696 TRAVAUX DE L'ÉCOLE FRANÇAISE EN 1974 [BCH 99

ARQOS

Cette année l'activité de l'École à Argos a porté sur quatre chantiers. Une dernière campagne a été conduite par Francis Croissant à l'Aphrodision. Sur les Thermes A, Pierre Aupert, aidé de Christiane Tytgat (Université de Louvain) a pratiquement achevé le dégagement de l'ensemble du monument. Ces deux entreprises touchent à leur fin et les études menant à la publication leur succèdent. 11 est donc apparu opportun de les relayer par la fouille de l'Agora. Un programme de quatre ans a été mis sur pied, qui doit, à terme, permettre la publication des différents monuments connus sur le terrain dont on dispose. Deux membres de l'École, auxquels d'autres s'adjoindront à mesure des besoins, ont été chargés d'en commencer la réalisation : Marcel Piérart qui étudie plus particulièrement le portique et Jean-Paul Thalmann, qui s'occupe de la stratigraphie et de la céramique. Enfin, devant la menace de nouvelles constructions sur l'Aspis, Gilles Touchais, membre de l'École, a repris la fouille près du sommet, à ГЕ de la colline. Les travaux ont duré du début mai à la mi-juillet et ont employé une moyenne de trente-cinq ouvriers sous la conduite de Nikos Trikaliotis. Jean-Michel et Bernadette Sauget (Université de Strasbourg) ont participé au traitement du matériel dans le Musée. Jean Marcadé est venu étudier les nouvelles trouvailles de sculpture, Marie-Françoise Billot les terres cuites architecturales et Tony Hackens, aidé de Patrich-Marchetti, les nombreuses monnaies fournies par cette campagne. Enfin P. Charneux est venu relire quelques-unes des inscriptions du Musée.

I. Aphrodision

par Francis Croissant

Tout le terrain disponible, délimité à ГЕ et au S par la rue moderne, ayant été exploré, la fouille peut être considérée, pour l'essentiel, comme achevée.

Au SE, un sondage effectué en ВС. 34/35, de part et d'autre de Vanalemma du portique, a permis d'en préciser la chronologie. Le mur en appareil grossier dégagé en 19721 n'est en fait que la réfection hâtive et partielle d'un mur de facture relativement soignée, dont les restes ont été mis au jour immédiatement au-dessous (fig. 1 et 2). Ce premier état du soutènement n'avait d'ailleurs pas été détruit partout jusqu'au niveau de la fondation : en BA. 35/36, les assises supérieures, alignées sur la fondation découverte cette année, appartiennent évidemment à l'état primitif, la partie reconstruite se bornant à un segment d'une douzaine de mètres, situé en net retrait (env. 0,50 m) par rapport au parement du premier mur. Il est clair toutefois qu'il ne s'agit pas d'une simple réparation, puisque les éboulis du mur primitif jonchaient encore le sol correspondant (fig. 1), noyés dans un remblai sur lequel s'était établi le sol du second état : ce relèvement du niveau a eu donc lieu seulement après l'effondrement partiel de la terrasse. Seule une étude approfondie du matériel recueilli dans ces deux sols successifs permettra d'apprécier un écart chronologique qui paraît de toute façon minime, mais la date de construction du premier mur n'est pas en tout état de cause antérieure à la fin du Ier s. de notre ère. Il est donc tout à fait exclu qu'il appartienne à l'état primitif de la terrasse, dont le remblai est bien daté du dernier quart du vie s. av. J.-C. Comme la couche romaine, en avant du mur, est en contact direct avec le niveau mésohelladique, tandis que les structures de l'habitat mycénien ont été trouvées en place sous le remblai de la terrasse, on est conduit à supposer que le terrain a été profondément recreusé à l'époque impériale en contrebas de la terrasse, le sol archaïque devant être restitué à un niveau supérieur à celui de l'état romain le plus tardif, et ayant, comme le mur de soutènement contemporain du stylobate et du remblai, complètement disparu : les gros blocs utilisés ici dans la maçonnerie romaine, évidemment remployés, sont probablement tout ce qui reste de Vanalemma du vie s., la très forte proportion de tessons archaïques contenus dans la couche romaine qui recouvrait immédiatement les ruines du portique indiquant par ailleurs que la terrasse a été rechargée, au moment de la reconstruction du mur, à l'aide de déblais provenant du nivellement effectué en contrebas.

Les extrémités du portique n'ont pu être reconnues, mais en fouillant au NE au plus près de la chaussée moderne, on a pu constater que la dernière fondation de pôros dégagée en 1973 appartenait en fait à une série