COMPTES RENDUS

Histoire de la philosophie

Julius Guttmann, Histoire des philosophies juives. De l'époque biblique à Franz Rosenzweig, Trad, de l'anglais par Sylvie Courtine- Denamy (Bibliothèque de philosophie). Un vol. 22x14 de 581 pp. Paris, Gallimard, 1994. Prix: 220 FF.

C'est avec plaisir que l'on découvre, enfin, cette traduction de Die Philosophie des Judentums, publié en 1933, juste avant que l'Auteur quitte l'Allemagne pour l'Université Hébraïque de Jerusalem où il enseignera jusqu'à sa mort en 1950. Cette traduction reprend à l'édition anglaise une excellente et trop brève introduction de Werblowsky, un index et une très utile bibliographie.

Historien de la philosopie, Guttmann est surtout un représentant de cette «Wissenschaft des Judentums», fondée par Krochmal et Zunz dans la première moitié du dix-neuvième siècle. Une science du judaïsme qui, outre le souci d'étudier le judaïsme dans ses relations avec le monde extérieur, se caractérise par la volonté qu'elle a de participer à l'amélioration de la condition humaine.

L'ouvrage que nous avons sous les yeux représente bien l'orientation de cette école, trahie malheureusement par le titre français. Guttmann y fonde, en fait, une des écoles d'interprétation critique qui s'affrontent jusqu'à aujourd'hui, notamment dans l'interprétation de l'œuvre de Maïmonide: il n'y a pas là seulement l'intérêt historique, indéniable, d'une présentation riche et claire des différents systèmes développés par les philosophes juifs au fil des âges; il s'agit, surtout, de l'exposé d'une position bien déterminée à l'égard du problème des confrontations continues entre la philosophie et la religion. La «science du judaïsme», continuant en cela la Modernité, tente une harmonisation des vérités révélées et des vérités qu'atteint la seule lumière naturelle de la raison: tâche centrale et urgente pour des juifs croyants qui veulent s'intégrer dans la culture qui les environne. Cette compréhension de la place du judaïsme dans la culture européenne conduira bien souvent, dans le même mouvement, à réformer la loi juive.

Il est donc important de remarquer que l'Auteur s'intéresse moins aux philosophies juives qu'à la philosophie du judaïsme, ou à la façon