LE PLOTINISME

Le P. René Arnou a publié, il y a deux ans, une thèse sur Le désir de Dieu dans la Philosophie de Plotin '). Sous ces apparences restreintes, c'est en réalité tout un groupe de problèmes philosophiques que l'auteur présente à nos réflexions. Immanence et transcendance, dynamisme du vouloir, origine et signification du désir, valeur et sens de l'ascèse, terme dernier de la connaissance, si tout n'est pas éclairci, tout est du moins indiqué dans ces pages pourtant très sobres et très techniques. On est surpris de voir combien les questions les plus anciennes deviennent neuves, dès , qu'on les regarde autrement que d'habitude. Depuis des siècles, on répète que la connaissance est une assimilation et on aligne à ce sujet les petites formules d'Aristote. Il est rare qu'un penseur se demande franchement ce que signifie cette assimilation, ce qu'est en réalité l'être intentionnel ou le rapport de l'esprit aux choses. Et quand on pose la question, il arrive très souvent qu'on embrouille la réponse. On assure que dans un être spirituel il ne peut y avoir que deux opérations immanentes parce qu'il n'y a que deux facultés spirituelles : intelligence et volonté. Mais il faut chercher longtemps pour découvrir un auteur qui se préoccupe de nous donner le sens de cette disjonction et qui nous dise ce que signifie cette nécessité pour l'être, de connaître et de vouloir, et l'impossibilité où il est d'exercer un troisième mode d'activité, qui serait aussi essentiel.

Rien que parce qu'il force à réfléchir, le travail du P. Arnou est ' bienfaisant.

La méthode employée mérite aussi qu'on s'y arrête. Est-il exagéré de dire que le terme d'histoire de la philosophie n'est pas tout à fait clair? Qu'est-ce au juste que faire 1 histoire d'une pensée ou d'un système? La controverse fameuse, qui mit aux prises Trende- lenburg et Kuno Fischer à propos du kantisme, nous montre bien