo 1984.
57  Bunch 1993.
58  Amnesty International 1989.
59  Ejército Zapatista de Liberación Nacional (Armée zapatiste de libération nationale).
60  Araiza Díaz 2003.
61  Blaustein 1999.
62  Pedro 2003.
63  Barthélémy 2004.
64  Foweraker 1999 ; Craske 2000 ; Molyneux 1998 ; Fisher 1993 ; Feijoó et Nari 1994.
65  Craske 2000; Araiza Díaz 2003.
66  Molyneux 2000 ; Matear 1997 ; Ferreira 1996 ; Goldberg 1997.
67  Csörnyei et Palumbo 1996.
68  Huggins, Haritos-Fatouros et Zimbardo 2002.
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Pour citer cet article

Référence papier

Luc Capdevila, « Genre et armées d’Amérique latine »Clio, 20 | 2004, 147-168.

Référence électronique

Luc Capdevila, « Genre et armées d’Amérique latine »Clio [En ligne], 20 | 2004, mis en ligne le 01 janvier 2007, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/clio/1404 ; DOI : https://doi.org/10.4000/clio.1404

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Auteur

Luc Capdevila

Luc CAPDEVILA, maître de conférences d’histoire contemporaine à l’Université Rennes 2, travaille sur les sociétés en guerre (XIXe et XXe siècles) et s’intéresse notamment aux relations de genre. Actuellement, il poursuit des recherches sur l’impact de la guerre de la Triple alliance sur la société paraguayenne. Il a publié récemment Nos morts. Les sociétés occidentales face aux tués de la guerre (XIXe - XXe siècles), Paris, Payot, 2002, 282 p., en collaboration avec Danièle Voldman ; Hommes et femmes dans la France en guerre 1914-1945, Paris, Payot, 2003, 362 p., en collaboration avec François Rouquet, Fabrice Virgili, Danièle Voldman.

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