VII
DANTE ET LA MYSTIQUE
Parlant du vrai, du beau et du bien, Victor Cousin, dans un langage aujourd'hui passablement démodé, nous assure que le « mysticisme contient un scepticisme pusillanime a l'endroit de la raison, et en même temps une foi aveugle et portée jusqu'à l'oubli de toutes les conditions imposées à la nature humaine » .
Le mystique serait donc un découragé, se sauvant du désespoir par une de ces audaces téméraires, dont les timides nous donnent souvent l'exemple. Renonçant à chercher la vérité, les yeux ouverts et par les dures méthodes de l'investigation rationnelle, il prétendrait la saisir, les yeux fermés, comme on s'empare d'une chose inerte, et par le procédé commode de l'intuition ou de l'extase.
Von Hartmann a proposé du mysticisme une définition au moins aussi étrange, lorsqu'il nous a déclaré que par lui «la conscience se remplissait d'un contenu nouveau, faisant brusquement irruption des régions de l'inconscient « .
On pourrait aisément multiplier les citations de ce genre. Elles nous montreraient chez la plupart des auteurs l'existence de ce préjugé qui confond la mystique avec l'ivresse fumeuse de l'imagination, avec le délire initial d'une raison qui, perdant le contrôle, s'abandonne aux mirages.
*) Conférence donnée à l'occasion du « Cehtenario danlesco », le 24 février, à Bruxelles.
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