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Justin, Apologie pour les chrétiens

Introduction, texte critique, traduction et notes par Charles Munier. Paris, Éd. du Cerf, 2006, Sources Chrétiennes n° 507, 391 p.
Frédéric Chapot
p. 127-128
Référence(s) :

Introduction, texte critique, traduction et notes par Charles Munier. Paris, Éd. du Cerf, 2006, Sources Chrétiennes n° 507, 391 p.

Texte intégral

1Cet ouvrage vient couronner un ensemble d’études que Ch. Munier a consacrées à l’œuvre apologétique de Justin depuis plus d’une vingtaine d’années et dont on rappellera les principaux jalons : une série d’articles dans la présente Revue (60 [1986], p. 34-54 ; 61 [1987], p. 177-186 ; 62 [1988], p. 90-100 & 227-239), une monographie parue en 1994 à Fribourg (Suisse) dans la collection « Paradosis », et une première édition critique avec traduction, dans la même collection, en 1995. L’édition qui paraît dans les Sources Chrétiennes a elle-même maintenant un compagnon, un long commentaire suivi de VApologie, édité dans la collection « Patrimoines » des Éd. du Cerf (Ch. Munier, Justin martyr. Apologie pour les chrétiens, introduction, traduction et commentaire, Paris, 2006). C’est donc un ouvrage longuement mûri qui nous est offert, plusieurs fois remis sur le métier, comme pouvait le faire un Beatus Rhenanus que Ch. Munier connaît bien.

2Dans l’introduction, après une présentation de la vie et de l’œuvre de Justin, Ch. Munier défend l’unité de composition, de rédaction et de publication de VApologie pour les chrétiens, considérée comme une requête personnelle (libellus, biblidion), présentée à Rome à l’empereur Antonin le Pieux et à ses fils adoptifs en 153 ou peu après. Pour cela il rappelle brièvement (p. 22-24) l’argumentation qu’il a soutenue ailleurs, fondée notamment sur une analyse de la structure rhétorique de l’ouvrage. La question est délicate et ancienne, et le lecteur peut ne pas partager le point de vue de l’éditeur. Outre la difficulté que pose la place réservée à la narratio (en Apol. II, 2), on s’explique mal comment le texte nous a finalement été transmis sous la forme de deux apologies, qui plus est dans un ordre inversé. Pour faciliter l’utilisation de l’ouvrage, Ch. Munier a dû renoncer, à regret, à la numérotation continue des chapitres d’Apol. I et II, qu’il avait adoptée dans l’édition de 1995. La suite de l’introduction étudie de façon approfondie la structure littéraire de l’ouvrage (et ses modèles : L’Apologie de Socrate, mais aussi les traités protreptiques des philosophes, en particulier celui d’Aristote), le contexte des persécutions et la démarche apologétique, la relation que Justin établit entre le christianisme et la philosophie. Le développement sur les sources judéo-chrétiennes de L’Apologie est également bienvenu, faisant apparaître notamment la faible influence des écrits johanniques et pauliniens sur Justin.

3Ch. Munier a renoncé à reprendre l’édition de Marcovich (Berlin - New York, 1994), malgré ses mérites et pour trois raisons qu’il a exposées ailleurs : l’excès de conjectures, la tendance à harmoniser le texte biblique de Justin avec la LXX, la transposition d’Apol. II, 8 à la suite de II, 2, comme le firent d’autres éditeurs, mais de façon difficilement défendable. L’édition des Sources Chrétiennes, réalisée à nouveaux frais (celle de 1995 reprenait et corrigeait ponctuellement celle de Blunt, Cambridge, 1911) repose essentiellement sur la lecture du Parisinus gr. 450 (A), corrigé à quatre occasions par des variantes du codex Musei Britannici (B), issu directement du premier manuscrit ; le recours aux extraits rapportés par Eusèbe dans son Histoire ecclésiastique concerne principalement la lacune de A en II, 2-16. Ch. Munier a utilisé certaines conjectures de ses prédécesseurs et en a proposé seulement cinq nouvelles : I, 1,l. 2 ; 24, 2,l. 9 déjà présente dans l’édition de 1995 ; 55, 6,l. 20 ; 68, 7,l. 19, qui était suggérée dans l’apparat de 1995 ; II, 14,2,l. 10 ; 15, 1,l. 1.

4La traduction, qui est une révision de celle de 1995, a gagné en élégance et en souplesse, sans perdre de précision. Des notes, placées sous le texte et sa traduction, viennent éclairer le développement de Justin, indiquer des passages parallèles ou des sources, donner des indications bibliographiques. Quatre indices - Écritures, auteurs judaïques de langue grecque, auteurs profanes, noms propres - viennent clore cette entrée attendue et fort réussie de Justin dans la collection des Sources Chrétiennes.

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Pour citer cet article

Référence papier

Frédéric Chapot, « Justin, Apologie pour les chrétiens »Revue des sciences religieuses, 82/1 | 2008, 127-128.

Référence électronique

Frédéric Chapot, « Justin, Apologie pour les chrétiens »Revue des sciences religieuses [En ligne], 82/1 | 2008, mis en ligne le 24 octobre 2012, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/rsr/711 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rsr.711

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Auteur

Frédéric Chapot

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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